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Audition sous tension pour Salah Abdeslam qui accuse la France de lui avoir « bousillé la vie »

- Lors du procès des attentats du 13 novembre 2015

Fatma Bendhaou  | 15.03.2022 - Mıse À Jour : 15.03.2022
Audition sous tension pour Salah Abdeslam qui accuse la France de lui avoir « bousillé la vie »

France

AA/Nice/Feïza Ben Mohamed

Le dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam, est entendu ce mardi par la Cour d’assises spéciale de Paris devant laquelle il a accusé la France de lui avoir « bousillé la vie ».

Dénonçant la manière dont il est « traité depuis six ans », le Franco-Marocain a tenté, face aux magistrats, de minimiser sa participation aux attentats sans pour autant dénoncer ses complices, selon les lives-tweets publiés sur les réseaux sociaux par les nombreux journalistes accrédités.

« Aujourd’hui, il y a la guerre en Ukraine, il y a des gens qui vont chercher des gens à la frontière, d’autres qui vont là-bas pour faire de l’humanitaire, et d’autres pour aller combattre. C’est exactement ce qui s’est passé en Syrie » a-t-il plaidé.

Il assure avoir « voulu aider (ses) frères en islam » mais maintient que s’il a bien loué un véhicule pour « ramener certaines personnes », il ne s’agit pas des membres des commandos du 13 novembre et refuse de donner leur identité.

« Ces personnes, ce sont mes frères pour l'islam. Ils vivaient dans une zone de guerre. Il y avait le régime de Bachar A- Assad, Vladimir Poutine. Et tous ces gens combattaient l’islam. Et le prophète nous a interdit d’abandonner nos frères », a tenté Salah Abdeslam face aux questions du président Jean-Louis Périès.

Il explique que « c’est pas parce-que des gens ne font plus partie de ce monde » qu’il « rejette la faute sur eux » et rappelle qu’il « ne balance pas les gens ».

L’accusé déclare également qu’il ne savait pas qu’Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le cerveau des attentats, était derrière le projet d’attentats mais concède qu’il a reçu de l’argent, sans fournir de détails quant à l’origine des fonds.

« Quand je parle pas, ça satisfait personne et quand je parle non plus ! Ce n’est pas parce que je ne dénonce pas la personne que vous allez me mettre ça sur le dos » lance-t-il face à la Cour, qui tente d’obtenir plus de détails.

Puis comme agacé, Salah Abdeslam tente d’envoyer un message, déplorant sa mise en accusation.

« Les gens veulent croire que moi j’ai tué 130 personnes, que j’ai loué les véhicules, que j’ai tout su depuis le départ, mais c'est pas la vérité », lance l’accusé après avoir assuré que « les personnes ne sont plus là, et ceux qui ont tué, assassiné ne sont pas dans le box » et qu’il « faut que les gens se mettent ça dans la tête en fait ».

Auditionné ensuite par une assesseure, Abdeslam a réitéré ses accusation envers la France.

« La France a massacré des musulmans avec la coalition et moi j’ai eu le droit de choisir mon camp quand même », a-t-il déclaré.

Il s’agit, ce mardi, de la première véritable audition de Salah Abdeslam qui a déjà pu s’exprimer au début du procès mais dont le témoignage était très attendu.

Le délibéré de ce procès hors norme au cours duquel comparaissent 14 prévenus dont 5 sont supposés morts en zone de guerre, est attendu fin mai.

Pour rappel, ce soir du 13 novembre 2015, il est aux alentours de 21 heures 20, lorsque trois kamikazes se font exploser à quelques minutes d’intervalle aux abords du Stade de France pendant la rencontre France-Allemagne à laquelle assistait François Hollande.

Une première victime est tuée dans la déflagration mais le lieu est bondé et les trois terroristes, qui ont tenté d’entrer dans le stade sans y parvenir, auraient pu faire des centaines d’autres morts s’ils y étaient parvenus.

Quasiment au même moment, un second commando entre en action dès 21h 24 au cœur de la capitale parisienne.

Jusqu’à 21h 41, trois terroristes tirent à vue sur les terrasses de cinq cafés des Xème et XIème arrondissements, faisant 39 morts.

L’horreur se poursuit à 21h 40 au Bataclan, au moment où un troisième commando, composé de trois terroristes, entre dans l’emblématique salle de concert.

Ils tuent 90 personnes, avant que l’assaut ne soit donné à 00h 18 sur autorisation du préfet de police de Paris.

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