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Ambassadeur des Etats-Unis : la Türkiye est la « clé » de la nouvelle voie vers la paix au Moyen-Orient

- « Nous avons toujours considéré la Türkiye comme un grand allié au sein de l'OTAN », a déclaré à Anadolu l'ambassadeur américain Tom Barrack

Sümeyye Dilara Dinçer  | 30.06.2025 - Mıse À Jour : 30.06.2025
Ambassadeur des Etats-Unis : la Türkiye est la « clé » de la nouvelle voie vers la paix au Moyen-Orient

Ankara

AA / Izmir - Istanbul / Sumeyye Dilara Dincer et Fatma Zehra Solmaz

L'ambassadeur américain en Türkiye Tom Barrack a souligné le rôle central d'Ankara dans la dynamique régionale, déclarant : « Israël a besoin d'être redéfini, il est en train de l'être. Ce qui vient de se passer entre Israël et l'Iran est l'occasion pour nous tous de dire : 'Temps mort, créons une nouvelle voie'. La Türkiye est un élément clé de cette nouvelle voie. »

Lors d'un entretien accordé à Anadolu, Barrack, qui est également le représentant spécial des États-Unis pour la Syrie, a évoqué ses profonds liens personnels avec la Türkiye.

Rappelant que son grand-père a émigré aux Etats-Unis en 1900 avec un passeport ottoman et 13 lires en poche, il a déclaré: « Avoir le cadeau et la chance de retourner là d'où vient mon ADN, en tant que haut diplomate du président (Donald) Trump... c'est tout simplement un privilège. »

Barrack a parlé des relations entre les États-Unis et la Türkiye et des derniers développements au Moyen-Orient. À propos de la rencontre entre Trump et le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s'est tenue lors du sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'OTAN à La Haye, l'ambassadeur a déclaré que Trump et Erdogan, ainsi que le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan et le Secrétaire d'État américain Rubio, entretenaient de bonnes relations au niveau personnel.

« Nous sommes partis d'une affinité et d'une compréhension de ces quatre personnes, les deux présidents et les ministères des affaires étrangères, qui ont une relation personnelle basée sur la confiance mutuelle à un moment très, très important de l'histoire », a-t-il déclaré.

Rappelant que Trump et Erdogan se sont parlé deux fois au téléphone, Barrack a déclaré que cela a contribué à renforcer la confiance entre eux. Il a souligné qu'une nouvelle ère dessinée par le Moyen-Orient et le Proche-Orient est en train de prendre forme, notant que les États-Unis ont toujours considéré la Türkiye comme un allié majeur au sein de l'OTAN.


** « Acteur régional de premier plan »

Selon Barrack, Trump et Erdogan considéraient cette situation comme une opportunité de changer le dialogue.

« Le dialogue au Moyen-Orient nécessite un leadership ; il nécessite un leadership fort », a-t-il affirmé.

Réfléchissant au rôle de la Türkiye au sein de l'OTAN, il a ajouté : « Avant cette réunion de l'OTAN, nous avons toujours considéré la Türkiye comme un grand allié au sein de l'OTAN. Mais à mon humble avis, la Türkiye n'a jamais eu la place qu'elle devrait avoir en tant qu'acteur régional de premier plan. »

Décrivant un moment du sommet de l'OTAN, Barrack s'est souvenu : « En regardant la photo de famille de l'OTAN et en voyant le président Erdogan se tenir juste à côté du président Trump, et vous pouvez voir le président Trump, qui est très émotif en son for intérieur - réellement agréable, aimable, délicat - mais qui ne l'affiche généralement pas dans un contexte de pouvoir, lorsqu'ils se sont serré la main.... Je veux dire que c'était un moment exceptionnel. Ils s'apprécient vraiment l'un l'autre ».

S'exprimant sur les troubles que connaît actuellement le Moyen-Orient, il a déclaré : « Nous sommes à un moment au Moyen-Orient où tous les pays de la région aspirent à une solution. Cela fait 100 ans que nous vivons dans la confusion, une confusion principalement causée par l'Occident, par la main de l'Occident, qui essaie toujours d'interférer ».

