AA - Paris - Bilal Muftuoglu

Jawad Bendaoud, interpellé par la police pour avoir logé Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats de Paris du 13 novembre, a dit avoir été uniquement motivé par l'argent, refusant d'être directement assimilé à des terroristes.

Bendaoud avait eu le surnom "logeur du Daech" le 18 novembre suite à une opération policière à Saint-Denis qui avait fini par révéler que ce dernier hébergeait dans son appartement "contre rémunération" Abaaoud et deux autres personnes impliquées dans les attentats de Paris.

S'exprimant devant les caméras juste avant son arrestation, le jeune avait notamment affirmé, "J’étais pas au courant que c’était des terroristes, moi. (…) On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service (...) Je ne sais pas d’où ils viennent, on est au courant de rien, Monsieur. Si je savais, vous croyez que je les aurais hébergés ?"

Remis en liberté depuis, Bendaoud fait pourtant l'objet d'une enquête pour "association de malfaiteurs criminelle en relation avec une entreprise terroriste", avec Mohamed S., un de ses relations de quartier, qui avait été en contact avec Hasna Aïtboulahcen, cousine d'Abaaoud. 

A son stade actuel, l'enquête ne permet pas de confirmer que Bendaoud connaissait effectivement Abaaoud ou sa cousine lorsqu'il avait décidé de les héberger. En revanche, les enquêteurs estiment avoir récupéré suffisamment d'éléments dans leur dossier pour affirmer qu'il avait "sciemment hébergé des personnes en cavale", a révélé mercredi le quotidien "Le Monde".

Confiant aux enquêteurs, Bendaoud a admis avoir déjà visionné les vidéos d'Abaaoud lors de son passage en prison en 2008, tout en ajoutant qu'il ne l'avait pas reconnu lors qu'il l'hébergeait à Saint-Denis. 

"J’ai douté, il y avait un truc pas clair, mais je ne vais pas prendre vingt ans pour ça, (…) je m’en doutais, mais je voulais l’argent", souligne-t-il devant les enquêteurs, selon Le Monde. 

Alors qu'il avait été qualifié par un ancien codétenu de "radicalisé", Jawad Bendaoud s'est dit "non pratiquant, attestant d’une consommation régulière d’alcool, de cannabis et de cocaïne, et d’une vie sexuelle trépidante", d'après l'enquête. Il a pourtant reconnu s'être inspiré des meurtres de Mohamed Merah, auteur des tueries à Toulouse et à Montauban en 2012, lors de son séjour en prison. 

"J’y ai peut-être pensé en prison, mais une fois sorti, tout est sorti de ma tête", assure-t-il toujours selon l'enquête.