Bombardements à Gaza : Une députée française dénonce le "suivisme" de la France vis-à-vis des États-Unis
- La députée Elsa Faucillon, interrogée par AA, a estimé que la France "est restée beaucoup trop silencieuse pendant de nombreuses années sur ce qui se passe en Palestine"

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
La députée communiste (GDR) Elsa Faucillon a dénoncé le suivisme de la France vis-à-vis des États-Unis concernant le conflit au Proche-Orient.
Interrogée ce mardi par Anadolu (AA), l'élue des Hauts-de-Seine, qui participe régulièrement aux manifestations de soutien à la Palestine et pour appeler à un cessez-le-feu immédiat entre les forces armées israéliennes et les factions palestiniennes, a rappelé la situation humanitaire d'une "gravité terrible" dans la Bande de Gaza.
Bombardements à #Gaza : Une députée #française dénonce le "suivisme" de la France vis-à-vis des États-Unis
— Anadolu Français (@aa_french) December 7, 2023
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- Le silence de la France
En réponse à la question d'AA sur la position de la France concernant le conflit au Proche-Orient, Elsa Faucillon a estimé que "la voix de la France a du mal à se faire entendre parce qu'elle est restée beaucoup trop silencieuse pendant de nombreuses années sur ce qui se passe en Palestine et qu'aujourd'hui sa voix pour demander un cessez-le-feu, est soit souvent contredite par elle-même, soit trop faible pour être entendue", l'élue de gauche faisant notamment allusion aux revirements de l'Exécutif français sur le conflit Israël-Hamas, notamment les appels à "une trêve humanitaire" à Gaza "pour parvenir à un cessez-le-feu", suivis de déclarations de "soutien total" à Israël dans la "lutte contre le terrorisme" du Hamas.
Pour rappel, le 24 octobre dernier, en visite en Israël dans le cadre d'une tournée au Proche-Orient, le Président français, Emmanuel Macron, avait proposé la mise en place d'une "coalition" internationale pour "lutter" contre le Hamas, à travers l'élargissement des objectifs et du front de la coalition internationale qui combat l'organisation terroriste Daech.
L'Élysée avait ensuite tenu à apporter des "précisions" sur les propos du chef d'État français. "Il s’agit de s’inspirer de la coalition internationale contre Daech et voir quels aspects sont réplicables contre le Hamas", avait expliqué la Présidence française en rappelant que "la coalition internationale contre Daech ne se limite pas à des opérations sur le terrain, mais implique aussi des formations des forces irakiennes, le partage d’informations entre partenaires, la lutte contre le financement du terrorisme".
- Situation humanitaire à Gaza
Au micro d'Anadolu, Elsa Faucillon a d'autant plus regretté le "silence" de la France "que ce qui se passe actuellement, à Gaza, est d'une gravité terrible.
"Et tous ceux et celles qui peuvent voir de leurs yeux ce qui s'y passe le disent, le crient. Et j'ai l'impression que la France reste non seulement trop silencieuse, mais aussi trop sourde à ce qui se passe là-bas", a déclaré la députée communiste.
Pour rappel, le Haut-Commissaire des Nations unies aux Droits de l'Homme, Volker Türk, a souligné, ce mercredi, que la communauté internationale devrait insister sur un "cessez-le-feu immédiat", à Gaza.
Évoquant la situation humanitaire dans la Bande de Gaza, qui souffre du blocus et des bombardements israéliens, le responsable onusien est également revenu sur les difficultés que vivent les civils gazaouis, appelant la communauté internationale à réagir d'une seule voix pour un "cessez-le-feu immédiat" dans l'enclave palestinienne qui demeure sous blocus israélien depuis de nombreuses années.
Depuis le 7 octobre dernier, l'armée israélienne mène une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, qui a fait au moins 16 248 morts, dont 7 112 enfants et 4 885 femmes, outre 43 616 blessés, et des destructions massives d'infrastructures entrainant une "catastrophe humanitaire" sans précédent, selon des sources officielles palestiniennes et onusiennes.
- "Suivisme" de la France
Anadolu a par ailleurs demandé à l'élu des explications à l'élue des Hauts-de-Seine sur cette faiblesse qu'elle décrit vis-à-vis de la voix française dans l'arène internationale.
"Je constate que beaucoup de gouvernements et de gouvernants occidentaux, aujourd'hui et depuis un certain nombre d'années, se taisent devant le non-respect permanent du droit international, laissent aussi une impunité très forte à Israël devant la colonisation, qui n'est pas que le fait depuis le 7 octobre, qui s'étend depuis des décennies, et qu'il y a divers intérêts qui animent la France pour cela, beaucoup d'intérêts économiques qui sont liés avec de nombreux pays dans le monde, des choix diplomatiques qui sont, à mon avis, plus drivés par le commerce que par le respect du droit international", a-t-elle estimé.
Et la députée de poursuivre : "Mais il y a de multiples intérêts, je crois. Ce n'est pas forcément directement avec Tel Aviv, c'est parfois avec d'autres pays soutiens à Israël notamment, une forme de suivisme de la politique américaine.
"Et ça, on le retrouve assez souvent dans les choix diplomatiques. Encore faudrait-il dire qu'il y ait des choix diplomatiques. Parce qu'en réalité, c'est un peu dur de savoir quels sont réellement les choix diplomatiques de la France, mais en tout cas, ils ne sont pas toujours drivés par le droit international", a conclu Elsa Faucillon.