Barrage de la Renaissance: L'Égypte met en garde contre "une aggravation de la situation"
- Lors du second remplissage, dans le "cas d'une faible crue", selon un communiqué du ministère égyptien de l'Irrigation.

Egypt
AA / Le Caire
Le ministère égyptien de l'Irrigation a mis en garde contre "des souffrances et une aggravation de la situation" avec le deuxième remplissage du "barrage de la Renaissance" "en cas de faible crue" du fleuve du Nil.
C’est ce qui est ressorti d’un communiqué du ministère de l'Irrigation, paru lundi, commentant «l’ouverture des voies d'évacuations inférieures du barrage de la Renaissance (dimanche) par la partie éthiopienne».
Elle a expliqué que cette ouverture est «préalable au séchage de la partie centrale du barrage pour démarrer les travaux de nivellement pour mettre en œuvre le processus de remplissage général du barrage pour la seconde année».
Le ministère a déclaré dans le communiqué que le discours prononcé dimanche par son homologue éthiopien, déclarant que "les voies d’évacuations inférieures, qui sont au nombre de deux ouvertures, sont capables d’évacuer le débit moyen du Nil Bleu, est une affirmation erronée".
Et de souligner que «la capacité actuelle d'évacuation ne dépasse pas les 50 millions de mètres cube par jour pour les deux voies d’évacuation. Ce volume ne répond pas aux besoins des deux pays en aval (Égypte et Soudan), et n'est pas équivalent au débit moyen du Nil Bleu».
Le ministère égyptien a aussi affirmé que «la mise en œuvre du deuxième processus de remplissage cette année et la retenue d'importants volumes d'eau, selon ce qui a été annoncé par la partie éthiopienne, affecteront grandement le système fluvial, car les voies d’évacuations seront les seuls moyens de contrôle des eaux évacuées du barrage durant le processus de remplissage».
Selon le ministère : «La situation sera plus compliquée, dès le début de la saison des crues (juillet et août prochains), car les voies d’évacuation vont libérer un débit inférieur à la normale.
Et d’ajouter que «cela signifie la souffrance des pays en aval, le Soudan et l'Égypte, en cas de crues modérées, et que la situation va empirer en cas de faible crue», soulignant que cette affaire «confirme l'impératif d'avoir un accord juridique contraignant qui comprenne un mécanisme de coordination clair».
Pour le ministère égyptien «le barrage n'est pas prêt pour la production électrique escomptée (...) et ce qui a été relayé à propos du fait qu'il correspond aux spécifications internationales est une affirmation erronée, car l'Éthiopie a construit le barrage de manière inappropriée».
Il n'y a pas eu de commentaires immédiats d'Addis-Abeba, qui avait préalablement déclaré que le barrage vise à produire de l'électricité.
Cependant, le ministre éthiopien de l'Eau, de l'Irrigation et de l'Énergie, Seleshi Bekele, a annoncé dimanche, sur Twitter, «l'achèvement de la construction, des essais et de l'exploitation de deux voies d’évacuation inférieurs du barrage de la Renaissance qui assurent le drainage de l'eau vers (les deux pays) en aval (Égypte et Soudan) à tout moment».
Bekele a souligné que le barrage est «une installation moderne et de haute qualité équipée avec les dernières installations, et elle est importante à la production d'électricité en l'Éthiopie, et ne constitue pas une source de préoccupation pour les deux pays en aval».
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry a entamé dans la journée du dimanche une tournée africaine à durée non-spécifiée, qui passera par le Kenya, les Comores, l'Afrique du Sud, le Congo démocratique (pays qui préside l'Union africaine), le Sénégal et la Tunisie, au moment où l'Éthiopie campe toujours sur ses positions concernant le deuxième remplissage du barrage, en juillet et août.
Dans le ton de menace le plus virulent depuis le déclenchement de la crise, il y a 10 ans, le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi a déclaré, le 30 mars dernier, que «les eaux du Nil sont une ligne rouge, et nous n'autoriserons aucun préjudice à nos droits hydriques. Tout préjudice aux eaux égyptiennes suscitera une réaction qui menacera la stabilité de toute la région».
À la mi-juillet 2020, l'Éthiopie a entamé le premier remplissage du barrage de la Renaissance, dans le cadre d’une procédure unilatérale, sans parvenir à un accord contraignant à ce sujet avec les pays de l'aval (Égypte et Soudan), qui refusent cette procédure.
* Traduit de l’arabe par Mounir Bennour.
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