Armes vers Israël : Le Gouvernement français déclassifie un document pour répondre aux accusations
– Le ministre des Armées affirme que la France ne vend pas d’armes offensives à Israël et transmet aux parlementaires une liste détaillée des exportations.

Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a opposé une fin de non-recevoir aux accusations de livraisons d’armes offensives françaises à Tel Aviv, en déclassifiant un document confidentiel présenté ce mercredi 11 juin devant la commission Défense de l’Assemblée nationale.
Ce document, transmis aux présidents des commissions Défense de l’Assemblée et du Sénat, recense les exportations d’armement français vers Israël pour l’année 2024, pour un montant total de 16 millions d’euros. Il mentionne notamment des “maillons et accessoires pour munitions”, des “éjecteurs de munitions” ou encore des “potentiomètres pour missiles défensifs”. Selon le ministère, ces composants sont destinés soit au système de défense israélien “Dôme de fer”, soit à des fins de “réexportation” par Israël.
Cette sortie du ministre intervient dans un contexte de forte pression. La veille, le réseau Progressive International publiait un rapport accusant la France de livrer “de manière régulière et continue” des composants d’armement à Israël depuis octobre 2023, en pleine guerre à Gaza. Le document évoquait notamment des pièces pouvant servir à la fabrication de “bombes, grenades, torpilles, mines et missiles”, mais aussi de “lance-roquettes” ou de “fusils militaires”. Il s’appuyait en partie sur des données de l’administration fiscale israélienne.
La polémique a été récemment ravivée par le refus de dockers du port de Marseille-Fos, début juin, de charger un conteneur destiné au port israélien de Haïfa, soupçonné de contenir des pièces militaires produites par l’entreprise Eurolinks. Le ministre avait alors affirmé que la France “ne livre que des composants” pour des usages strictement défensifs.
Selon le rapport annuel au Parlement, Israël a passé 19,9 millions d’euros de commandes d’armement auprès de la France en 2023, un chiffre proche des années précédentes. Mais les exportations de biens à double usage (civil et militaire) ont fortement augmenté, passant de 34 millions d’euros en 2022 à 192 millions en 2023, principalement dans le domaine de l’électronique.
Ce mercredi 11 juin, la Ligue des droits de l’homme (LDH) a déposé une plainte avec constitution de partie civile contre la société marseillaise Eurolinks, l’entreprise israélienne IMI Systems, et “tout autre co-auteur ou complice”, pour “complicité de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crime de génocide”, selon des informations du Monde et de Radio France.
À travers sa plainte, l’organisation souhaite que la Justice française fasse toute la lumière sur la livraison présumée, depuis octobre 2023, de composants militaires à Israël, en pleine guerre contre la bande de Gaza.
- Situation humanitaire à Gaza
Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de près de 5 000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 55 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.
Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.
Par ailleurs, Israël bloque, depuis le 2 mars, l’entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.
Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un "effondrement total" de l’aide humanitaire et dénoncent "l’un des pires échecs humanitaires de notre génération". Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu’"aucune aide humanitaire n’entrera à Gaza".