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Chute du Mur de Berlin : La folle nuit qui changea la face du monde

- Il y a 32 ans, tomba le Mur de Berlin, emblème d’un monde bipolaire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cette ouverture dans la brique et le béton changea la face du monde …

Fatma Bendhaou  | 09.11.2021 - Mıse À Jour : 09.11.2021
Chute du Mur de Berlin : La folle nuit qui changea la face du monde

Tunisia


AA/ Tunis / Fatma Ben Dhaou

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, devant les caméras du monde entier, les Allemands brisent le Mur de la honte qui divise Berlin depuis le 13 août 1961. L'un des grands symboles de la Guerre froide vient de tomber. Sa chute a été considérée comme l'un des grands symboles de l'échec du bloc de l'Est. Si la construction du « Berliner Mauer » marqua, des décennies durant, la géopolitique internationale, sa chute fera naître un nouveau monde. Plus rien ne sera jamais comme avant.


- Un contexte d’après-guerre

Pour comprendre le contexte de la construction du Mur de Berlin, il faut revenir à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L’Allemagne, alors vaincue, était occupée et divisée en quatre zones d'influence : une française, une britannique, une nord-américaine et une soviétique. Ce découpage fait suite à l’accord conclu, en février 1945 à Yalta, entre les Alliés vainqueurs.

En 1949 fut créée la République fédérale d’Allemagne (RFA), regroupant les zones d'influence américaine, britannique et française. Peu de temps après, l’Union soviétique créa la République démocratique d’Allemagne (RDA), formalisant la séparation de Berlin en deux entités distinctes. Les Allemands de l’Est commencèrent alors à émigrer massivement vers l’Ouest, où le plan Marshall renflouait les caisses de l'Etat. En dix ans, ils seront des millions à prendre cette décision. Les autorités communistes de la RDA décidèrent de réagir pour mettre fin à l’hémorragie. Et dans la nuit du 12 au 13 août 1960, la pose de grillages et de barbelés encerclant Berlin-Ouest marqua le début du processus d’édification du Mur.

Vingt-huit ans durant, le Mur de Berlin, long de plus de 160 kilomètres, haut de 3,60 mètres, incrusté de 290 miradors, et surveillé par 14 000 gardes-frontières, fut le grand symbole de la division du monde à la suite de la Deuxième Guerre mondiale. Sa chute est le résultat de l'enchevêtrement de plusieurs facteurs qui secouèrent l’arbre, jusque-là inébranlable, du communisme. Le fruit finit par tomber.


- Les prémices de l’effondrement


Réceptifs à la politique de glasnost initiée en 1986 par le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, les dirigeants hongrois ont été les premiers à ouvrir la première brèche dans « le rideau de fer ». Le 2 mai 1989, ils annoncent leur intention d'entrouvrir leur frontière avec l'Autriche.

Des centaines d'Allemands de l'Est se précipitent alors en Hongrie dans l'espoir de bientôt passer à l'Ouest. En septembre, ils sont plusieurs milliers à s'enfuir de la sorte.

En RDA, les opposants au communisme manifestent au grand jour, au grand dam du pouvoir qui commence à perdre pied. Et le 7 novembre, un million de manifestants à Berlin-Est entraînent la démission collective du gouvernement communiste.

Deux jours plus tard, Günter Schabowski, journaliste devenu porte-parole du comité central du SED, le parti communiste dirigeant de la RDA, énumère devant des médias internationaux les dernières décisions du régime, censées permettre de répondre à des mois de manifestations massives. Parmi les mesures, le gouvernement autorise les Allemands de l'Est à voyager à l'étranger « sans aucune condition particulière ». La décision devrait entrer en vigueur le lendemain à 4h du matin, mais Schabowski n’a pas lu pas le document, qu’il a entre les mains, jusqu’au bout. A un journaliste qui lui lance : "A partir de quand ?", il répond : "Autant que je sache… immédiatement, sans délai".

Le soir même, alors que l’information a été relayée par les médias, des dizaines de milliers de Berlinois affluent à la frontière et se massent près du Mur. A 23h30, au poste-frontière de Bornholmer Strasse, les gardes-frontières ne peuvent plus contenir la foule bouillonnante. C’est là que Harald Jager, lieutenant-colonel de la Stasi affecté à la police des frontières au Bornholmer Strasse, cède sous la pression. Devant l’absence de consignes de ses supérieurs, il envoie un message à ses hommes : "Ouvrez la barrière!". Dans la demi-heure qui suit, tous les autres points de passage sont ouverts et des milliers de Berlinois, à pied ou en voiture, franchissent le Mur réputé infranchissable, dans une ambiance surréaliste. La folle nuit vient de commencer.


Fin d’une époque


Loin d’être un simple détail de l’Histoire, la chute du Mur de Berlin pose, paradoxalement, la première pierre dans l’édifice du « Nouveau monde ». Cette nuit du 9 novembre 1989 marque, en effet, le commencement d’une nouvelle ère, celle du règne de l'Occident sur le monde.

"La chute du mur symbolise l'échec du bloc de l'Est. Tout le bloc communiste était en crise : la RDA (…) était sous perfusion de capitaux allemands car le système ne fonctionnait pas. Les démocraties populaires étaient dépendantes du pétrole soviétique qui arrivait très en-dessous du marché mondial", déclarait, en 2019, l’historien Pierre Rosset au micro de RTL.

S’en suivra un effet domino spectaculaire et inéluctable. La chute du Mur faisait, en effet, partie d’une recomposition de plus grande ampleur. "L'on avait l'impression que l'histoire s'accélérait", notait l’historien. Deux ans plus tard, l’URSS s’effondra, fermant, à jamais, un grand chapitre de l’Histoire contemporaine.

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