Colonisation de l'Algérie : Jean-Michel Aphatie relance le débat sur les violences françaises
- L'éditorialiste a affirmé sur RTL que la France avait commis "des centaines d’Oradour-sur-Glane" en Algérie, une déclaration qui suscite la controverse.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le journaliste français Jean-Michel Aphatie s’est retrouvé au cœur d’une nouvelle controverse ce mardi après une déclaration percutante sur la colonisation française en Algérie.
Invité sur RTL, le journaliste a affirmé que la France avait commis "des centaines d’Oradour-sur-Glane" durant cette période, faisant référence au massacre de 643 habitants par une division SS en 1944.
Face aux protestations de Florence Portelli, vice-présidente (LR) de la région Île-de-France, qui a dénoncé une analogie "indécente", et aux objections du journaliste Thomas Sotto, il a précisé : "On ne s’est pas comporté comme des nazis... Les nazis se sont comportés comme nous, nous l’avons fait en Algérie."
Si cette comparaison a immédiatement suscité des réactions, elle met en lumière des épisodes longtemps restés en marge du récit historique officiel.
- La question des violences coloniales
Les propos de l’éditorialiste renvoient notamment aux massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en mai et juin 1945. À la suite d’émeutes, la répression menée par l’armée française aurait fait plusieurs milliers de morts côté algérien.
Aphatie évoque également des événements plus anciens, notamment la conquête de l’Algérie entre 1830 et 1847. Sous les ordres du maréchal Bugeaud, des tactiques particulièrement brutales ont été employées, dont les "enfumades" : des centaines de villageois algériens, cachés dans des grottes pour échapper aux soldats français, ont été asphyxiés par des fumées déclenchées volontairement.
Cette sortie médiatique s’inscrit dans un débat plus large sur la mémoire de la colonisation et la reconnaissance des violences commises par la France en Algérie. En 2017, Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de "crime contre l’humanité", relançant une controverse similaire.
Si la déclaration de Jean-Michel Aphatie divise, elle met en lumière un sujet encore sensible dans le débat public français. La question de la reconnaissance des exactions commises en Algérie continue d’alimenter des discussions souvent passionnées, entre volonté de mémoire et refus de comparaisons jugées excessives.
- Tensions franco-algériennes
Pour rappel, le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. En plus de la reconnaissance des crimes coloniaux par la France officielle, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes. Se pose également la question des archives et de restitution des biens d’Algériens confisqués.
Les relations entre les deux pays se sont dégradées davantage, depuis l’été 2024, sur fond de reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En réaction, l’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris et le Président Algérien Abdelmadjid Tebboune a annulé un déplacement en France, prévu initialement en septembre 2024.
Plus récemment, l’affaire de l’emprisonnement de l’écrivain algéro-français, Boualem Sansal et le refoulement de migrants en situation irrégulière, dont l'influenceur algérien Doualemn, ont suscité la colère des autorités françaises qui menacent désormais de recourir au « rapport de force », selon les déclarations du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Côté algérien, Abdelmadjid Tebboune a pointé « des déclarations hostiles tous les jours de politiques français », qualifiant le dialogue avec le Président français Emmanuel Macron de « perte de temps » et mettant en garde contre « une séparation qui deviendrait irréparable ».
« Nous avions beaucoup d'espoirs de dépasser le contentieux mémoriel (...) Mais, plus rien nʼavance si ce nʼest les relations commerciales. Le dialogue politique est quasiment interrompu », a-t-il déploré.