AA / Ankara

Alors que la Turquie et la Chine s'apprêtent à célébrer le cinquantième anniversaire de l'établissement des liens diplomatiques entre les deux pays, leurs relations sont appelées à s'approfondir davantage dans la période à venir, a déclaré, samedi, l'ambassadeur de Turquie à Beijing.

Dans une interview accordée à l'Agence Anadolu, Abdulkadir Emin Onen a commenté les relations politiques, commerciales et culturelles des deux pays ainsi que les derniers développements à la lumière de l'épidémie de nouveaux coronavirus.

L'ambassadeur Onen a déclaré que cette épidémie prouvait l'importance de la coopération internationale, de la solidarité, des infrastructures sanitaires, des chaînes d'approvisionnement et d'une structure étatique solide, et qu'elle a eu pour effet de consolider le dialogue entre les ministères de la santé turc et chinois.

L'arrivée, fin 2020, du premier lot du vaccin chinois Sinovac a fait progresser leur coopération dans le domaine de la santé, a déclaré l'ambassadeur, précisant que de nouveaux lots de vaccin devraient arriver en Turquie prochainement.

- L'Asie à nouveau en pleine ascension

Onen a déclaré que l'Asie était en passe de redevenir le centre économique et politique du monde et que la Chine était l'un des pays cibles de l'initiative "Asia Anew" d'Ankara.

Soulignant que les deux pays se développent au niveau régional et mondial, il a déclaré que la Chine deviendra la plus importante économie du monde d'ici 2035, alors que la Turquie devrait être parmi les cinq premiers, c'est pourquoi les responsables des deux pays ont pris une série de dispositions axées sur la planification de l'avenir.

Selon le diplomate, le premier train de marchandises turques, qui s'est rendu en Chine en décembre, a permis aux exportateurs turcs de se rapprocher d'un marché évalué à 2 000 milliards de dollars. De plus, a-t-il affirmé, la relance de la route de la soie offre de grandes opportunités, les trains d'exportation ayant pratiquement fait de la Chine un voisin de la Turquie.

Avec les trains de marchandises et les avions cargos, la Turquie prévoit d'être plus présente en Asie, notamment en Chine, à un moment où les chaînes d'approvisionnement mondiales sont remodelées par la pandémie, explique l'ambassadeur.

Alors que les chiffres de 2019 pour les exportations de produits alimentaires et agricoles de la Turquie vers la Chine ont augmenté de 62,5%, correspondant à 225,4 millions de dollars, la tendance à la hausse devrait se poursuivre en 2020 malgré la pandémie, a déclaré l'ambassadeur, ajoutant que son pays prévoyait d'augmenter les exportations à 1 milliard de dollars.

Actuellement, le volume des échanges commerciaux des deux parties est supérieur à 21 milliards de dollars et la Chine est l'un des trois principaux partenaires commerciaux de la Turquie. Cependant, la balance est en faveur de la Chine et la Turquie doit attirer des investissements chinois directs sur son territoire afin de réduire son déficit commercial, a-t-il affirmé.

Le diplomate a également déclaré que les investissements chinois en Turquie depuis 2002 s'élevaient à 1,8 milliard de dollars, un montant bien en deçà de ce qui peut être réalisé, et qu'ils pourraient augmenter leur volume d’échanges commerciaux et leurs investissements mutuels grâce à une bonne planification, sur une période de cinq ans, et à une coopération basée sur la sincérité et la détermination.

- Importance du commerce électronique

Notant que la Chine compte 850 millions de consommateurs de services numériques et une classe moyenne de 400 millions de personnes avec un revenu annuel de 20 000 dollars, le responsable turc a déclaré que le commerce électronique devenait de plus en plus important étant donné l'évolution rapide des habitudes de consommation de la société chinoise.

Il a également noté que l'épidémie de COVID-19 a eu un impact positif sur les activités d'achat en ligne, et que la présence de produits turcs de haute qualité sur de telles plateformes signifierait une interaction directe avec le marché chinois.

L'ambassadeur a déclaré que le bien-être et la paix des peuples musulmans d'origine turque dans la région autonome chinoise du Xinjiang et la préservation de leur identité culturelle figuraient parmi les points à l'ordre du jour de la politique étrangère turque avec la Chine.

L'ambassadeur Onen a déclaré que les Ouïghours reliaient les frontières occidentales et orientales de la route de la soie et a ajouté qu'il s'attendait à ce qu'ils contribuent positivement aux relations avec la Chine dont l'intégrité territoriale et la politique " Chine unique " bénéficiaient du soutien de la Turquie.

La Turquie suit la situation dans la région autonome, en accord avec les principes du droit international et en ayant recours aux outils diplomatiques, tout en notifiant les autorités chinoises des sensibilités et des attentes de la Turquie.

La Turquie et la Chine vont célébrer le 50e anniversaire de l'établissement de liens diplomatiques et les autorités préparent des activités pour dynamiser les relations culturelles, touristiques, artistiques, économiques et sportives du pays, a déclaré Onen.

Selon lui, la Turquie vise à attirer environ un million de touristes chinois dans la période à venir, une fois que l'épidémie de COVID-19 disparaîtra.

Onen a noté qu'un film turc -- Miracle in Cell No. 7 -- nominé aux Oscars est sorti en Chine et que plus d'un demi-million de personnes ont regardé le film malgré la pandémie, ce qui lui vaut une note de 9,3 sur 10 selon le site Douban, un réseau social chinois.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj