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Bruxelles : des milliers de manifestants réclament des sanctions contre Israël pour "génocide à Gaza"

– Plus de 75 000 personnes vêtues de rouge défilent dans la capitale belge pour dénoncer "l’inaction et l’hypocrisie" des gouvernements européens

Melike Pala  | 16.06.2025 - Mıse À Jour : 16.06.2025
Bruxelles : des milliers de manifestants réclament des sanctions contre Israël pour "génocide à Gaza"

Brussels Hoofdstedelijk Gewest

AA / Bruxelles / Melike Pala

Plus de 75 000 personnes ont défilé, dimanche, dans les rues de Bruxelles, habillées en rouge pour symboliser une « ligne rouge » franchie par Israël dans ses actes qualifiés de génocidaires à Gaza.

La mobilisation a été soutenue par un large éventail d’organisations : collectifs citoyens, syndicats, associations de jeunesse, centres culturels et organisations de solidarité, rassemblant des participants venus de toute la Belgique.

D’après la police de Bruxelles, plus de 75 000 manifestants étaient présents, un chiffre largement supérieur aux estimations initiales de la plateforme belge "11.11.11", engagée pour la solidarité internationale.

Interrogés par Anadolu, de nombreux manifestants ont exprimé une revendication claire : des sanctions doivent être prises contre Israël, car une ligne rouge a été franchie.

Kenny Van Minsel, organisateur de l’événement pour "11.11.11", a appelé les décideurs européens à changer de cap.

« Aujourd’hui, nous sommes des dizaines de milliers, avec plus de 150 organisations de la société civile, à exiger un changement. Cela fait 20 mois qu’un génocide est diffusé en direct sur nos écrans, et nous refusons d’y rester indifférents », a-t-il déclaré.

Il a fustigé l’inaction des responsables politiques face à la gravité de la situation.

« Il y a trop peu d’actions politiques. Aucune mesure concrète n’est prise », a-t-il déploré.

Van Minsel a réclamé des mesures « spécifiques » de la part des gouvernements et institutions européennes, notamment des sanctions contre les membres du gouvernement israélien, en particulier son aile d’extrême droite, ainsi que la mise en œuvre immédiate d’un embargo sur les armes.


- Appels à la justice et à la liberté

Parmi les participants, Grace Shuqha, une femme d’origine palestinienne, a dénoncé ce qu’elle qualifie d’« hypocrisie européenne ».

« Je suis à moitié palestinienne. Je suis ici pour soutenir mon peuple et pour espérer qu’un jour, il puisse enfin accéder à la liberté », a-t-elle confié.

Elle a appelé les responsables européens à « cesser leur hypocrisie, à tenir bon et à se placer du bon côté de l’Histoire ».

La manifestation reflète une critique croissante émanant des organisations de la société civile en Belgique et dans d’autres pays européens, face au silence et à l’inaction de leurs gouvernements dans le contexte de la crise humanitaire à Gaza.

Les manifestants accusent l’Union européenne et ses États membres de ne pas traduire leurs déclarations de principe en actions concrètes.

« Ce qu’Israël fait aux habitants de Gaza et de la Cisjordanie est terrible et cela doit cesser immédiatement », a déclaré Ragna Vranken. « Je pense que le gouvernement belge, mais aussi l’Union européenne, doivent prendre des sanctions contre Israël. »

Maroye Veronique, également présente, a lancé un message clair aux responsables politiques belges.

« Je n’accepte plus ce qui se passe. Et c’est aussi un message pour nos dirigeants : stop. Le peuple réclame une chose, et vous refusez de l’écouter. Ce n’est plus acceptable. »

Venue avec sa mère, Taro Rutten, une fillette de 10 ans, a tenu à faire entendre sa voix : « Il faut arrêter la guerre à Gaza. Il faut punir Israël. On est là pour dire que la ligne rouge est franchie. »


- Une pression croissante sur l’Europe

Alors que le nombre de morts à Gaza ne cesse d’augmenter et que les témoignages de civils privés de nourriture, d’eau et d’électricité se multiplient, les appels à une réévaluation des relations entre l’Europe et Israël se font de plus en plus pressants. De nombreuses voix réclament l’adoption de sanctions pour faire pression en faveur d’un cessez-le-feu.

Les gouvernements européens et l’Union européenne sont accusés d'observer un "deux poids deux mesures" et de ne pas adopter de position ferme face aux actions israéliennes à Gaza.

L’Accord d’association UE-Israël, en vigueur depuis 2000, encadre la coopération politique, économique et sectorielle entre les deux parties. Il comprend une clause relative aux droits humains – l’article 2 – exigeant le respect de la dignité humaine et des droits fondamentaux comme un pilier de cette relation.

Des défenseurs des droits humains, des organisations de la société civile et certains parlementaires européens affirment que la faiblesse de la réponse européenne face aux violations du droit international humanitaire par Israël révèle un parti pris de longue date dans sa politique. Cette incohérence, soulignent-ils, affaiblit la crédibilité des engagements de l’UE en matière de droits humains.

Plusieurs États membres, dont l’Irlande, l’Espagne et la Belgique, appellent à une révision formelle voire une suspension temporaire de l’accord, estimant qu’il pourrait constituer un levier efficace pour pousser Israël à respecter ses obligations internationales et à s’engager à respecter un cessez-le-feu.

La Commission européenne et la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas, font face à une pression croissante pour activer la clause des droits humains.

Cependant, des divergences persistent au sein des 27 membres de l’Union. L’Allemagne, la Hongrie et l’Italie s’opposent à toute mesure punitive contre Israël, arguant que le dialogue doit être privilégié.


* Traduit de l'anglais par Adama Bamba

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