Berlusconi ... Une carrière en dents de scie, une fortune colossale et une trentaine de procès (Portrait)
- "Il Cavaliere" est décédé ce lundi à l'âge de 86 ans.

France
AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
Ce lundi a été marqué par la disparition, à l’âge de 86 ans, de celui qui a marqué l’Italie et les esprits au-delà des frontières, Silvio Berlusconi.
Atteint d’une leucémie et déjà très affaibli depuis sa contamination par la Covid-19 en septembre 2020, l’ancien homme fort de la droit italienne, s’est éteint à l’hôpital San Raffaele de Milan, sa ville natale.
Magnat des médias, homme le plus riche d’Italie, propriétaire du Milan AC, ou encore homme politique, il a eu de multiples casquettes durant son parcours, parfois marqué de scandales.
- Carrière politique :
C’est en janvier 1994, avec la création du parti de droite « Forza Italia » que Berlusconi met son pied à l’étrier pour lancer une carrière politique à la longévité exceptionnelle.
Elu député en avril 1994, il est très vite nommé à la tête du conseil italien après que sa formation politique, à laquelle se sont ralliés plusieurs partis, dont la Ligue du Nord, a obtenu la majorité absolue au Sénat et au sein de la chambre des députés.
Mais Berlusconi essuie un premier échec plusieurs mois plus tard avec le retrait, de la Ligue du Nord de l’alliance de la majorité, provoquant sa démission dès le mois de décembre après seulement 8 mois passés à la tête du gouvernement italien.
Il faudra alors attendre juin 2001 pour qu’il soit à nouveau nommé à la présidence du conseil après la victoire de l’alliance de la droite aux élections législatives.
En poste jusqu’en 2006, il reviendra une troisième fois diriger le gouvernement italien, en 2008, avant de quitter son poste en 2011 en pleine crise économique majeure au niveau européen.
À noter que c’est lors de ce dernier mandat de président du conseil, que Berlusconi a nommé celle qui occupe désormais ce siège, Giorgia Meloni, ministre de la Jeunesse.
Depuis, s’il est revenu à la tête de Forza Italia entre 2013 et 2023, il a juste occupé un siège de député entre 2019 et 2022 avant d’être élu sénateur en 2022, poste qu’il occupait encore au moment de son décès.
- Sa vie privée :
Né à Milan le 29 septembre 1935, Silvio Berlusconi épouse Carla Dell’Oglio en 1965 avec qui il a eu deux enfants.
Mais après une relation adultérine de laquelle naît un enfant en 1984, le couple finit par divorcer.
« Il Cavaliere » officialise dans la foulée sa relation avec celle qui était depuis 4 ans sa maîtresse avant de l’épouser en 1990 après lui avoir donné deux autres enfants.
Mais là encore, le couple explose en 2009 avec une nouvelle séparation liée aux multiples infidélités de celui qui est alors président du conseil. Le divorce ne sera alors officiellement prononcé qu’en 2014.
Depuis, il a eu deux autres relations officielles, l’une avec une jeune militante de Forza Italia entre 2012 et 2020, puis avec une jeune mannequin de 30 ans.
- Ses multiples casquettes
Mais au-delà d’une carrière politique bien fournie, Silvio Berlusconi a un parcours atypique dans de très nombreux domaines.
Dans les années 60, il se lance d’abord dans l’immobilier où il devient promoteur avant de se faire un véritable nom dans le domaine et de s’enrichir considérablement.
Très rapidement, il investit dans le domaine des médias en inaugurant dès 1974 « Telemilano » et fonde quatre ans plus tard la holding « Fininvest » qui contrôle toutes les sociétés qu’il détient, dont des banques, des cinémas, ou encore des chaînes de télévision.
Il rachète en 1986 le mythique club de football du Milan AC, qui remporte, sous son impulsion, par moins de cinq coupes d’Europe avant d’être revendu en 2016.
Il est désigné en 2004 « homme le plus riche d’Italie » par le magazine Forbes avec un empire estimé à 12 milliards de dollars.
- Ses frasques :
Des soirées « bunga-bunga », aux affaires de fraude fiscale en passant par des histoires de prostitution de mineures, Berlusconi a été empêtré dans de nombreux scandales qui ont entaché une partie de sa carrière politique.
Si la presse lui connaît de très nombreuses aventures extra-conjugales, c’est en 2010 qu’éclatent des accusations d’incitation à la prostitution en lien avec des soirées libertines.
Finalement acquitté dans ce dossier, des accusations de subornation de témoins lui ont collé à la peau jusqu’à très récemment malgré une relaxe intervenue en février dernier.
Au total, selon France Info, Berlusconi a été impliqué dans une trentaine de procès mais n’a été condamné de manière définitive que dans un seul dossier.
C’est en effet l’affaire « Mediaset » qui a vu l’ancien président du conseil être condamné de manière définitive.
Sa peine de 4 ans de prison et 6 ans d’inéligibilité a été confirmée en cassation après qu’il a été reconnu coupable de montages financiers visant à instaurer des « caisses noires » pour échapper au fisc.
- Les hommages après sa mort
Depuis l’annonce de son décès ce lundi matin, les messages d’hommages se multiplient de la part de figures de la politique italienne.
Reconnaissant que « Silvio Berlusconi a marqué l'histoire de ce pays, l’ancien président du conseil, Matteo Renzi, estime que « beaucoup l'ont aimé » et que « beaucoup l'ont détesté ».
« Chacun aujourd'hui doit reconnaître que son impact sur la vie politique mais aussi économique, sportive et télévisuelle a été sans précédent. Aujourd'hui l'Italie pleure avec sa famille, ses proches, ses entreprises, sa fête. A tous ceux qui l'aimaient, mes accolades les plus affectueuses et les plus sincères. Dans ces heures, je porte avec moi les souvenirs de nos réunions, des nombreux conseils, de nos accords, de nos affrontements. Mais surtout d'un coup de téléphone où Silvio, et non le président, m'a fait verser une larme en parlant de ma mère. Vous allez nous manquer Prés, que la terre soit légère sur vous » a-t-il écrit sur son compte Twitter en fin de matinée.
L’actuelle cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a, quant à elle, rendu hommage dans une vidéo diffusée en ligne et dans laquelle elle lui dit « adieu ».
« Silvio Berlusconi était avant tout un battant. C'était un homme qui n'avait pas peur de défendre ses convictions et c'est précisément son courage et sa détermination qui ont fait de lui l'un des hommes les plus influents de l'histoire de l'Italie », s’est-elle émue.
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