AA / Montréal / Hatem Kattou

Andrew Scheer, chef du parti conservateur canadien, a souligné, vendredi, que le Premier ministre Justin Trudeau doit partir « pour le bien du pays », sur fond de l’affaire de conflit d’intérêts dans laquelle le chef des Libéraux est impliqué.

C’est ce qui ressort d’une conférence de presse animée, vendredi en fin de matinée, par le chef démissionnaire de la principale formation de l’opposition.

Le leader des Conservateurs a appelé les parlementaires du Parti Libéral à « montrer la porte de sortie à Trudeau », ajoutant que « Le Premier ministre, tout comme son ministre des Finances, Bill Morneau, doivent démissionner en raison de la façon dont ils ont géré ce dossier ».

La mère et le frère de Justin Trudeau ont reçu de l’organisation caritative « UNIS » la somme de 300 mille dollars pour des interventions au cours de réceptions et manifestations tenues par UNIS.

La même organisation a bénéficié, sans appel d’offres, d’un contrat, d’une valeur de 900 millions de dollars, de la part du gouvernement fédéral pour gérer des bourses à des étudiants faisant du bénévolat.

Outre les proches de Trudeau, le ministre des Finances, Bill Morneau a deux filles qui ont des liens avec UNIS.
« Nous avons une situation où le premier ministre a choisi d’utiliser la pandémie pour briser les lois, pour briser les règles, pour donner un contrat à ses amis », a renchéri Scheer.

Tirant à boulets rouges contre Trudeau, il a ajouté : « C’est la sorte de Premier ministre que nous avons en ce moment, et nous avons besoin d’un Premier ministre qui respecte les règles, qui ne veut pas profiter politiquement d’une crise».

« C’est précisément la raison pour laquelle ces deux personnes doivent faire la bonne chose, et partir pour le bien du pays », a-t-il indiqué.

Scheer a tenu à préciser qu’il « ne demande pas directement à Trudeau de démissionner », mais qu’il s’adresse aux députés du Parti Libéral.

« Si les libéraux refusent d’agir, s’ils restent sans rien faire, ils approuvent implicitement cette conduite corrompue, ils sont aussi coupables que Justin Trudeau », a-t-il lancé.

Et le chef de l’opposition de s’interroger : « Les députés libéraux ont un choix à faire : sont-ils prêts à sacrifier leur intégrité pour protéger un dirigeant qui fait l'objet d'une enquête ou vont-ils exiger que Trudeau parte? »

Scheer a tenu à rappeler qu’il avait déjà demandé la démission de Trudeau, en 2019, à l’occasion de l’affaire SNC-Lavalin (pressions exercées sur la justice au cours d’une affaire de corruption).

« Je n’ai jamais changé mon opinion. Je crois que Justin Trudeau ne mérite pas d’être premier ministre de ce pays », a conclu le chef du Parti conservateur.

Notons que le « Bloc québécois » (deuxième formation de l’opposition) a également réclamé le départ de Trudeau, pour céder sa place à la vice-première ministre, Chrystia Freeland.

Rappelons que les Conservateurs avaient exigé, en début de la présente semaine, le départ du ministre des Finances, Bill Morneau, qui a reconnu avoir effectué deux voyages, en 2017, aux frais d’UNIS. Après avoir présenté ses excuses, le premier argentier du pays a remboursé la somme de 41 mille dollars, qui équivaut aux frais des voyages.

Quant à Trudeau, il avait reconnu, la semaine écoulée, plusieurs jours après l’éclatement de l’affaire, qu’il « aurait dû se récuser de la décision du Cabinet d'accorder un contrat à UNIS », acceptant, dans la foulée, de témoigner devant un comité parlementaire.