Bloomberg : La visite du sultan d'Oman est un indice sur le changement d'alliances de Riyad (Analyse)
- La visite a été concomitante avec l'ouverture du premier point de passage terrestre reliant l'Arabie Saoudite au sultanat d'Oman, qui s'emploie à diversifier ses circuits commerciaux
Oman
AA / Abdeljabbar Abouras
La visite du sultan d'Oman en Arabie Saoudite, la première d'un chef d'Etat omanais à Ryad depuis plus d'une décennie, a braqué les projecteurs sur la possibilité que ce déplacement représente un indice sur le changement d’alliances de Riyad dans la région du Golfe, selon l'agence américaine Bloomberg.
Il est notoire que cette visite intervient, à un moment où l’on assiste à une recrudescence des tensions entre l'Arabie Saoudite et son allié régional, les Emirats, sur fond de plusieurs questions, s’agissant essentiellement des différends portant sur la politique pétrolière d’OPEP + et sur la rivalité régionale aux plans économique et politique.
Dans un rapport élaboré par Bloomberg, l’Agence a considéré la visite du sultan d'Oman en Arabie Saoudite, dimanche et lundi derniers, comme étant un indice sur le changement des alliances du Royaume dans la région du Golfe, d’autant plus que Riyad a amorcé des contacts avec des pays, tels que le sultanat d'Oman, qui disposent de relation plus ou moins étroites avec son concurrent régional, en l'occurrence l'Iran.
Soulignant l'importance que revêt la visite du sultan d'Oman, Bloomberg a évoqué le cérémonial exceptionnel et le protocole programmés pour l'accueil de Haïtham ben Tariq au Royaume, relevant que les gratte-ciels dans la capitale saoudienne, Riyad, ont été illuminés des couleurs du drapeau omanais, le rouge et le vert, à l’occasion de la visite.
La visite du sultan omanais, d'une journée, a été concomitante avec l'ouverture du premier point de passage terrestre reliant les deux pays, à travers lequel Oman s'emploie à diversifier ses circuits et canaux commerciaux.
Le roi saoudien, Salman Ibn Abdulaziz, et le sultan d’Oman, Haitham Ben Tariq, ont assisté, dimanche, à une cérémonie de signature d'un mémorandum d'entente portant création d'un Conseil de coordination bilatéral.
Le Conseil des ministres saoudien a délégué, également, aux responsables l'élaboration et la signature des projets d'accords et de conventions avec le sultanat d’Oman dans plusieurs secteurs, notamment ceux de la culture, du commerce, de la poste, du transport et des investissements.
Bloomberg a rapporté, citant Ayhem Kamel, directeur du département du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord au cabinet-conseil « Eurasia Group » spécialisé en risques politiques, son commentaire au sujet des développements enregistrés par les relations entre Riyad et Mascate.
Kamel a indiqué qu'un « grand travail de sape a été abattu dans les coulisses, dans une tentative de jeter les bases d'un projet solide entre Saoudiens et Omanais ».
Riyad considère le sultan Haitham Bin Tariq comme étant « plus proche de l'Arabie Saoudite, en matière d’affaires inhérentes à la région du Golfe », a ajouté Kamel.
L’agence américaine relève que la visite du sultan omanais au royaume saoudien est concomitante à la recrudescence des tensions entre Riyad et Abu Dhabi, sur fond de divergences des points de vue, au niveau de la politique pétrolière et des visions géostratégiques ainsi que de la compétition économique.
Commentant cela, Kamel a souligné que le « prince-héritier saoudien, l'émir Mohamed Ben Salmane considère les affaires régionales de manière différente, étant plus intéressé par l’établissement de relations multidimensionnelles qui s'articulent autour du Conseil de coopération du Golfe et qui seraient fondées sur un réseau d'alliances plus large, ne comptant pas uniquement sur un allié, qui fût traditionnellement, les Emirats ».
Alors que l'Arabie Saoudite poursuit les discussions de réconciliation avec le Qatar de manière soutenue, une fébrilité caractérise les relations entre Doha et Abou Dhabi, concernant le même dossier.
Doha a annoncé, dans ce cadre, lundi, la tenue du quatrième round du Comité de suivi qataro-saoudien au siège du ministère qatari des Affaires étrangères.
Les relations entre le sultanat d'Oman et l'Arabie Saoudite ont, de tout temps, été, malgré les frontières terrestres que partagent les deux pays, empreintes de coups de froid à répétition.
Les responsables saoudiens étaient méfiants à l’endroit des relations amicales tissées entre le sultanat d'Oman et l'Iran, alors que Mascate a toujours été soucieux d'adopter le principe de neutralité prudente dans une région fragilisée.
La disparition du sultan Qabus Ibn Said, en 2019, qui a gouverné le pays cinq décennies durant, a ouvert la voie à un changement dans la politique du Sultanat.
Le journal d'expression anglaise « The Times of Oman » a rapporté, samedi dernier, que les relations entre le Sultanat et l'Arabie Saoudite « s'orientent vers de nouveaux paliers après dimanche, présageant d'une nouvelle ère de coopération élargie et de prospérité ».
La visite du sultan d’Oman est la première effectuée par un chef d'Etat omanais au royaume, depuis 11 ans, après celle effectuée, le 29 mai 2010, du sultan disparu, Qabus Ibn Said.
Il convient de noter que le volume des échanges commerciaux entre le royaume saoudien et le sultanat d'Oman a atteint, en 2020, les 3,36 milliards de dollars, tandis que le volume des exportations saoudiennes (hors-hydrocarbures) à destination du sultanat d'Oman a avoisiné les 1,16 milliard de dollars, selon l'agence de presse saoudienne (SPA, officiel).
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