COVID-19 : "L'incinération forcée de musulmans au Sri Lanka est inacceptable"
- Le fondateur du Muslim Council of Britain (MCB) qualifie de "mesure politique" l'incinération des musulmans décédés des suites de la COVID-19

London, City of
AA / Londres
L'incinération obligatoire des corps des musulmans morts de COVID-19 au Sri Lanka est "une mesure purement politique" et elle est "inacceptable", a déclaré un chef religieux de la communauté musulmane britannique.
C'est "une mesure politique qui consiste à infliger une punition collective à la communauté musulmane pour des raisons politiques", a déclaré Sir Iqbal Sacraine, le secrétaire général fondateur du plus grand organisme de coordination musulman du Royaume-Uni, le Muslim Council of Britain (MCB).
S'adressant à l'agence Anadolu, Sir Iqbal Sacraine a souligné que "la situation au Sri Lanka est assez grave".
Le gouvernement sri-lankais "a fait passer cette directive par le comité de la santé selon laquelle toute personne succombant à la COVID-19, quelle que soit son origine, devait être incinérée", a déclaré Sacraine.
"Cela va bien sûr à l'encontre du principe de la foi abrahamique qui inclut les musulmans, les chrétiens et les juifs", a-t-il déclaré, ajoutant : " Ces derniers sont tenus d’enterrer les dépouilles mortelles de leurs proches. "
Et Sacraine d’ajouter : " Cela ne s'est jamais produit dans aucune partie du monde. Le Sri Lanka est le seul pays au monde qui a imposé cette directive. Et c'est obligatoire. Jusqu'à hier, plus de 103 musulmans ont été incinérés, notamment un bébé de 20 jours dont les parents ont été testés négatifs".
Selon Sacraine, l'incinération des musulmans est "contraire aux droits fondamentaux d'un individu appartenant à une communauté".
"Elle va à l'encontre des conventions internationales des Nations unies, des conventions européennes et de toutes les conventions du monde. Le respect de la religion et des sensibilités religieuses est primordial", a-t-il ajouté.
Soulignant que la communauté musulmane du Sri Lanka a introduit un recours en justice, Sacraine a déclaré : "Après avoir eu de nombreuses réunions avec des membres du gouvernement ainsi qu'avec le Premier ministre, ils [les musulmans] n'ont pas réussi à convaincre le gouvernement que ce n'est pas juste. Cela constitue une forme d'oppression contre une communauté".
La Cour suprême a rejeté la plainte des musulmans.
Selon Sacraine, il n'y a aucune preuve scientifique que le virus puisse être transmis depuis une tombe. "Il n'y a aucune preuve médicale et scientifique pour confirmer ce qu’affirme le gouvernement. Un éminent virologue Sri Lankais a apporté des preuves qui infirment ce genre de thèses. Il est donc confirmé que cela n'a rien à voir avec la science et la santé".
"C'est une mesure à caractère strictement politique. Une punition collective infligée à la communauté musulmane pour des raisons politiques, et cela est inacceptable", a-t-il déclaré.
- Mise en place d'un groupe de travail spécial
Sacraine a déclaré que le Muslim Council of Britain (MCB) "a mis en place un groupe de travail spécial ... et si Dieu le veut, nous avons maintenant démarré une vaste campagne".
"Nous avons été en contact avec plus de 20 pays, avec différents chefs d'État, départements et ministres des affaires étrangères et ils ont tous commencé à faire pression sur le gouvernement sri-lankais pour qu'il déclare que ce comportement est injuste et illégal au regard du droit international", a-t-il déclaré.
Sacraine a indiqué qu'ils sont également en contact avec le bureau du président turc Recep Tayyip Erdogan, ajoutant : "Nous espérons qu'il aidera à mettre fin à cette pratique. Il a ajouté que le ministère britannique des affaires étrangères a également écrit à son homologue sri-lankais, exprimant son inquiétude quant à l'incinération des musulmans.
Le secrétaire général du MCB a déclaré qu'ils ont reçu jusqu'à présent le soutien de l'Afrique du Sud, du Botswana, du Malawi, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Malaisie et de l'Indonésie sur cette question. "Tous ces pays nous soutiennent maintenant. Donc, c'est une question de temps. Le bon sens l'emportera et cela prendra fin. Nous ne voulons pas que ce dangereux précédent soit établi par le Sri Lanka".
Et de poursuivre en affirmant que si le Sri Lanka persiste dans cette voie, "il y a d'autres pays qui, pour des raisons politiques et islamophobes, peuvent imposer des actions similaires".
"Nous ne devrions pas souiller les morts, nous ne devrions pas commettre des actes de sacrilège contre ceux qui meurent de la COVID-19", a-t-il souligné.
Sacraine a également qualifié d'"absurde" une déclaration de responsables sri-lankais selon laquelle les corps pourraient être utilisés comme "une arme biologique contre la population".
Il a également fait remarquer que : "Les médias internationaux devraient soulever cette question. J'espère et je prie pour que de plus en plus de personnes dans le monde protestent dignement par l'intermédiaire de commissions de haut niveau pour faire comprendre que cette injustice ne sera pas acceptée par les musulmans partout dans le monde".
*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
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