Conseil Islamique d'Allemagne: L'hostilité envers les musulmans et l'islamophobie en forte hausse en Allemagne
- Burhan Kesici, président du Conseil islamique, regrette un manque de mobilisation de la classe politique contre l'islamophobie

Berlin
AA / Berlin
Le président du Conseil Islamique d’Allemagne, Burhan Kesici, s’inquiète de la montée de l’islamophobie en Allemagne et regrette le manque de lutte des politiciens contre ce dangereux phénomène.
A l’occasion du 12ème anniversaire de la mort de Marwa al-Sharbini, tuée dans une attaque raciste dans un tribunal de Dresde en Allemagne, Kesici s’est exprimé au micro de l’AA, en marge de la manifestation intitulée « Journée de lutte contre le racisme antimusulman », organisée le 1er juillet.
Le responsable du Conseil Islamique insiste d’abord sur le fait que l’islamophobie avait déjà été constatée en Allemagne bien avant le meurtre crapuleux d’Al-Sharbini. Mais les politiciens locaux ne voulaient pas voir cette réalité comme un phénomène à part, le considérant comme une autre version du racisme envers les étrangers.
"Après le meurtre de Marwa, les Allemands ont reconnu l’existence de l’islamophobie dans le pays et ont estimé que le sujet devait être débattu. C’est pourquoi ce drame représente une date essentielle que les musulmans ne doivent pas oublier", a-t-il expliqué.
Depuis, le 1er juillet a été adopté en Allemagne comme « Journée de lutte contre le racisme antimusulman ».
"C’est extrêmement important car pour la première fois l’Allemagne reconnait qu’une personne a été tuée en raison de son appartenance religieuse. Il est donc de notre rôle, en tant que musulmans, de pointer le doigt sur ce phénomène qui gagne toujours de l’ampleur."
Cependant, Kesici regrette que les musulmans allemands ne donnent pas l’importance qu’elle mérite à cette journée. "Depuis le meurtre de Marwa, l’islamophobie ne cesse de se renforcer chaque jour un peu plus. Malheureusement, les politiciens ne luttent pas suffisamment contre ce danger", a-t-il estimé.
Même si l’Allemagne a créé une commission de lutte contre l’extrême-droite, les politiciens n’y consacrent pas assez d’importance, regrette le président du Conseil Islamique d’Allemagne, affirmant même qu’à chaque incident, ils ont tendance à mettre la responsabilité sur le dos des musulmans.
Kesici a par ailleurs fait remarquer que les actes et agressions islamophobes survenues dans les autres pays récemment, en particulier au Canada, ne trouvent pas leur place dans les débats et l’actualité en Allemagne.
"Pas besoin de regarder ailleurs, il y a assez d’islamophobie et de violences antimusulmanes en Allemagne. Mais la société allemande n’en est pas consciente, malgré la hausse des attaques contre nos mosquées, nos lieux de culte et les femmes voilées", a-t-il souligné.
Selon le responsable allemand, les musulmans ne sont pas assez pris au sérieux dans son pays, estimant que si un autre groupe religieux ou ethnique était la cible de ces actes, la réponse de la société serait bien plus importante.
Même si le gouvernement "essaie de faire quelque chose", ce n’est pas un travail très sérieux, poursuit-il, mettant en avant les oppositions de certains partis et politiciens quand il s’agit de parler d’islamophobie.
Selon un rapport du Département fédéral des crimes et du ministère allemand de l’Intérieur, en 2020, les crimes antimusulmans et anti-islam ont enregistré une hausse de 8% par rapport à 2019.
En 2020, 1026 crimes antimusulmans ont été enregistrés en Allemagne, contre 950 en 2019 et 910 en 2018.
La même année, les crimes racistes ont augmenté de 19,1% (103 attaques contre des mosquées, 100 contre des églises et 24 contre des synagogues).
* Traduit du turc par Tuncay Çakmak
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.