AA / Ankara / Alex Sinhan Bogmis

Le tribunal correctionnel de Paris a rendu ce lundi son verdict dans l'affaire des assistants parlementaires européens : Marine Le Pen écope de cinq ans d'inéligibilité (avec exécution immédiate), quatre ans de prison dont deux ferme sous bracelet électronique, et 100 000 euros d'amende. Cette décision, qualifiée de "coup de tonnerre" par les observateurs, prive théoriquement l'ancienne présidente du Rassemblement national (RN) de toute candidature à la présidentielle de 2027, tout en provoquant une vague de réactions en France, mais également bien au-delà des frontières françaises.

- Le RN dénonce un "scandale démocratique"

Du côté du RN et de ses alliés, Jordan Bardella dénonce "l'exécution de la démocratie française" et appelle à une "mobilisation populaire et pacifique" face à un "scandale démocratique".

"Ce n’est pas seulement Marine Le Pen qui est condamnée, c’est la démocratie française qui est exécutée", a-t-il écrit.

Éric Ciotti (Les Républicains) parle de "cabale judiciaire" et s'interroge : "La France est-elle encore une démocratie ?"

Même son de cloche pour Gérault Verny (député pro-Ciotti), qui qualifie la décision de "coup d’État politico-judiciaire".

Le député RN Sébastien Chenu annonce une campagne d'affichage contre ce "scandale démocratique".

- Les réactions de la gauche française

Le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a estimé que "la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple".

LFI indique dans un communiqué "prendre acte" de la décision de justice, tout en refusant "par principe" que "le recours soit impossible pour un justiciable quel qu'il soit".

Marine Tondelier (Écologistes), pour sa part, rappelle que Marine Le Pen "doit payer sa peine comme toute justiciable", soulignant l'ironie d'une dirigeante ayant voté les lois sur l'inéligibilité.

"Quand on donne des leçons d’exemplarité, on commence par soi-même. Elle doit payer sa peine", a-t-elle écrit.

- Une mobilisation des alliés européens du RN

Parmi les premières réactions enregistrées, il y a celles de la droite européenne.

Geert Wilders, chef du PVV néerlandais, a exprimé son "choc" devant une peine "incroyablement sévère". "Je crois en elle à 100% et elle deviendra présidente", a-t-il assuré sur X.

Matteo Salvini, chef de la Ligue et vice-président du conseil italien, a dénoncé un "mauvais film" orchestré par Bruxelles, ciblant Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron, dans une déclaration où il exhorte Marine Le Pen à persister.

"En avant toute, mon amie !", a-t-il dit.

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, lui, a apporté son soutien symbolique par un "Je suis Marine" en français.

- La réaction de la Russie

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a dénoncé une "violation des normes démocratiques" dans "de plus en plus de capitales européennes", tout en niant toute ingérence. Cette prise de position intervient alors que le RN avait contracté un prêt controversé auprès d'une banque russe en 2014, alimentant les soupçons de liens privilégiés.

Pour sa part, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a qualifié, dans une déclaration à l'agence de presse russe TASS, cette condamnation "d’agonie de la démocratie libérale".

- Réactions outre-Atlantique

L’homme d’affaires américain à la tête du département de l'Efficacité gouvernementale, Elon Musk, a également réagi à la décision de la justice française. "Lorsque la gauche radicale ne peut pas gagner par le vote démocratique, elle abuse du système juridique pour emprisonner ses opposants. C’est leur manuel de jeu standard dans le monde entier", a-t-il écrit sur X.

Donald Trump Jr, le fils du président américain, a également réagi sur son compte X : "La France envoie Le Pen en prison et lui interdit de se présenter ? ! Est-ce qu’ils essaient juste de prouver que J.D. Vance avait raison sur toute la ligne ?" Il fait référence aux critiques virulentes du vice-président américain à l’encontre des démocraties européennes.