Soulignant que les F-16 et les F-35 sont des composants essentiels pour l'allié de l'OTAN qu'est la Türkiye, Barrack a noté qu'une partie importante des composants du F-35 sont produits en Türkiye. Il a souligné que la Türkiye a déjà payé pour les F-16 et leur modernisation, et a partagé quelques anecdotes de la période où les sanctions CAATSA ont été appliquées.

Barrack a également souligné l'importance d'approfondir la coopération stratégique, en particulier dans le domaine de la défense.

Il a reconnu que la question du F-35 était un sujet de débat de longue date, déclarant que les deux parties cherchaient maintenant à « mettre cela de côté » et ont exprimé le désir de « repartir sur de nouvelles bases ».

Il a également déclaré : « Le Congrès (américain) est prêt à jeter un regard neuf sur la question. Le président Erdogan et le ministre des affaires étrangères Fidan font de même et disent ‘repartons à zéro’... Je pense que vous verrez le président Trump et le président Erdogan dire au Secrétaire d’Etat Rubio et au ministre des affaires étrangères Fidan : ‘Finissons-en, trouvons le moyen d'y parvenir et finissons-en’, et le Congrès soutiendra une conclusion intelligente. Je pense donc que d'ici la fin de l'année, nous aurons la possibilité de parvenir à une solution ».

En ce qui concerne les questions des F-35, F-16 et S-400, Barrack a ajouté : « Je pense donc que ce que vous allez voir dans les deux prochains mois, c'est une nouvelle rencontre entre nos deux présidents et nos deux Secrétaires d'État, un agenda bilatéral - toutes ces choses qui ont été discutées pendant cinq ans. Les F-35, les F-16, les S-400, les sanctions, les droits de douane sont secondaires par rapport à notre mission ».

« Pour la première fois, aussi loin que je me souvienne, vous avez un engagement américain et un engagement de la Türkiye pour dire : au lieu d'être seulement des partenaires de défense, soyons des partenaires offensifs. Comment pouvons-nous aider le peuple turc et comment pouvons-nous créer plus de compréhension avec la population américaine », a-t-il déclaré.

Il a également fait l'éloge des performances de la Türkiye dans l'industrie de la défense, en particulier le succès mondial des drones TB2 et Bayraktar de Baykar, et a décrit Turkish Airlines comme une des meilleures compagnies aériennes au monde.

Barrack a en outre partagé ses pensées sur la ville égéenne de Türkiye, Izmir, déclarant : « Pour moi, Izmir est l'exemple de la façon dont on mélange toutes ces communautés où les juifs vivent côte à côte avec les musulmans et les chrétiens ».

« Ainsi, je considère que c'est vraiment l'exemple de ce qui doit se produire au Moyen-Orient et dans le monde, c'est le mélange des cultures, des pensées, des points de vue, sans convoitise, sans avidité, sans hostilité, et je pense que la Türkiye peut être le point central de tout cela, comme vous le voyez en Syrie. Mais ce qui se passe en Syrie est en grande partie dû à la Türkiye et à son leadership », a déclaré l'ambassadeur américain.


** Possibilité d'un accord entre la Syrie et Israël

Interrogé sur la possibilité d'un accord entre la Syrie et Israël, Barrack a déclaré : « Mon souhait est, oui, qu'ils aient un accord à un moment ou à un autre ».

Il a noté que le président syrien Ahmed al-Charaa est en fonction depuis six mois et a rappelé l'opposition historique d'Israël à l'État syrien. Barrack a déclaré qu'al-Charaa a ouvertement déclaré qu'il ne haïssait pas Israël, qu'il ne nourrissait aucune animosité religieuse et qu'il souhaitait la paix à la frontière.

