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Colin Powell, l'homme par qui la guerre arriva (Portrait)

- Décédé lundi matin à l'âge de 84 ans, l'ancien secrétaire d'État sous George W. Bush est l'architecte de la guerre américaine en Irak

Fatma Bendhaou  | 18.10.2021 - Mıse À Jour : 19.10.2021
Colin Powell, l'homme par qui la guerre arriva (Portrait)

France

AA / Paris / Ümit Dönmez

L'ancien secrétaire d'État américain, Colin Powell, est décédé lundi matin des suites de complications liées à la Covid-19, a rapporté sa famille sur les réseaux sociaux.
"Nous tenons à remercier le personnel médical du Walter Need National Medical Center pour leurs soins dévoués", a déclaré la famille Powell dans un communiqué partagé sur Facebook, ajoutant avoir "perdu un mari, un père, un grand-père et un grand Américain remarquable et aimant".

Colin Powell qui était âgé de 84 ans, était "pleinement vacciné "contre la Covid-19, selon la déclaration de sa famille.

- Un CV bien garni

Powell avait été le premier homme de peau noire à occuper la fonction de secrétaire d'État des États-Unis (soit le ministre des Affaires étrangères) de 2001 à 2005, au cours du premier mandat présidentiel de George W. Bush, le plus haut poste occupé par un Afro-Américain avant l'accession de Barack Obama, successeur de Bush, à la Maison Blanche en janvier 2009.
Ayant été le conseiller du Président Ronald Reagan à la Sécurité nationale des États-Unis de 1987 à 1989, il avait notamment aidé à négocier un certain nombre de traités de non-prolifération avec Mikhaïl Gorbatchev, le chef de l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS).
Le Général -quatre étoiles- Powell avait également assumé le rôle de Chef d'État-Major des armées au cours des quatre années suivantes (1989-1993) : une fois de plus, une première pour un Afro-américain.
Devenu, à cette période, une figure populaire aux États-Unis, il faisait partie des potentiels candidats face au Démocrate Bill Clinton, lors des élections présidentielles de 1996.
Il s'agit, sans aucune doute, d'une carrière prolifique pour un homme d'origine afro-caribéenne modeste, né dans un quartier populaire de New-York (Harlem, Est des États-Unis), à la veille de la Seconde guerre mondiale (1937).
En 2000, alors qu'il annonçait la nomination de Powell au poste de secrétaire d'État, George W. Bush avait souligné que "le général Powell est un héros américain, un modèle américain et une grande histoire américaine".
"Dans la franchise de son discours, son intégrité imposante, son profond respect pour notre démocratie et son sens du devoir et d'honneur de soldat, Colin Powell démontre [...] des qualités qui feront de lui un grand représentant de tout le peuple de ce pays", avait déclaré le Président américain nouvellement élu.


- Le mensonge des armes de destruction massive en Irak


Au-delà d'une ascension sociale et politique réussie, Powell, ayant connu la Guerre du Vietnam (1955-1975) et ayant reçu un grand nombre d'honneurs et de décorations pour son héroïsme militaire, fait également partie, en tant que Secrétaire d'État de son pays, des architectes politiques de l'invasion américaine de l'Irak en 2003, suite aux attentats terroristes meurtriers du 11 septembre 2001 contre des points stratégiques du territoire étasunien et après le lancement de la guerre américaine en Afghanistan quelques semaines plus tard.
Connu par les milieux politiques et médiatiques pour son opposition à une guerre frontale avec l'Irak, le 5 février 2003, Colin Powell s'était néanmoins adressé à l'Assemblée générale des Nations Unies, en s'incluant dans les efforts américains visant à obtenir l'autorisation de l'ONU pour une invasion de l'Irak.
Le Secrétaire d'État américain avait évoqué le fameux motif de la présence d'armes de destruction massive dans le pays du Moyen-Orient, qui était alors sous la houlette de Saddam Hussein.
Il s'avérait quelques années plus tard que sa célèbre présentation au Conseil de sécurité de l'ONU, au cours de laquelle il tenait un flacon, contenait une image éditée par ordinateur de ce qu'il présentait comme un « laboratoire mobile d'armes biologiques », une information qui aurait été basée sur les affirmations d'un émigré irakien vivant en Allemagne ayant admis plus tard qu'elles étaient mensongères. Un autre information inexacte parvenue à Powell faisait état de la présence du groupe armé terroriste Al-Qaïda en Irak.

- Que retiendra l'Histoire ?


Interrogé par le média français « L'Obs » en 2013, lors de la parution de son livre « J'ai eu de la chance », aux Éditions Odile Jacob, Powell déclarait : "Évidemment je pensais que la CIA avait vérifié ses informations. Aussi, quand, quelques semaines plus tard, l'Agence nous a dit que l'"information" sur les laboratoires biologiques ambulants venait d'Allemagne et qu'aucun agent américain n'avait interrogé la source principale de ce canular, j'ai été stupéfait".
"Il est très dur d'oublier un tel moment, surtout quand on vous en parle chaque jour pendant dix ans ! Depuis que j'ai découvert qu'un grand nombre d'informations que l'on m'avait fournies étaient inexactes, je ne cesse de me demander : qu'aurais-je dû faire pour éviter cela ? Pour ma défense, je dirais que je n'ai eu que trois jours pour préparer cette présentation et que nous avions un très grand nombre de documents à analyser", notait l'ancien secrétaire d'État américain.
Notant que ce n'était pas un "mensonge délibéré" de sa part, Powell déclarait qu'il était convaincu de la véracité de ses propos.
"Tout le monde, le Président, les membres du gouvernement et le Congrès y croyaient. Le ¨Président m'a choisi parce que j'étais le plus crédible vis-à-vis de la communauté internationale, mais, encore une fois, je ne faisais que transmettre ce que les seize agences de renseignement disaient. Et je pense que si vous aviez été à ma place et que vous aviez vu les documents que l'on m'a présentés vous auriez cru à tout cela, vous aussi", notait Colin Powell.


"C'est une tache dans ma carrière... et ça fera toujours partie de mon passé. Ça m'a fait mal alors. Ça me fait mal maintenant", avait déclaré Powell dans une interview en 2005 avec la chaîne de télévision américaine « ABC News », en référence à ces déclarations qu'il reconnaissait être mensongères.

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