AA / Berlin

Les militants écologistes allemands se sont engagés à poursuivre les manifestations contre l'exploitation de la mine de charbon dans le village de Lutzerath, dans l'ouest du pays, après que des dizaines de manifestants ont été blessés, samedi, lors d'une violente intervention de la police.

"Nous allons poursuivre notre résistance dans les jours à venir", a déclaré à Anadolu, dimanche, Mara Sauer, porte-parole des militants, ajoutant que les plans d'expansion des mines de charbon menacent des aspects importants de l'environnement et du climat.

"Nous restons à Lutzerath. L'exploitation du charbon ici doit être arrêtée. C'est la source de la crise climatique. Il faut que cela cesse", a-t-elle déclaré.

Plus de 1 500 policiers ont été déployés dans la région depuis mardi, pour expulser de force les militants écologistes de leurs cabanes dans les arbres et des bâtiments qu'ils occupaient à Lutzerath.

La police a expulsé des centaines de militants du village au cours des deux derniers jours, mais plusieurs d'entre eux résistaient encore à l'expulsion depuis des cabanes dans les arbres et des tunnels souterrains.

Samedi, des milliers de manifestants ont participé à un rassemblement près du village pour protester contre le gouvernement allemand et les projets d'expansion de la mine. Selon les organisateurs, la foule comptait 35 000 personnes.

Des dizaines de militants écologistes ont été blessés lorsque la police a fait usage de gaz lacrymogène et de matraques pour disperser les manifestants. Les militants ont accusé la police d'avoir fait un usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques.

Lutzerath a été occupé pendant deux ans par des militants anti-charbon, devenant un symbole pour les groupes écologistes réclamant la fin de l'utilisation du charbon et des combustibles fossiles.

La militante pour le climat Bente Opitz a critiqué le gouvernement de coalition allemand et le parti pro-environnemental Les Verts, pour ne pas avoir respecté leurs promesses d'éliminer progressivement le charbon et de réduire les émissions de gaz.

"Les Verts nous avaient soutenus par le passé lorsque nous occupions ce village, mais après avoir rejoint le gouvernement de coalition, ils ont changé de position", a-t-elle déclaré à Anadolu.

Et de renchérir : "Ils ont commencé à prétendre que l'Allemagne a besoin du charbon situé sous Lutzerath pour assurer sa sécurité énergétique".

Selon Opitz, les militants écologistes allemands ont perdu tout espoir dans le gouvernement, et ne croient pas que les partis au pouvoir prendront des mesures sérieuses pour lutter contre la crise climatique.

"Nous avons vu au cours des deux dernières années que l'Allemagne n'a rien fait pour se mettre en conformité avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius. Nous ne sommes donc pas non plus surpris par leur récente décision", a-t-elle déclaré.

Les groupes environnementaux avaient espéré que le village serait épargné après l'arrivée au pouvoir de la coalition de centre-gauche du chancelier Olaf Scholz, comprenant Les Verts, qui avait affiché des objectifs ambitieux en matière de protection du climat.

La guerre de la Russie en Ukraine a toutefois déclenché une grave crise énergétique en Allemagne, poussant Berlin à redémarrer les centrales au charbon, pour assurer la sécurité énergétique du pays.

L'entreprise énergétique RWE prévoit de démolir le village de Lutzerath pour agrandir la mine de charbon de Garzweiler. La société a déclaré dans un communiqué que le charbon sous Lutzerath est nécessaire "pour exploiter de manière optimale" les centrales au lignite pendant la crise énergétique.

En vertu d'un accord conclu avec le gouvernement, RWE avancera de huit ans son retrait progressif du charbon et mettra fin à la production d'électricité à base de lignite d'ici 2030.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj