Allemagne : Merz critique la nouvelle stratégie de sécurité des États-Unis
- Le chancelier allemand affirme que la nouvelle stratégie de l’administration Trump confirme que l’Europe doit devenir plus indépendante des États-Unis en matière de politique de sécurité
Berlin
AA / Berlin / Ayhan Simsek
Le chancelier allemand Friedrich Merz a critiqué mardi la nouvelle stratégie de sécurité des États-Unis, qui ne classe pas la Russie comme une menace et accuse l’Union Européenne (UE) de censurer la liberté d’expression et réprimer l’opposition politique.
S’exprimant devant des journalistes à Mayence, Merz a déclaré que le document de la nouvelle stratégie nationale de sécurité de l’administration Trump ne constituait pas une surprise totale, mais il a qualifié certains de ses aspects d’« inacceptables » pour les Européens.
« La question la plus importante, bien sûr, est de savoir ce que cela signifie pour notre coopération en matière de politique de sécurité. Cette stratégie confirme mon évaluation : en tant qu’Europe, et donc aussi en tant qu’Allemagne, nous devons devenir beaucoup plus indépendants des États-Unis sur le plan de la politique de sécurité », a-t-il expliqué.
Merz a précisé que le document poursuit l’approche « America First » du président Donald Trump, mais il a averti que mettre les alliés de côté ne servirait pas les intérêts américains.
« Dans mes discussions avec les Américains, je dis : ‘America First’, c’est bien, mais ‘America Alone’ ne peut pas être dans votre intérêt. Vous avez besoin de partenaires dans le monde. Et l’un de ces partenaires peut être l’Europe », a-t-il ajouté.
Vives réactions en Europe face à la vision américaine
Dans la stratégie de sécurité nationale des États-Unis publiée le 5 décembre, il était avancé que si les tendances politiques actuelles observées en Europe se poursuivaient, le continent « deviendrait méconnaissable en 20 ans ou moins » et que le déclin économique serait assombri par « une possibilité réelle et plus frappante, celle d'un effacement civilisationnel ».
Le document, qui remet en question la capacité de certains pays européens à disposer « d'économies et d'armées suffisamment solides pour rester des alliés fiables », accuse l'UE et certaines organisations transnationales de mener des activités « sapant la liberté politique et la souveraineté ». Il affirme également que les politiques migratoires sont génératrices de « conflits ».
Parmi les problèmes de la région européenne, le document mentionne la censure de la liberté d'expression et la répression de l'opposition politique, la baisse du taux de natalité et la perte d'identité nationale et de confiance en soi, tout en louant l'influence croissante des « partis patriotiques » dans la région.
Sur l'avenir de l'Alliance atlantique, le document estime qu'« il est fort probable que d'ici quelques décennies, la majorité des membres de l'OTAN ne soient plus européens », suggérant de mettre fin à la perception de l'OTAN comme une alliance en expansion perpétuelle.
Enfin, le rapport soutient que « les pays européens ne parviennent pas à se restructurer lorsqu'ils sont confrontés à une crise politique », tout en reconnaissant que « l'Europe revêt une importance stratégique et culturelle vitale pour les États-Unis ». « Nous ne pouvons pas ignorer l'Europe. La diplomatie américaine doit continuer à défendre la célébration sans repentir du caractère et de l'histoire propres à chaque nation européenne », conclut le texte.
Ces déclarations sur l'Europe ont suscité des réactions négatives de la part de certains responsables politiques européens, notamment ceux favorables à l'union.
* Traduit de l'anglais par Mariem Njeh
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