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Berlin: une militante pro-Palestine victime de violences policières témoigne

- "Bien sûr, nous sommes descendus dans la rue pour la Palestine, mais nous descendons aussi dans la rue contre la pression exercée en Allemagne, parce que la pression est trop forte", a expliqué Yasemin Acar

Erbil Başay  | 27.04.2024 - Mıse À Jour : 28.04.2024
Berlin: une militante pro-Palestine victime de violences policières témoigne

Berlin

AA/Berlin

"C'est l'Allemagne, le cœur de l'Europe. Lorsque nous parlons de démocratie, ils nous frappent violemment devant le parlement, nous arrêtent et nous blessent", a déclaré très émue la militante Yasemin Acar, hospitalisée après avoir été victime de violences policières lors d’une manifestation pacifique en faveur de la Palestine à Berlin, la capitale de l'Allemagne.

La police berlinoise est intervenue violemment pour disperser les manifestants pro-Palestine qui avaient formés un campement devant le parlement notamment, arrêtant de nombreuses personnes don dans le camp des partisans de la Palestine et a arrêté de nombreuses personnes, dont Yasemin Acar.

Acar, qui a été libéré après identification, a été soigné à l'hôpital où elle s'est rendue car blessé au bras pendant son interpellation.

Acar, qui a fait une déclaration au correspondant d'Anadolu (AA), a expliqué que son bras risque d’être plâtré.

Elle a souligné que l'évacuation du campement s’est fait dans une violence accrue des policiers qui rappelait ce qui s'était passé lors du Congrès palestinien interdit à Berlin le 12 avril.

"Dès que je suis arrivé, la police m'a vu et nous avons commencé à crier. Lorsque j'ai dit 'liberté pour la Palestine', les policiers ont déjà pointé leur doigt vers moi. 10-15 policiers, tous des hommes d'ailleurs, m'ont violemment tiré la tête en arrière et l'un d'entre eux (le policier) m'a frappé le nez avec sa main. J'ai même dit que je ne pouvais pas respirer. Ils n'ont pas écouté, ils m’ont dit "Tais-toi !", donc les droits de l'homme, le fait d'être une femme n'a plus aucune valeur. L’humain n’a plus aucune valeur en Allemagne", a-t-elle martelé.

Après son arrestation, Acar a été emmenée, avec d’autres, dans une zone ressemblant à un bureau que la police avait installé à l'arrière du campement de tentes.

"Ils ont dit : 'Nous allons vous mettre en prison'. J'ai protesté parce que je connaissais mes droits. Comme j'ai élevé la voix, ils ont ensuite essayé de me faire taire. Ils ont utilisé des mots comme 'Si vous vous taisez, nous ne vous emmènerons pas'. À ce moment-là, ils m'ont laissé seul, mais comme je l'ai dit, ils m'ont gardé pendant quelques minutes."

Acar a qualifié de grande injustice ce qu’elle a vécu.

"Bien sûr, nous sommes descendus dans la rue pour la Palestine, mais nous descendons aussi dans la rue contre la pression exercée en Allemagne, parce que la pression est trop forte. La violence augmente de jour en jour. La violence n'est pas une bonne chose en général. La violence ne devrait pas être utilisée, c'est-à-dire que lorsqu'ils nous accusent, ils montrent en fait très bien et clairement qu'ils sont eux-mêmes coupables", a-t-elle souligné avant d’ajouter :

"Je me demande si, la prochaine fois que nous organiserons une manifestation, ils sortiront leurs armes et essaieront de nous tirer dessus. Nous vivons dans la crainte d'une telle éventualité."

Acar souhaite déposer une plainte pénale contre la police.

"La police bénéficie d'une protection spéciale. Bien sûr, ils se protègent les uns les autres. Ils ont dit que j'avais résisté à la police, mais ce n'est pas le cas. Toutes les caméras l'ont filmé, c'est visible. Il n'y a rien eu de tel. Alors que je me tenais là, ils m'ont soudainement sorti de là avec violence", a-t-elle expliqué.

Précisant que le fait d'apporter un canapé ou une chaise dans le campement était considéré comme un crime, Acar a poursuivi : "Un jour, ils autorisent les chaises, le lendemain, ils les interdisent. Ce sont les choses qu'ils appellent 'interdites'. Des choses ordinaires. Nous n'avons rien fait de mal, nous avons fait ce qui était notre droit".

Pour Acar, l'État est contre les sympathisants palestiniens.

"Nous avons l'impression d'avoir les mains et les pieds liés en ce moment. La seule chose qui nous reste, c'est notre voix. Ils ne nous permettent pas non plus de l'élever. Lorsque nous l'élevons, des choses comme celles-ci se produisent. Nous nous retrouvons dans des hôpitaux", a-t-elle regretté.

Soulignant que lorsque des pays produisent ce même type d’évacuation violente, ils sont qualifiés de "dictatures" et de "fascistes" en Allemagne, Acar assure que ce qui s’est passé devant le parlement à Berlin n’est pas démocratique.

"Mais ici, c'est l'Allemagne, c'est-à-dire quelque chose qui se passe devant le parlement, mais ils appellent cela encore une fois la démocratie. Ici, on ne peut plus appeler cela une démocratie. Nous ne vivons pas dans une démocratie", a-t-elle lancé.

"Parce que nous sommes en Allemagne, au cœur de l'Europe. Lorsque nous parlons de démocratie, ils nous frappent violemment devant le parlement, nous arrêtent et nous blessent", a-t-elle conclu, invitant le monde entier constater ce qui se passe en Allemagne.



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