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Argentine : Décès de l'ancien président Carlos Menem à l'âge de 90 ans

- En tant que leader, ses partisans le considéraient comme un sauveur, tandis que ses détracteurs le considéraient comme un paria

Mourad Belhaj  | 15.02.2021 - Mıse À Jour : 15.02.2021
Argentine : Décès de l'ancien président Carlos Menem à l'âge de 90 ans

Argentina

AA / Buenos Aires

L'ancien président argentin, Carlos Menem, est décédé, dimanche, dans la capitale Buenos Aires, à l'âge de 90 ans, suite à une longue maladie, a annoncé le journal local La Nacion.

Menem était jusqu’ici membre du Sénat argentin. Il a été président du pays de 1989 à 1999.

Carlos Menem restera dans les mémoires comme un homme politique ayant mené un style de vie glamour. Il a notamment joué un match de football sur le terrain avec l'icône du football Diego Maradona et a disputé un match amical contre la star du tennis Gabriela Sabatini.

L'ancien président de l'Argentine avait rétabli les liens diplomatiques avec le Royaume-Uni après la guerre des Malouines, bénéficiant du soutien de Washington.

En tant que leader, ses partisans le considéraient comme un sauveur, tandis que ses détracteurs le considéraient comme un paria. Menem s'est efforcé de s'attaquer aux problèmes économiques profonds de l'Argentine et s'est éloigné des politiques isolationnistes. Il a ouvert le pays aux investissements étrangers, bien que beaucoup l'aient accusé de créer les conditions de la plus grande dette de l'histoire de l'Argentine.

L'actuel président Alberto Fernandez, qui a décrété trois jours de deuil officiel, a rendu hommage à Menem sur Twitter.

"C'est avec grand chagrin que j'ai appris la mort de Carlos Saul Menem", a écrit Fernandez, rappelant que le président défunt a toujours été élu démocratiquement et qu'il a été emprisonné pendant la dictature.


- Origines

Menem est né le 2 juillet 1930 dans la ville d'Anillaco, au nord-ouest de l'Argentine. Ses parents étaient des immigrants syriens et Menem a été élevé en tant que musulman avant de se convertir au catholicisme romain.

Tout au long de sa vie, Menem a maintenu des liens étroits avec la patrie de ses parents. Après avoir terminé ses études universitaires, il s'est engagé dans la politique et a été un fervent défenseur de l'ancien président argentin Juan Domingo Peron.

En 1956, lorsque Peron fut renversé par un coup d'État militaire, Menem fut arrêté pour s'être opposé fermement au gouvernement et fut brièvement emprisonné. Après avoir formé une branche locale de la jeunesse du mouvement péroniste, Menem en est devenu député en 1962.

Cependant, un nouveau coup d'État militaire a entravé sa carrière politique. Menem se rendit plus tard en Espagne, où il rencontra Péron en exil, qui le soutint en tant que candidat politique.

A cette même époque, Menem épouse une argentine d'origine Syrienne, Zulema Yoma.

En 1973, après la levée de l'interdiction du péronisme, Menem est élu gouverneur de la province de La Rioja, dans le nord du pays. L'Argentine a connu un autre coup d'État militaire en 1976 et Menem a été incarcéré pendant deux ans par la junte militaire, qui l'a accusé de corruption et d'avoir des liens avec les mouvements de guérilla.

Après avoir été soumis à des restrictions politiques, Menem a été élu à nouveau comme gouverneur de La Rioja après le retour de l'Argentine à la démocratie.


- Présidence

En 1988, il est devenu le candidat à la présidence pour le parti péroniste, menant une campagne axée sur la protection des industries nationales. Il a remporté l'élection présidentielle en 1989.

Les polémiques ont accompagné Menem jusqu'à la présidence, après qu'il ait accepté de la part d'un homme d'affaires une Ferrari en cadeau, qu'il a promis de céder après les protestations de l'opinion publique.

À son arrivée à la tête de l'Argentine, le pays connaissait de graves problèmes économiques, l'inflation atteignant un pic de 5 000 %. En réaction, Menem a dû convaincre la communauté internationale qu'il était la bonne personne pour changer la situation économique du pays.

Ce faisant, il a introduit de vastes réformes de libéralisation du marché, privatisé les services publics et rattaché le peso argentin au dollar américain. Si les investissements étrangers ont permis de réduire l'inflation et d'augmenter la production, ils ont également entraîné un chômage massif.

Menem a été réélu en 1995, après avoir amendé la constitution afin de pouvoir se présenter pour un second mandat présidentiel.

Il est ainsi devenu le premier président argentin, depuis l'indépendance du pays, à exercer deux mandats entiers. Mais les problèmes économiques sont demeurés importants.


- L'impact économique

Menem a dû rembourser la dette extérieure. Avec l'envolée du dollar, le rattachement du peso à la monnaie américaine est devenu extrêmement coûteux, ce qui a eu pour conséquence une hausse des taux d'intérêt, ce qui a durement creusé le déficit économique et entrainé le pays, en 1999 vers la récession.


- Sa politique étrangère

Menem a contribué à la fondation du bloc commercial sud-américain Mercosur, de même qu’il a réussi à rétablir les relations diplomatiques avec le Royaume-Uni, qui avaient été suspendues depuis la guerre des Malouines, et a visité Londres en 1998.

Il a été invité à une session conjointe du Congrès américain, et s'est également rapproché des présidents américains George W. Bush et Bill Clinton.

Menem divorce de Zulema, qui avait prétendu que la mort de leur fils dans un accident d'hélicoptère était due aux liens des associés de Menem avec le trafic de drogue. Il a épousé l'ancienne Miss Univers chilienne Cecilia Bolocco, mais le couple s'est séparé en 2011.


- Allégations de corruption

En 2001, l'économie argentine s'est effondrée et le pays a fait faillite en raison de sa dette extérieure. Les Argentins ont perdu leurs économies et sont descendus dans la rue.

Menem a par la suite été placé en résidence surveillée, accusé d'avoir signé des décrets pour exporter des armes vers l'Équateur et la Croatie.

Menem et sa femme ont déménagé au Chili avant de retourner en Argentine après l'annulation des mandats d'arrêt lancés à leur encontre.

Malgré les scandales politiques et la situation économique de l'Argentine, Menem se présente à nouveau à la présidence en 2003, mais il est contraint de se retirer suite aux enquêtes qui ont continué à être menées à son sujet pour un certain nombre d'allégations, notamment sur des affaires financières illégales.

Son mandat a été marqué par un attentat terroriste à la bombe en 1992 contre l'ambassade d'Israël à Buenos Aires, qui a fait 29 morts, et un autre attentat contre le centre israélite Amia en 1994, qui en a entraîné la mort de 85 personnes. Les auteurs de ces attentats n'ont jamais été identifiés et en 2012, Menem a été inculpé pour obstruction à la justice dans le cadre de cette enquête.

En 2013, Menem a été déclaré coupable de contrebande d'armes et a été condamné à sept ans de prison. Mais en tant que sénateur, il a bénéficié d'une immunité contre les poursuites judiciaires.

Il restera dans les mémoires comme l'un des grands vétérans de la politique latino-américaine, un disciple de Juan Peron, qui a su passer d'une politique protectionniste à des politiques axées sur le libre marché

L'ancien président argentin restera un personnage très controversé en Argentine, qui a gracié plusieurs personnalités militaires de premier plan lors de la transition du pays vers la démocratie, et une figure qui divise et que beaucoup blâment encore pour l'effondrement économique de 2001.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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