AA / Dacca, Bangladesh / Md. Kamruzzaman

L'envoyée spéciale des Nations Unies pour le Myanmar, Noeleen Heyzer, s'est rendue, mardi, dans les camps de réfugiés Rohingyas au Bangladesh afin d'évaluer les conditions de vie de cette population persécutée, cinq ans après son exode massif.

"La visite a pour but de faire le point sur les conditions de vie des Rohingyas dans les camps et sur leurs aspirations pour l'avenir, y compris leurs attentes concernant un retour dans leur pays d'origine dans l'Etat de Rakhine au Myanmar", a déclaré Regina de la Portilla, responsable de la communication du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), aux médias lors de la visite de Noeleen Heyzer.

Soulignant l'importance du rapatriement durable des Rohingyas dans leur pays d'origine, elle a ajouté que tous les Rohingyas avec lesquels elle s'est entretenue ont exprimé leur désir de retourner dans leur pays.

"Les Rohingyas nous ont assuré qu'ils retourneraient dans leur pays si leur vie et leurs biens étaient en sécurité et s'ils retrouvaient leurs droits de citoyenneté", a ajouté de la Portilla.

L'envoyée spéciale de l'ONU s'est rendue dans le plus grand camp de réfugiés du monde, où vivent plus de 1,2 million de Rohingyas, une semaine seulement après la visite de la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, qui a fait part de ses préoccupations concernant la sécurité dans les camps de Rohingyas et la vulnérabilité des femmes et des filles.

Michelle Bachelet s'est également inquiétée de la montée de la rhétorique anti-Rohingyas au Bangladesh, laquelle présente les Rohingyas comme la source de la criminalité et d'autres problèmes et en fait des boucs émissaires.

Noeleen Heyzer s'est également entretenue avec des femmes et des hommes Rohingyas et a inspecté les différentes installations d'aide fournies aux apatrides.

À la veille du cinquième anniversaire de l'exode des Rohingyas, les victimes de l'oppression ont exprimé l'espoir que la visite des deux hauts responsables des Nations unies dans les camps relancera le processus de rapatriement, qui est au point mort.

Le Bangladesh accueille actuellement plus de 1,2 million de Rohingyas, dont la plupart ont fui une répression militaire brutale dans leur pays d'origine, l'État de Rakhine au Myanmar, en août 2017.

- Soutien aux réfugiés Rohingyas

Dans un communiqué publié mardi, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a quant à lui lancé un appel au renouvellement du soutien aux réfugiés Rohingyas et à une action en faveur de ces réfugiés.

"Cinq ans se sont écoulés. De nombreux réfugiés Rohingyas ont dit au HCR qu'ils souhaitaient rentrer chez eux au Myanmar, pour autant que soient réunies les conditions d'un retour sûr, digne et durable et qu'ils puissent bénéficier de la liberté de mouvement, de l'accès à des papiers d'identité et d'une perspective d'accès à la citoyenneté, ainsi que de l'accès aux services et aux diverses activités génératrices de revenus", a déclaré Shabia Mantoo, porte-parole du HCR, lors d'un point de presse tenu à Genève.

Elle a indiqué que les camps bangladais sont extrêmement surpeuplés, ajoutant que les réfugiés sont entièrement dépendants de l'aide humanitaire pour leur survie.

"Avec la diminution des fonds, ils rencontrent de nombreuses difficultés au quotidien ... notamment en ce qui concerne la nutrition, les matériaux pour les abris, les installations sanitaires et les moyens de subsistance. Certains ont eu recours à des voyages dangereux en bateau pour chercher un meilleur avenir", a ajouté Shabia Mantoo.

Le plan d'intervention 2022 du HCR prévoit plus de 881 millions de dollars pour plus de 1,4 million de personnes, y compris les réfugiés Rohingyas et les communautés d'accueil les plus touchées, et n'est jusqu'à présent financé qu'à 49 %, avec 426,2 millions de dollars reçus, indique le communiqué du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj