Australie : la leader d’un parti populiste anti-immigration sanctionnée pour des propos racistes
- La sénatrice Pauline Hanson a été jugée coupable de « grave forme de racisme » pour avoir demandé à une sénatrice, d'origine pakistanaise, de retourner dans son pays natal

Tunisia
AA / Tunis / M. Belhaj
Un juge australien a statué, vendredi, que la sénatrice Pauline Hanson, leader du parti populiste anti-immigration One Nation, avait enfreint la loi sur la discrimination raciale en appelant la sénatrice Mehreen Faruqi, d'origine pakistanaise, à retourner dans son pays natal.
Un échange sur le réseau social X en 2022 avait poussé Faruqi à intenter une action en justice contre Hanson devant la Cour fédérale, en vertu d'une disposition de la loi sur la discrimination raciale qui interdit les actions et déclarations publiques qui offensent, insultent, humilient ou intimident les personnes en raison de leur race, de leur couleur ou de leur origine nationale ou ethnique.
Après la mort de la reine Élisabeth II, Faruqi, qui est également vice-présidente du parti des Verts australiens, avait publié un message déclarant qu'elle ne pouvait pas pleurer la « leader d'un empire raciste ». Hanson a alors répliqué en accusant Faruqi d'avoir émigré pour « profiter » de l'Australie, avant de lui ordonner de retourner au Pakistan, en usant d'un langage vulgaire.
Le juge Stewart a noté que les témoignages de Hanson étaient « généralement peu fiables » et a rejeté sa prétention de ne pas connaître la religion de Faruqi au moment de publier sa réplique sur X.
Le magistrat a qualifié le post de Hanson de « raciste, nativiste et anti-musulman », affirmant qu'il s'agissait d'une « grave forme de racisme ». Il a ordonné à la leader du parti One Nation de supprimer son message et de payer les frais de justice de Faruqi.
La sénatrice Mehreen Faruqi a salué ce verdict, déclarant : « Le jugement d'aujourd'hui nous indique que le fait de dire à quelqu'un de retourner d'où il vient est une grave forme de racisme », ajoutant : « C'est un bon jour pour les personnes de couleur, pour les musulmans et pour tous ceux qui ont travaillé si dur pour construire une société antiraciste ».
Le Australian Muslim Advocacy Network, ONG de défense des droits des musulmans d'Australie, a également salué la décision, la qualifiant de « mise en garde pour ceux qui perpétuent le racisme en politique et dans les médias ».
La sénatrice Pauline Hanson a en revanche exprimé sa « profonde déception » face à la décision et a annoncé son intention de faire appel, arguant que le jugement représentait une application trop large de la loi sur la discrimination raciale.
Avec une société australienne de plus en plus multiculturelle, le dernier recensement réalisé par le Bureau australien des statistiques, en 2021, a révélé que les personnes nées à l'étranger ou ayant au moins un parent né à l'étranger constituaient désormais une majorité dans le pays.