Au Niger, la date de la Tabaski fait polémique
Selon le Conseil islamique, cette fête sera célébrée le samedi 2 septembre, alors que les fidèles estiment qu'elle devrait être célébrée vendredi 1er septembre

Niger
AA/Niamey/Kané Illa
La fête de l’Aïd-el-Kabir (dite "Tabaski" en Afrique de l'Ouest), la plus grande du culte musulman, qui commémore l'acte d'obéissance du prophète Ibrahim à Dieu à travers le sacrifice d'un mouton, suscite une vive polémique au Niger cette année.
La raison de la discorde : la date annoncé mercredi par le Conseil islamique, de célébrer la fête de Tabaski le samedi 2 septembre prochain.
Sur les réseaux sociaux, les médias traditionnels et même dans les mosquées, nombreux sont les Nigériens qui confient ne pas comprendre cette décision de la plus haute autorité religieuse du pays. En effet, les fidèles musulmans estiment que la Tabaski doit être célébrée le vendredi 1 er septembre, correspondant au lendemain de l’ascension du Mont Arafat en Arabie Saoudite.
«Cette annonce du Conseil islamique sème la confusion. C’est pour la première fois qu'au Niger on dissocie l’ascension du Mont Arafat à la grande prière», a protesté, sur sa page Facebook, Issoufou Boubacar Kado Magagi, un analyste très connu du public nigérien.
Contacté par Anadolu, l’Imam de la mosquée de l’Assemblée nationale du Niger, Malam Hadja, n’est pas non plus satisfait de la décision du Conseil islamique.
«Dans un de ses hadiths (dits du prophète de l'islam) , le prophète Mohamed (PSL) a bien recommandé à tous les musulmans du monde de faire le sacrifice dès le jour suivant l’ascension du Mont Arafat. La décision de faire célébrer Tabaski le samedi 02 septembre au Niger n’obéît pas à ce hadith », a-t- il déploré.
«Dans un autre hadith, le prophète Mohamed (PSL) a dit que le musulman dispose de trois jours après l’ascension du Mont Arafat pour faire le sacrifice. Cela veut dire que les musulmans nigériens, eux, n’auront droit cette année qu’à deux jours», a-t- il insisté.
- Une date liée à une superstition ?
Une superstition longtemps cultivée au Niger soutient que la célébration d’une des fêtes musulmanes le vendredi peut être porteuse de malheur pour les dirigeants.
La décision du Conseil islamique de faire célébrer Tabaski le samedi suscite donc beaucoup de commentaire à ce sujet.
«Au Niger, en raison probablement d’une superstition tenace qui indique que fêter un tel évènement en particulier causerait la disparition fatale d’une haute personnalité politique, la tentation est grande de la différer», a commenté sur sa page Facebook Dr Souley Adji, sociopolitologue et enseignant à l’Université de Niamey.
«C’est vrai que beaucoup de nigériens, y compris des personnalités, croient à cette superstition. Mais un musulman doit toujours se convaincre que c’est Dieu qui dispose de sa vie et que c’est lui qui va la lui reprendre quand il veut», a déclaré à Anadolu Ismaël Moussa, un maître coranique.
Selon des données semi-officielles, la population du Niger estimée à près de 20 millions d'habitants est composée à plus de 90% de musulmans.
Par le passé, des discordes ont eu lieu au sujet de la célébration des fêtes musulmanes, notamment celle de l’Aïd El fitr consacrant la fin du mois de Ramadan.
Dans des localités comme Maradi et Zinder, voisines du Nigéria, des leaders religieux ont l’habitude de passer outre les dates indiquées pour la célébration des fêtes par le Conseil islamique.
Mais leurs rassemblements pour les prières collectives des jours de fêtes ont toujours été dispersés par les forces de l’ordre. Au Niger, le Conseil islamique est la plus haute autorité religieuse reconnue par l’Etat et rattaché du cabinet du premier ministre.
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