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Covid-19 : le professeur Raoult détient-il la solution ?

- Sur un échantillon de 1003 patients ayant bénéficié du traitement à L’hydroxychloroquine, seul un mort était à déplorer.

Lassaad Ben Ahmed  | 07.04.2020 - Mıse À Jour : 08.04.2020
Covid-19 : le professeur Raoult détient-il la solution ?

France

AA / France / Feiza Ben Mohammed

Depuis l’arrivée de la pandémie mortelle du nouveau coronavirus sur le sol français, tous les projecteurs ont été braqués sur un homme : le professeur Didier Raoult, notamment directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) et le traitement qu’il propose, basé sur l’utilisation de la chloroquine.

La solution préconisée par ce virologue très discret dans les médias, et tantôt décrit comme marginal, paraît pourtant très simple et consiste à associer L’hydroxychloroquine, un antipaludique classique, à un antibiotique qui agit sur les poumons, l'azithromycine, pour remédier au Covid-19.

« Une étude chinoise montre que L’hydroxychloroquine améliore le pronostic chez des patients Covid+ (symptômes modérés à sévères, réas exclues) » rappelle le professeur Raoult sur son compte Twitter, estimant que « malgré le petit nombre de cas, la différence est significative » et « montre l'efficacité de ce protocole ».

Le 29 mars, il diffusait par ailleurs sur les réseaux sociaux, les premiers chiffres des tests effectués par l’IHU Méditerranée Infection, sur des patients porteurs du virus.

Il faisait ainsi état à cette date, de 1988 patients testés positifs au sein des Hôpitaux de Marseille et de l’IHU, dont 13 décès au total, tandis qu’au sein même de l’IHU, sur un échantillon de 1003 patients ayant bénéficié du traitement à L’hydroxychloroquine, seul un mort était à déplorer.

Pour autant, et malgré les résultats encourageants de cette étude, les autorités sanitaires françaises restaient très prudentes, notamment en raison des effets secondaires sévères pouvant être engendrés sur les patients atteints de pathologies cardiaques et qui sont susceptibles d’engendrer le décès du malade.

Fin mars, un décret gouvernemental, paru au Journal Officiel français, a autorisé la prise de chloroquine dans les cas d’infection au coronavirus, mais sous conditions très strictes.

Elle ne doit s’effectuer que sous stricte surveillance, pour des patients gravement atteints, dans un établissement hospitalier, et après décision collégiale du corps médical.

« Ça ne veut pas dire qu'on ne met pas le paquet sur la chloroquine, j'ai autorisé l'usage de ce médicament dans des cas exceptionnels, j'ai fait ce que j'ai pu dans les limites qui me sont données », a tenu à marteler le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans une interview parue samedi dans le média en ligne « Brut ».

Il affirme ne pas vouloir « faire de pari sur la santé des Français » et être « allé aussi loin que » possible « à ce stade pour autoriser la prescription de la chloroquine ».

Mais bien au-delà des divergences purement médicales des spécialistes sur l’opportunité de l’usage de la chloroquine, ce débat revêt une dimension purement politique.

Depuis plusieurs semaines, en effet, on assiste à un véritable défilé de personnalités politiques, sur les plateaux de télévision, tantôt pour faire l’éloge ou pour critiquer la méthode préconisée par le professeur Raoult.

Le très médiatisé maire de Nice (sud-est) et ancien ministre, Christian Estrosi, contaminé par le Covid-19, a lui-même été pris en charge par Didier Raoult et soigné à la chloroquine, au même titre que la député marseillaise Valérie Boyer.

Dans une interview sur France 5, il a affirmé qu’après quelques jours de traitement, il se sentait « guéri ».

« On n'a pas le temps de tester sur des souris pendant six mois. À partir du moment où il y a une solution testée déjà sur un certain nombre de patients qui semble porter leurs fruits, je ne vois pas pourquoi la France se priverait », a-t-il plaidé.

Même son de cloche du côté de l’ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy, qui a publié samedi dernier une pétition réclamant la généralisation de l’usage de la chloroquine.

Ancien candidat pour la direction de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il appelle « l'État à effectuer des réserves ou des commandes L’hydroxychloroquine afin que, si l'efficacité se confirmait dans les prochains jours, nous ne soyons pas en manque de traitement ».

Son texte a déjà recueilli près de 200 mille signatures et exige de ne plus « perdre de temps » tout en mettant en garde sur « les dangers de l’automédication ».

Une prise de position publique qui a eu le don d’agacer l’actuel ministre de la Santé.

Dans son interview à « Brut », il a souhaité remettre les pendules à l’heure.

« Désolé mais ce n'est pas monsieur Douste-Blazy, qui a lui-même été ministre et qui sait très bien comment les choses se passent, qui va dicter cette décision. Je ne peux pas la prendre seul sans l'aval des sociétés savantes, sans l'aval de centaines d'experts », a-t-il tranché.

Toutefois, la chloroquine n’est pas le seul espoir de traitement contre le Covid-19. Samedi soir, en conférence de presse, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a fait état « d’essais cliniques » en cours, sur des malades porteurs du virus.

Mais en attendant les résultats, le bilan des contaminations et des décès continue de monter, 74 390 patients depuis le 1er mars, dont 8911 décès, jusqu'à lundi 6 avril.

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