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Congo Brazzaville: A Pointe Noire, une lueur d'espoir pour les femmes maltraitées

En deux ans, le nombre de fréquentations du principal Centre d'accueil des femmes en difficultés est passé de15 à 50 fois par mois.

Bibi Moundélé  | 22.10.2015 - Mıse À Jour : 23.10.2015
Congo Brazzaville: A Pointe Noire, une lueur d'espoir pour les femmes maltraitées

Pointe Noire

AA/Pointe Noire (Congo)/ Bibi Moundélé

Pour la troisième fois en une semaine, Espérance Loemba, une Congolaise, mère de deux enfants, se rend au Centre des femmes battues de Pointe Noire (Congo Brazzaville), avec l’espoir d’y trouver une solution à ses soucis.

Le père de ses enfants, un malien, est reparti dans son pays. Il a abandonné ses enfants et coupé tout contact avec leur mère.

Loemba n’a pas d’emploi et souhaite que le père de ses enfants les prenne en charge. En se rendant dans ce centre, elle espère recevoir une aide matérielle pour vivre et un soutien pour retrouver l’adresse du père de ses enfants.

Pour la troisième fois, on lui répond qu’il n’y a pas encore de solutions mais que des pourparlers sont en cours avec des responsables de l’Association des Maliens du Congo.

«Nous ne pouvons malheureusement pas donner d’argent aux nécessiteux. Il y en a trop et nous avons des moyens limités. Nous préférons trouver des solutions à long terme», explique à Anadolu, Mesmin Ossete, coordonnateur de ce centre.

En attendant de pouvoir trouver une place à Loemba dans un atelier de formation pour apprendre un métier, les bénévoles de l’association multiplient les pourparlers auprès des vis-à-vis maliens, afin que ceux-ci donnent le contact du concerné.

"Chaque mois, nous recevons en moyenne 50 femmes qui viennent nous exposer leurs histoires aussi diverses que douloureuses",  commente
Ossete. Son association, existe depuis cinq ans et a pour objectif d’accompagner ces personnes en difficulté.

 Le coordonnateur explique qu’au départ, le Centre avait été créé pour les femmes battues. Mais au fil des ans, il a été ouvert aux autres
femmes victimes de diverses maltraitances. «Nous recevons des femmes battues mais de plus en plus des veuves ayant été chassées du domicile conjugal par la belle-famille, des femmes abandonnées, des jeunes filles qui veulent aller à l’école tandis que leurs parents adoptifs les obligent à travailler et bien d’autres cas», explique Ossete.

Le Congo comme beaucoup de pays d'Afrique d'ailleurs, manque cruellement de centres d'accueil et de prise en charge des personnes
vulnérables, surtout les femmes et les enfants maltraités.

 Ce centre qui fonctionne grâce aux dons, fait figure de pionnier et le nombre de femmes qui y affluent chaque jour va augmentant. En deux ans, ce nombre est passé de 15 à 50 personnes par mois.

Le coordonnateur pense que cette progression inhère au fait que les femmes veulent de plus en plus améliorer leur quotidien et sortir du cycle de la violence. Le centre accompagne les victimes dans le processus de résolution des problèmes, à travers des tentatives de réconciliation, des négociations et l’imprégnation des victimes de leurs droits.

«Beaucoup de victimes très souvent ne savent même pas quels sont leurs droits», explique le coordonnateur du centre.

Grâce à l’action de ce centre d’accueil, beaucoup de femmes ont recommencé leur vie. «Après le décès de mes parents, j’ai été récupérée par ma tante qui m’a obligée d’arrêter l’école pour l’aider à vendre les tomates au marché. C’est grâce à ce centre et au bout d’un an de négociations, que ma tante a finalement consenti à me laisser reprendre des études», témoigne fièrement Irène Poaty, 19 ans.

Les témoignages de veuves qui ont pu retourner dans leurs maisons, sont également nombreux.

Le Congo a un ministère des Affaires sociales. Pourtant, les prestations fournies tournent au ralenti. Les lenteurs et les lourdeurs administratives découragent bien des victimes qui préfèrent le centre d’accueil, où elles sont reçues et bien orientées dès leur arrivée.

Il n’y a pas de statistiques officielles sur le nombre de femmes victimes de maltraitance au Congo. Toutefois, un rapport obtenu par Anadolu auprès du ministère des Affaires sociales et de la solidarité, indique qu’en 2013, au moins 47% des veuves ont été maltraitées par leur belle-famille.

Aucun chiffre sur les autres formes de maltraitance n’a été signalé, mais, d’après les bureaux délocalisés dans les arrondissements des services des affaires sociales, le nombre de plaintes pour maltraitance émanant des femmes et des jeunes filles « est en nette augmentation ».

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