« Je sais qu'Israël veut la même chose. Je pense que ce que vous verrez, c'est le début d'un dialogue en coulisse sur des questions frontalières plus simples sur lesquelles ils peuvent s'aligner, et finalement un dialogue de conciliation pour savoir comment stabiliser la frontière », a-t-il déclaré. Il s'est dit convaincu qu'un accord similaire pourrait également être conclu avec le Liban, qui, selon lui, correspond au même modèle.

« Pourquoi ne pourrions-nous pas vivre en paix ? Et quelles que soient mes pratiques religieuses, je les pratiquerai en paix... Je pense que vous verrez que la Syrie est l'expérience la plus rapide en la matière », a ajouté Barrack.

Il a souligné qu'une transformation était nécessaire pour donner une chance à la Syrie et a rappelé le soutien du président Erdogan à Al-Charaa. Barrack a ajouté : « Il est donc essentiel de soutenir ce gouvernement sans ingérence dans ses affaires. Mais leur avenir est de se débarrasser de tous les adversaires à toutes leurs frontières. »

Interrogé sur la position américaine concernant l'intégration du nord-est de la Syrie et le rôle du groupe qu'il désigne sous le nom de Forces démocratiques syriennes (FDS), Barrack a déclaré que Trump et Rubio avaient clairement exprimé leur point de vue. « Il n'y aura qu'un seul État-nation avec lequel nous traiterons, et c'est le gouvernement syrien », a-t-il déclaré.

« Les FDS, qui avaient une composante de ce que nous appelons PKK/YPG, ont combattu aux côtés des Américains et de leur mission et contre ISIS (Daech) », a-t-il dit, ajoutant que « les FDS doivent s'intégrer, à la fois militairement et politiquement, dans la nouvelle Syrie (...) comme les Alaouites, comme les Druzes, comme les autres communautés qui cherchent à être représentées. »

Selon Barrack, un tel processus prend du temps.


** « Le Moyen-Orient est prêt pour un nouveau dialogue »

Interrogé sur la déclaration du représentant spécial américain Steve Witkoff selon laquelle de nombreux pays sont prêts à rejoindre les accords d'Abraham malgré le conflit actuel à Gaza, Barrack a salué les efforts exceptionnels de Witkoff dans la gestion des questions délicates.

Il a souligné qu'Israël a toutes les chances de construire l'unité avec le monde musulman. Barrack a également souligné l'importance des accords initiaux conclus par les Émirats arabes unis, le Bahreïn et le Soudan pour faire avancer ce processus.

Il a rappelé l'interdiction de voyager imposée en 2015 aux pays musulmans et la façon dont elle a finalement conduit aux accords d'Abraham. Il a indiqué que le premier voyage à l'étranger de Donald Trump était prévu à Riyad en 2016, ce qui a jeté les bases d'un dialogue entre Israël et les pays arabes du Golfe.

Barrack l'a décrit comme « un dialogue entre Israël et les pays arabes du Golfe », reconnaissant qu'il est « très difficile d'étendre ce dialogue au milieu de la controverse sur Gaza ».

Soulignant que toutes les parties prennent la responsabilité de résoudre le conflit, Barrack a déclaré : « Je pense donc qu'ils vont résoudre le problème. Nous allons assister à un cessez-le-feu à Gaza dans un avenir proche. Je pense que nous avons la bonne équipe sur ce dossier ».

Il a souligné que la Türkiye et Israël ont autrefois partagé des relations fortes et que cela est possible à nouveau, insistant sur le fait que la religion n'est pas la cause première du conflit. Il a ajouté : « Il s'agit d'un malentendu sur les ambitions territoriales ».

Barrack a également exprimé l'espoir d'une reprise du dialogue non seulement entre la Syrie et Israël, mais aussi entre le Liban et Israël.

« Je pense que le Moyen-Orient est prêt à renouer avec le dialogue. Les deux parties font preuve d'un grand leadership. Les gens sont fatigués de la même vieille histoire, et je pense que vous verrez, petit à petit, tout le monde commencer à revenir vers les accords d'Abraham - en particulier lorsque la situation à Gaza sera réglée », a-t-il déclaré.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

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