Bishr Al-Dhénibet…Un jeune Jordanien sauve le safran de Moab de l'extinction (Success story)
- Bishr a lancé son aventure dans la province d'Al-Karak, située dans le sud du Royaume hachémite, et cette aventure est une success story devenue un modèle aussi bien dans son pays que dans le monde.

Jordan
AA / Al-Karak (Jordanie) / Leith Al-Jouneidi
La plante du safran fait partie de la famille des iris, et ses types diffèrent selon les lieux de sa culture et de croissance, mais le safran de Moab est rare et sa présence se limite à la Jordanie et à la Palestine.
Le safran de Moab est considéré comme l'une des espèces menacées d'extinction, mais le hasard a fait que le jeune Jordanien, Bishr al-Dhénibet, devienne un protecteur de cette variété, dans l’objectif de faire de son pays un pays exportateur de ce produit.
Bishr a lancé son aventure dans la province d'Al-Karak, située dans le sud du Royaume hachémite, et cette aventure est une success story devenue un modèle aussi bien dans son pays que dans le monde.
Le correspondant de AA est allé à la rencontre de Bishr dans la ferme du safran de Moab établie sur un terrain d’une superficie de quatre mille mètres carrés, et qui contient 40 000 bulbes de cette plante rare.
-Sauvetage d’une extinction annoncée
Etudiant en histoire à l’université de Mu'tah, Bishr (27 ans) a été amené, à travers une excursion avec ses amis, effectuée il y a de cela quelques années, à élaborer son idée, qui a abouti à la création d'une ferme de safran moabite.
Bishr a déclaré à Anadolu : « J'étais en excursion avec mes amis il y a 4 ans, et j'ai trouvé une fleur distinctive sur le flanc d'une montagne. Je l'ai cueillie et je l'ai ramenée chez moi ».
Il a indiqué, à ce propos, qu’après avoir « consulté internet et demandé à quelques connaisseurs, il s'est avéré qu'il s'agit d'un type de safran appelé safran de Moab, qui est une espèce menacée de disparition, selon la liste rouge publiée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) ».
« Ces informations ont constitué une grande motivation pour moi. J'ai décidé donc de retourner, le surlendemain, dans la même région et j'ai pu collecter 700 bulbes de safran, et j'ai commencé le processus de prolifération des bulbes dans la cour de notre maison », a-t-il raconté.
« Quatre ans plus tard, le nombre des bulbes s’est élevé à 40 000 bulbes de safran, ce qui est un grand nombre pour une espèce menacée d'extinction. Ainsi, nous avons créé à Al-Karak la première ferme de safran moabite au monde, d'après ce que m'a confirmé le Centre de recherches agronomiques du ministère de l'Agriculture », a-t-il poursuivi.
Bishr a ajouté : « Chaque bulbe génère sept bulbes en moyenne tous les trois ans, et j’opte pour un système d’irrigation goutte à goutte sans recourir à des produits chimiques, mais uniquement à des engrais organiques naturels ».
« Le safran fait partie de la famille des iris et sa croissance est favorisée par le climat froid. Ainsi, le pic de la croissance se situe au mois de décembre », a-t-il expliqué.
Il a, cependant, relevé que « cela ne signifie pas que la croissance se limite à ce mois-ci, car il y a d'autres mois au cours desquels les fleurs de safran poussent, et c’est généralement durant le dernier trimestre de chaque année ».
- Mode de la cueillette
Pour ce qui est du mécanisme de la cueillette, Bishr a déclaré : « L’opération se fait manuellement en cueillant la fleur, puis nous la ramenons à la maison pour séparer les pétales des stigmates, et ce dernier est ce qui nous concerne le plus dans notre production, et le reste de la fleur a d'autres usages et participe à la fabrication de matières aromatiques ».
« Il y a ceux qui recourent à de mauvaises méthodes pour sécher les stigmates dans des endroits ouverts ce qui leur fait perdre une partie des huiles », a-t-il expliqué, avant d’ajouter qu’ils « les sèchent dans un four à une température de 60 degrés pendant deux heures. Le safran est ensuite emballé dans des récipients prévus à cet effet ».
« L’emballage se fait par grammes et le prix d'un gramme varie de 10 dinars jordaniens (14 USD) à 15 dinars (21 dollars) », a-t-il précisé.
Notre interlocuteur a indiqué qu’il s’attend pour l’année prochaine que « la ferme produise un kilogramme, dont le prix sera compris entre 10 mille dinars (14 mille USD) et 15 mille dinars (21 mille USD).
Et Bishr de poursuivre : « Certains pensent que la quantité est petite, mais elle est trop importante pour ce genre de produit ».
- Intérêt officiel
Le jeune Jordanien a affirmé que « le projet a suscité beaucoup d'intérêt au niveau local, aussi bien sur le plan populaire qu’officiel. En témoigne, la visite du ministre de l'Agriculture, Khaled Hanifet, à la ferme pour en prendre connaissance et fournir un possible appui ».
« Le ministre a ordonné l'attribution un terrain parmi ceux appartenant au ministère de l'Agriculture pour développer le projet, affirmant que cette idée n'est point conventionnelle. Il a également demandé aux experts de multiplier la culture de cette plante », a poursuivi Bishr.
L’initiateur du projet a estimé que sa ferme « s’est transformée en un projet de production de ce type de safran, en plus de constituer une réserve naturelle pour cette variété pour en éviter l'extinction et la disparition ».
Il a, également, formulé l’espoir d’obtenir un soutien permanent au projet, notant que « le palier de la demande en Jordanie est assez faible, car il n'y a pas de culture de consommation de safran dans le royaume ».
Il a tenu à souligner que « nombre de gens n'ont pas une connaissance suffisante des bienfaits du safran et des modalités de son utilisation et ils pensent que le safran à bas prix que l'on trouve dans certains marchés est la plante d'origine, alors que ce n’est pas le cas ».
Selon les publications du Jardin botanique royal de Jordanie (créé en 2005), le safran de Moab est une plante endémique du Royaume, qui pousse dans les zones marginales et dans le désert. Il fait partie des plantes menacées d'extinction en raison du pâturage et de l'expansion urbaine.
Le safran est considéré comme l'une des épices les plus chères au monde, en raison de la difficulté des étapes de sa récolte et de sa cueillette ainsi que des faibles quantités produites par chaque fleur.
*Traduit de l'arabe par Hatem Kattou
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