AA / Vienne / Salih Okuroglu

Alors que les effets du changement climatique deviennent chaque année plus perceptibles au sommet de l’Europe, la hausse des températures dans les Alpes autrichiennes affecte directement de nombreux domaines, allant des infrastructures touristiques aux sports d’hiver, de l’alpinisme à la vie naturelle.

Dans le 7ᵉ volet du dossier intitulé « Les Alpes, sommet de l’Europe », préparé par Anadolu sur le réchauffement climatique et ses effets sur le massif alpin, l’impact de l’augmentation des températures sur le tourisme dans les Alpes autrichiennes est examiné.

Destination phare de l’Europe pour les sports d’hiver, les Alpes autrichiennes attirent ces dernières années un intérêt croissant de pays comme les États-Unis et la Chine.

Très prisées en hiver pour le ski, les Alpes autrichiennes accueillent également des visiteurs durant les autres saisons pour des activités telles que l’alpinisme et la randonnée en pleine nature.

Le changement climatique perturbe l’équilibre des saisons dans les Alpes, affectant les régimes de précipitations, la couverture neigeuse, la faune et la flore ainsi que les activités touristiques.

Cette situation contraint les stations de ski à recourir de plus en plus à la neige artificielle, tandis que les fortes précipitations, les périodes prolongées de sécheresse, les glissements de terrain et les éboulements endommagent les itinéraires de randonnée et d’alpinisme.

Le responsable de la communication institutionnelle de l’Office national autrichien du tourisme, Manfred Huber, a indiqué qu’environ 20,6 millions de visiteurs devraient passer leurs vacances en Autriche au cours de cette saison hivernale.

Huber a précisé qu’environ trois quarts des pistes de ski sont aujourd’hui recouvertes de neige artificielle.

Fondé en 1862 afin de partager des informations sur les Alpes et de préserver leur beauté et leur caractère unique, le Club alpin autrichien (Alpenverein Osterreich) collecte des données depuis plus de cent ans grâce à ses bénévoles. Avec 25 000 volontaires, il assure également des infrastructures comprenant 26 000 kilomètres de sentiers et plus de 200 installations d’escalade, œuvrant pour que la nature reste accessible à tous.

La responsable du service de presse de l’Alpenverein, Anna Praxmarer, a expliqué comment le changement climatique affecte les glaciers, les ressources en eau, les sentiers de randonnée et les refuges de montagne dans les Alpes autrichiennes.

Praxmarer a indiqué que les glaciers des Alpes autrichiennes ont reculé en moyenne de 24,1 mètres durant la période 2023-2024, soulignant que « une année exceptionnellement chaude, avec des températures supérieures de 1,9 degré Celsius à la moyenne et des conditions de sécheresse, a conduit à la troisième plus forte valeur de recul enregistrée en 134 ans d’observation des glaciers ».

Elle a également attiré l’attention sur l’augmentation de la sécheresse dans les Alpes, notant que celle-ci complique l’exploitation des refuges de montagne construits par l’association, ce qui a un impact négatif sur le tourisme.

Praxmarer a souligné que la hausse des températures entraîne également une pénurie d’eau, forçant la fermeture de certains refuges et rendant nécessaires des modifications structurelles et l’introduction de nouvelles technologies pour leur maintien en activité.

- « L’alpinisme devient de plus en plus dangereux »

Les sentiers de randonnée et les refuges de montagne constituent une véritable vitrine de l’Autriche, a rappelé Praxmarer, ajoutant que « l’alpinisme devient de plus en plus dangereux, ce qui représente un problème majeur pour le tourisme et pour toutes les personnes présentes en montagne. Là où les glaciers recouvraient autrefois les terrains alpins et les vallées, on trouve désormais des sols instables, de la boue et des roches meubles ».

Elle a également indiqué qu’un nombre croissant de sentiers est endommagé en raison des fortes précipitations.

- « Nous savons que les Alpes se réchauffent deux fois plus vite que la moyenne mondiale »

Concernant l’impact du réchauffement climatique, Praxmarer a déclaré : « Nous savons que les Alpes se réchauffent à un rythme deux fois supérieur à la moyenne mondiale. »

Elle a expliqué que l’augmentation des températures modifie les régimes de précipitations : si celles-ci tendent à augmenter durant les saisons froides, elles tombent de plus en plus sous forme de pluie plutôt que de neige.

En été, une baisse générale des précipitations est observée, tandis que les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les pluies torrentielles et les sécheresses deviennent plus fréquents.

Cette évolution affecte également la faune alpine, a souligné Praxmarer : « Certaines espèces, comme le lièvre variable ou le lagopède alpin, développent en hiver un pelage ou un plumage blanc pour se camoufler sur la neige. En l’absence de neige, cet effet de camouflage disparaît. Ce n’est là qu’un exemple parmi tant d’autres que nous pouvons observer. »

Elle a insisté sur le fait que la crise climatique est déjà une réalité dans les Alpes, précisant que la hausse des températures ne modifie pas seulement les paysages, mais aussi la manière dont les êtres humains évoluent dans ces environnements.

- « Les sentiers de randonnée sont inondés »

Praxmarer a indiqué que la prévisibilité des sports d’hiver a profondément changé, notant que la neige se fait de plus en plus rare à basse altitude, ce qui modifie la saison touristique et rend les conditions imprévisibles, nécessitant davantage de vigilance et d’expérience.

Soulignant que les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus fréquents et plus violents, elle a déclaré :

« Les sentiers de randonnée sont inondés, les refuges de montagne souffrent du manque d’eau, les alpages et les zones habitées sont sous pression. De nombreux écosystèmes sont gravement touchés. La crise climatique frappe les Alpes. La disparition d’une grande partie des glaciers autrichiens au cours des 40 à 50 prochaines années est désormais presque inévitable. »

*Traduit de l'anglais par Wafae El Baghouani