Algérie-France: Les autorités algériennes annoncent la dénonciation de l'accord sur les passeports diplomatiques
- La Diplomatie algérienne a répondu au contenu de la lettre adressée par le président français à son Premier ministre lui demandant de prendre des mesures supplémentaires contre les responsables algériens

Alger
AA / Alger / Aksil Ouali
Les autorités algériennes ont réagi, ce jeudi, à la décision du président français d'appliquer de nouvelles mesures contre l’Algérie, dont la suspension de l'exemption des détenteurs de passeports diplomatiques de l'obligation d'obtenir un visa d'entrée et de circulation sur le territoire français.
Dans un communiqué rendu public, le ministère algérien des Affaires étrangères a affirmé que « les Autorités algériennes ont examiné avec beaucoup d’attention la lettre adressée par le Président français à son Premier ministre, ainsi que les explications fournies le 7 août courant au Chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie en France par le Quai d’Orsay ».
L’Algérie « ne cède pas à la pression, à la menace et au chantage », lit-on dans le communiqué. « La France, dès la survenance de cette crise de son propre fait, a posé sa gestion en termes de rapports de force. C’est elle qui a procédé par injonctions, ultimatums et sommations. C’était ignorer, bien légèrement, que l’Algérie ne cède pas à la pression, à la menace et au chantage quels qu’ils soient », a expliqué la même source.
Rejetant toute responsabilité dans la crise actuelle, l’Algérie, selon le communiqué, « tient à rappeler, une fois de plus, qu’elle n’a été historiquement à l’origine d’aucune demande de conclusion d’un accord bilatéral d’exemption de visas au profit des titulaires de passeports diplomatiques et de service ».
« A maintes reprises, c’est la France, et elle seule, qui a été à l’origine d’une telle demande », a noté la même source. Dans la foulée, les autorités algériennes ont décidé de dénoncer cet accord sur les passeports diplomatiques.
« En décidant la suspension de cet accord, la France offre à l’Algérie l’opportunité idoine d’annoncer, quant à elle, la dénonciation pure et simple de ce même accord. Conformément aux dispositions de l’article 08 dudit accord, le Gouvernement algérien notifiera incessamment au Gouvernement français cette dénonciation par la voie diplomatique », a indiqué le communiqué.
Selon la même source, « désormais, les visas qui seront accordés aux titulaires français de passeports diplomatiques et de service obéiront, en tous points, aux mêmes conditions que celles que la partie française imposera à leurs homologues algériens ».
Concernant l’annonce de la réactivation du levier visa-réadmission, le Gouvernement algérien a précisé, selon la même source, « tient à constater que ce levier est en flagrante violation de l’accord algéro-français de 1968 et de la convention européenne des droits de l’homme de 1950 ». « La protection consulaire de l’Algérie à l’égard de ses ressortissants en France sera sans faille (...) », a ajouté le même document.
Pour les autorités algériennes, la lettre du Chef de l’Etat français à son Premier ministre fait « une présentation biaisée de la problématique des accréditations du personnel diplomatique et consulaire dans les deux pays ».
« Depuis plus de deux années, c’est la France qui a pris l’initiative de ne pas accorder les accréditations en question au personnel consulaire algérien, dont trois Consuls Généraux et Cinq Consuls. À ce sujet, comme dans d’autres, l’Algérie n’a fait qu’appliquer le principe de réciprocité. Dès lors que les entraves françaises seront levées, l’Algérie répondra par des mesures similaires. Cette position a été déjà notifiée aux autorités françaises, elle demeure en vigueur », a relevé la même source.
En réponse aux contentieux bilatéraux devant faire l’objet d’une recherche de règlements, selon le président français, les autorités algériennes, a fait savoir le communiqué « entendent saisir, par la voie diplomatique, la partie française sur d’autres contentieux devant faire l’objet d’une même recherche de règlements ».
- Crise diplomatique franco-algérienne
Pour rappel, l’Algérie et la France traversent une grave crise diplomatique. Dans ce contexte, le Président français Emmanuel Macron a demandé la « suspension officielle » de l’accord de 2013, déjà mis de facto en pause depuis un renvoi réciproque de diplomates en mai.
Le chef d'État français souhaite également que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, obtienne une coordination avec les autres pays de l’espace Schengen pour limiter l’accès au territoire européen des responsables algériens concernés.
Pour rappel, en avril 2025, la crise diplomatique entre Paris et Alger a franchi un nouveau seuil avec une série d’expulsions réciproques de diplomates. Le 14 avril, l’Algérie a annoncé l’expulsion de douze diplomates français.
Le lendemain, en réponse directe, la France a répliqué en déclarant qu’elle allait expulser à son tour douze diplomates algériens. Ce geste s’est accompagné du rappel de son ambassadeur à Alger, signal fort d’un refroidissement brutal des relations bilatérales. Cet échange de mesures hostiles a profondément tendu un dialogue déjà affaibli, cristallisant des mois de désaccords sur les questions migratoires, sécuritaires et mémorielles.
Le contentieux historique entre l’Algérie et la France est très profond. En plus de la question des archives, la restitution des biens d’algériens confisqués, l’Algérie réclame aussi des réparations sur les essais nucléaires français en Algérie et l’indemnisation des victimes. L’Algérie réclame aussi la reconnaissance des crimes coloniaux par la France.