Annie et Rachid : 10 ans d’amitié entre une juive et un musulman de Tunisie

Tunis
AA / Djerba (Tunisie)/ Heythem Al Mahdhi
Dix ans d’amitié relient le quinquagénaire « Rachid Talatit », le musulman, à « Annie Kappella » la juive âgée de quarante ans. Rachid et Annie, deux tunisiens, vivent sur l’ile de Djerba dans le Sud-est de la Tunisie et ne parlent jamais de religion entre eux, se contentant de leurs quotidiens et de la situation de leur pays.
Depuis des siècles, la diversité religieuse et raciale existe à Djerba où coexistent Arabes, Berbères, Musulmans (Malékites et Ibadites), Juifs et Chrétiens.
Annie travaille dans un centre d’informatique alors que son ami Rachid est présentateur dans une radio privée locale et est père de deux enfants.
Annie est une figure connue à Djerba et est de toutes les activités sociales et culturelles de l’ile et a le respect de tous les Djerbiens.
A Djerba se trouve la « Ghriba » ; la plus ancienne synaguogue d’Afrique et le lieu de pèlerinage de nombreux juifs du monde entier tous les ans du 12 au 14 mai.
Lors de sa présence dans le centre de son amie, Rachid déclare à l’Agence Anadolu qu’il ne se rappelle de la religion d’Annie que pendant les préparatifs du pèlerinage juif à la Ghriba car, selon lui, la religion n’est pas thème de discussion entre eux et ce qui l’unit à son amie juive c’est le drapeau national et leur nationalité commune.
Annie est de son avis et dit qu’elle cherche à connaitre les idées des personnes rencontrées plutôt que leur religion et son amitié avec Rachid s’est consolidée tout au long d’une décennie et est devenue une relation amicale entre les deux familles qui se rendent visite à chaque fête, juive ou musulmane et à chaque occasion familiale.
Rachid, qui aime passer les soirées du Ramadan chez son amie Annie, se rappelle des « Shour » (le petit déjeuner avant l’aube pour les musulmans avant de commencer une journée de jeûne) qu’Annie prépare à des amis musulmans quand la veillée se poursuit tard dans la nuit.
Annie dit de son côté aimer l’ambiance du mois du Ramadan à Djerba et affectionne surtout les visites entre les familles et les échanges de plats culinaires préparés au mois saint ou pendant les fêtes juives.
Il est à noter que la communauté juive qui dépassait les 100 milles à Djerba avant 1967, ne compte plus que quelques 16 000 de nos jours après l’émigration de plusieurs familles juives.