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Attaque de Paris : Le suspect algérien placé en garde à vue dans l'enquête anti-terroriste, se révèle être un héros

- après s'être "présenté aux policiers pour témoigner" vendredi, et qui avait été insulté sur les réseaux sociaux du fait de sa nationalité, avait tenté d'attraper le présumé terroriste.

Mona Saanouni  | 26.09.2020 - Mıse À Jour : 27.09.2020
Attaque de Paris : Le suspect algérien placé en garde à vue dans l'enquête anti-terroriste, se révèle être un héros ( Julien Mattia - Anadolu Ajansı )

France

AA / Paris / Ümit Dönmez

Il s'avère que l'Algérien de 33 ans, qui avait été placé en garde en vue pendant une dizaine d'heures par la police après s'être "présenté aux policiers pour témoigner" vendredi, et qui avait été insulté sur les réseaux sociaux du fait de sa nationalité, avait tenté d'attraper le présumé terroriste.

"#attentat, le 2ème suspect n'est autre qu'un jeune homme héroïque qui a tenté d'arrêter l'assaillant. Il s'est présenté à la police pour témoigner, on l'a menotté, cagoulé devant les caméras, placé en garde à vue malgré les témoins et les vidéos. Il sort ce soir épuisé et choqué", a déploré, samedi, l'avocate Lucie Simon, sur le réseau social « Twitter ».

L'avocate du suspect portant le nom d'emprunt « Youssef » a tenu à souligner que son client avait eu "un comportement héroïque", en tentant "d'arrêter l'assaillant".

"Youssef était au niveau du boulevard Richard-Lenoir, il entend le cri d’une femme, puis d’un homme et voit quelqu’un partir avec un couteau et qui fait tomber ce couteau à l’entrée de la bouche de métro. Mon client, qui a fait cela plusieurs fois dans sa vie, se met à lui courir après pour l’arrêter. Il se dit qu’il a dû agresser une femme, sans se douter du caractère terroriste de l’affaire", a expliqué samedi l'avocate à l'Agence France Presse (AFP).

Interrogé samedi par le journal « Le Monde », Youssef a déclaré avoir voulu "être un héros" et s'être "retrouvé derrière les barreaux."

"J’étais en train d’entrer dans ma voiture, quand j’ai entendu les cris d’une femme", explique-t-il lors d'un entretien accordé samedi au quotidien.

"Je regarde dans mon rétroviseur pour voir ce qui se passe, puis je sors de ma voiture et j’entends cette fois un homme qui crie : “Non, non, non !” A ce moment-là, je vois un mec suspect qui court en direction du métro Richard-Lenoir, je suis parti directement pour le suivre", poursuit-il.

Me Simon poursuit le récit en expliquant que Youssef "descend en trombe dans le métro, il voit que (le principal suspect) est sur l’autre quai, il crie "qu’est-ce que t’as fait ?".

L'avocate note ensuite que "l’assaillant le pointe avec un cutter et rentre dans le métro", ajoutant que Youssef interrompt sa poursuite après avoir été menacé par le suspect pointant son cutter.

Me Simon déplore une garde à vue suivie d'"une interpellation type affaires de terrorisme : menottes, yeux bandés" qui, selon elle, n'était pas "strictement nécessaire" sachant que les enquêteurs "avaient déjà tous les éléments".

"Ils avaient les vidéos de mon client, qui avait aussi croisé un policier avant d’être interpellé, à qui il avait donné la direction du suspect", explique Maître Simon à l'AFP.

Vendredi matin, un homme avait mené une « attaque au hachoir » à Paris, blessant deux salariés de l’agence de presse « Premières Lignes » qui collabore notamment avec France Télévisions.

Les deux victimes avaient été hospitalisées, alors que l'enquête judiciaire avait été confiée au parquet national antiterroriste pour motif de « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».

Un deuxième suspect âgé de 33 ans et de nationalité algérienne, avait été interpellé pour avoir échangé verbalement avec l’assaillant dans une station de métro.

- La xénophobie sur les réseaux sociaux

Une horde d'utilisateurs du réseau social « Twitter » n'avait pas perdu de temps pour publier des commentaires xénophobes à propos du jeune homme algérien.

"Le deuxième suspect est un algérien de 33 ans. Toujours aucun rapport avec l'immigration", déclarait notamment un utilisateur dans un tweet dénoncé par d'autre utilisateurs.

Suite à la demande d'une utilisatrice Twitter, l'auteur de la publication reconnaissait plus tard son erreur sur la personne de Youssef sans pour autant abandonner la même logique qui l'avait mené à cette faute qu'il avait commise, de nourrir des préjugés xénophobes :

"Hier, j’ai fait une erreur en accusant un suspect algérien qui était finalement étranger à ces crimes. Je m’en excuse", déclare l'utilisateur avec humilité, sans reconnaître cependant l'acte héroïque du jeune homme maghrébin, et poursuivant :

"Mais ça n’empêche que le coupable est un migrant pakistanais qui n’aurait jamais dû être sur notre territoire national. Expulser, c’est protéger !", explique-t-il avec simplicité.

"c'est marrant car même si il a fait une erreur ( PS : c'est humain ) Le 1er suspect reste un migrant, et vous qui l'insultez, vous êtes tellement pathétique car c'est tellement rare qu'un Algérien face une bonne action que dès que c'est le cas vous vous emballez", renchérissait un autre utilisateur, en essentialisant tout un peuple et en distillant de la haine, sans être inquiété par la Justice, et sans que le tweet en question ne soit encore supprimé du site, plusieurs heures après sa publication...

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