CHRONOLOGIE - Démission de la présidente de l'université de Harvard sur fond d'accusations d'antisémitisme
- "Il est désormais clair que l'intérêt de Harvard commande que je démissionne", a déclaré Claudine Gay

Texas
AA / Houston, États-Unis /Darren Lyn
La présidente de l'Université de Harvard, Claudine Gay, a démissionné, mardi, de son poste à la tête de l’institution universitaire américaine, après avoir fait l'objet d'accusations de plagiat et d'antisémitisme.
"C'est le cœur lourd mais avec un profond amour pour Harvard que je vous écris pour vous annoncer que je vais quitter mon poste de présidente", a déclaré Claudine Gay dans un communiqué, ajoutant : "Ce n'est pas une décision qui m'a été facile à prendre".
Claudine Gay est devenue la première présidente afro-américaine de Harvard en juillet dernier, mais sa carrière universitaire s'est retrouvée sous le feu des critiques le mois dernier, à la suite d'une audition du Congrès sur l'antisémitisme dans les campus universitaires.
Lors de son témoignage, Claudine Gay s'est montrée réticente à affirmer sans équivoque que les appels au génocide des juifs sur le campus de Harvard constitueraient une violation du code de conduite de l'université, ce qui a déclenché une vague de critiques l'accusant d'antisémitisme. Elle s'est par la suite excusée et a admis qu'elle n'avait pas dénoncé correctement les menaces de violence à l'encontre des étudiants juifs.
À la suite de l'audition de la Chambre des représentants, des militants conservateurs ont également mis au jour plusieurs cas de plagiat présumé dans sa thèse de doctorat de 1997, ce qui a suscité de nouveaux appels à la démission. Dans un premier temps, le conseil d'administration de l'école, la Harvard Corporation, a soutenu la présidente Gay, mais d'autres allégations de plagiat dans sa thèse ont alimenté les appels à sa démission, ce qu'elle a finalement fait deux jours seulement après le début de l'année 2024, établissant ainsi le record de la présidence la plus brève à Harvard, avec seulement six mois.
"Il est désormais clair que l'intérêt de Harvard commande que je démissionne afin que notre communauté puisse traverser cette période de défis extraordinaires en se concentrant sur l'institution plutôt que sur un individu en particulier", a déclaré Gay.
La Harvard Corporation a déclaré que cette démission s'était faite "avec une grande tristesse" et a remercié Gay pour ses services.
Voici une chronologie des six mois tumultueux de la présidente Gay à la tête de l'université de Harvard.
**Juillet :
Claudine Gay, 55 ans, devient la première présidente afro-américaine de Harvard et seulement la deuxième femme à occuper ce poste dans la plus ancienne université des États-Unis. Elle succède à Lawrence Bacow, après avoir été doyenne de la faculté des arts et des sciences de Harvard.
**Octobre :
Le premier défi de Gay survient après l'attaque surprise menée, le 7 octobre, contre Israël par le mouvement de résistance palestinien, Hamas, qui aurait fait quelque 1 200 morts israéliens, selon les autorités de Tel-Aviv.
À la suite de cet événement, une lettre signée par des dizaines d'organisations estudiantines de Harvard est publiée pour rejeter la faute sur Israël. Harvard fait l'objet de vives critiques pour ne pas avoir condamné fermement la lettre et l'attentat lui-même, et il faut plusieurs jours à Gay pour répondre aux critiques.
"Si nos étudiants ont le droit de parler en leur nom, aucun groupe d'étudiants - pas même 30 groupes d'étudiants - ne peut prétendre parler au nom de l'université de Harvard ou de ses dirigeants", déclare Gay dans une lettre datée du 10 octobre.
Ce courrier est toutefois insuffisant et arrive trop tard, car les critiques se poursuivent, accusant Claudine Gay et Harvard d'antisémitisme.
**Novembre :
Début novembre, la Harvard Corporation entame une enquête indépendante sur les allégations de plagiat dans la thèse de doctorat de 1997 de Claudine Gay, qui ont fait surface à la fin du mois d'octobre.
Les attaques contre l'université se poursuivent concernant les accusations d'antisémitisme sur le campus de Harvard, après que le bureau des droits civils du ministère américain de l'éducation a annoncé une enquête à la fin du mois de novembre. L'annonce de l'enquête intervient quelques jours avant que Gay ne doive témoigner devant le Congrès au sujet de l'antisémitisme sur les campus universitaires.
**Décembre :
Début décembre, Claudine Gay comparaît devant un comité du Congrès avec les présidents de l'université de Pennsylvanie et du Massachusetts Institute of Technology pour une audition sur l'antisémitisme dans les campus. Soumis à des questions difficiles et, selon certains, manipulatrices, aucun des trois ne condamne ouvertement l'antisémitisme sur leurs campus respectifs, s'en remettant au droit à la liberté d'expression, ce qui a poussé les critiques à réclamer leur démission.
La Chambre des représentants annonce par la suite l'ouverture d'une enquête du Congrès sur les trois établissements universitaires, concernant leur gestion de l'antisémitisme sur le campus et leurs politiques disciplinaires.
Dans une interview accordée au journal estudiantin de Harvard, Claudine Gay s'excusera plus tard pour son inaction lors de l'audition au Congrès.
"Ce que j'aurais dû avoir la présence d'esprit de faire à ce moment-là, c'est de revenir à la vérité qui me guide, à savoir que les appels à la violence contre notre communauté juive - les menaces contre nos étudiants juifs - n'ont pas leur place à Harvard et qu'ils ne resteront jamais sans réponse", a-t-elle déclaré.
Au cours du mois de décembre, la Harvard Corporation a plusieurs fois réaffirmé son soutien à Claudine Gay, alors que les allégations de plagiat faisaient l'objet d'un examen minutieux, et a annoncé que Gay mettrait à jour sa thèse afin de corriger les citations inexactes qui y figurent. Cela n'empêche pas la Chambre des représentants des États-Unis d'annoncer une nouvelle enquête sur Harvard, concernant les allégations de plagiat et la manière dont l’université les traiterait si un membre du corps enseignant ou un étudiant était accusé.
**Janvier :
La pression et les critiques atteignent leur paroxysme, ce qui conduit Claudine Gay à annoncer qu'elle démissionne de son poste de présidente de Harvard, deux jours seulement après le début de la nouvelle année.
Dans sa lettre de démission, elle déclare qu'il a été "pénible de voir le doute jeté sur mes engagements à affronter la haine et à respecter la rigueur académique - deux valeurs fondamentales de mon identité - et effrayant de faire l'objet d'attaques personnelles et de menaces alimentées par des animosités raciales".
Bien que Gay se retire de son poste de présidente, elle devrait réintégrer le corps enseignant de Harvard.
Claudine Gay est le deuxième président de l'Ivy League (groupe de huit universités privées parmi les plus anciennes et les plus prestigieuses des États-Unis) à démissionner à la suite de l'audition du Congrès. La présidente de l'université de Pennsylvanie, Liz Magill, a démissionné le 9 décembre.
Claudine Gay sera remplacée par le directeur académique de Harvard, Alan Garber, qui assurera l'intérim jusqu'à ce que l'université trouve un remplaçant.
*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
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