Ben-Gvir : La politique israélienne "autorise la prière à Al-Aqsa, où j'aurais construit une synagogue"
- Le ministre israélien de l’Intérieur appelle Netanyahu à contrer le ministre de la Sécurité nationale et prévient que "son manque d'intelligence pourrait conduire à une effusion de sang"
Quds
AA / Jerusalem / Abdel Ra'ouf Arnaout
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a renouvelé, lundi, l'allégation selon laquelle "la politique (gouvernementale) autoriserait" les prières juives à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem-Est occupé.
Mais Ben-Gvir, chef du parti d'extrême droite Pouvoir juif, a amplifié la gravité de ses déclarations en annonçant son intention de construire une synagogue sur le lieu saint d'Al-Aqsa.
Ben-Gvir a déclaré à la radio militaire israélienne que "la politique autorisait les prières sur le mont du Temple (mosquée Al-Aqsa). Il y a une loi favorisant l’égalité entre juifs et musulmans. J’allais y construire une synagogue".
C'est la première fois que Ben-Gvir évoque la création d'une synagogue à l'intérieur de la mosquée Al-Aqsa, après avoir plaidé, à plusieurs reprises au cours des derniers mois, pour que les Juifs soient autorisés à prier dans la mosquée.
Les déclarations de Ben Gvir ont coïncidé avec un nombre croissant de colons effectuant des prières lors de leurs incursions à Al-Aqsa, sous la protection de la police israélienne, qui est en réalité soumise aux pouvoirs de Ben-Gvir.
En réponse aux déclarations répétées de Ben-Gvir, le bureau du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a affirmé au cours des derniers mois qu'il n'y avait aucun changement dans le statu quo à la mosquée Al-Aqsa.
La situation actuelle est celle qui prévalait avant l'occupation de Jérusalem en 1967, selon laquelle le Département des dotations islamiques de la ville, affilié au ministère jordanien des Dotations, est chargé de gérer les affaires de la mosquée, lieu de prière exclusif des musulmans.
Cependant, depuis 2003, la police israélienne a unilatéralement, et sans l'approbation du Département des dotations islamiques, autorisé les colons à prendre d'assaut la mosquée Al-Aqsa tous les jours de la semaine, sauf le vendredi et le samedi.
-- Effusion de sang
Les incursions répétées de Ben-Gvir et ses déclarations autorisant les Juifs à prier à Al-Aqsa ont suscité des réactions de condamnation dans le monde arabo-musulman ainsi qu'au niveau de la communauté internationale.
Mais cela suscite également la réserve des partis religieux israéliens qui s’opposent à la prise d’Al-Aqsa, faute de pureté des preneurs d'assaut du lieu saint, les Juifs croyant qu'il abritait le Temple.
Dans ce contexte, le ministre de l’Intérieur du parti religieux Shas, Moshe Arbel, a déclaré lundi : "Le Premier ministre Netanyahu doit agir immédiatement pour remettre Ben-Gvir à sa place, en réponse à ce qu’il avait déclaré ce matin concernant le Mont du Temple", selon la radio militaire.
"Les propos irresponsables (de Ben-Gvir) mettent à l'épreuve les alliances stratégiques d'Israël avec les pays islamiques qui forment une alliance dans la guerre contre l'axe du mal iranien", a-t-il ajouté.
Arbel a averti que "le manque d'intelligence (de Ben-Gvir) pourrait conduire à une effusion de sang".
Depuis sa prise de fonction en décembre 2022, Ben-Gvir a pris d’assaut Al-Aqsa à plusieurs reprises, malgré les critiques islamiques, arabes et internationales.
Les Palestiniens affirment qu'Israël intensifie ses mesures visant à judaïser la ville occupée de Jérusalem-Est, y compris la mosquée Al-Aqsa, et à effacer son identité arabe et islamique.
Les Palestiniens tiennent à Jérusalem-Est comme capitale de leur État espéré, sur la base de résolutions de légitimité internationale qui ne reconnaissent ni l’occupation de la ville par Israël en 1967, ni son annexion en 1981.