AA/Algérie/Aksil Ouali

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a effectué, ce mercredi 8 décembre, une visite surprise en Algérie. Le chef de la diplomatie française est arrivé à Alger en fin matinée où il a été accueilli par son homologue, Ramtane Lamamra. Les deux hommes, rapporte l’agence officielle (APS), se sont entretenus.

Selon la même source, le ministre français est en « visite de travail et d’évaluation des relations bilatérales entre l’Algérie et la France ». « Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française sera reçu par la suite en audience par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune », ajoute la même source.

Contrairement aux usages diplomatiques, cette visite n’a été annoncée officiellement que ce matin. Ni les autorités algériennes, ni françaises n’ont communiqué sur le sujet auparavant. La venue de Jean-Yves Le Drian intervient, selon des médias français, pour « relancer la relation franco-algérienne », marquée, depuis début octobre, par de vives tensions qui ont culminé avec le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris.

La crise diplomatique entre les deux pays a été attisée notamment par les propos du président français, Emmanuel Macron, qui a qualifié, le 30 septembre dernier, « le régime algérien de politico-militaire dur », tout en jetant le doute sur l’existence de la Nation algérienne avant la colonisation française en 1830.

Outre le rappel de son ambassadeur, l’Algérie a interdit également, le 3 octobre dernier, le survol de son territoire aux avions militaires français ralliant le Sahel. Pour tenter de décrisper les relations avec l’Algérie, le président français a exprimé « ses regrets », tout en se disant « fortement attaché au développement de la relation bilatérale ».

Emmanuel Macron avait affirmé, le 9 novembre dernier, qu’il « regrette les polémiques et les malentendus avec l’Algérie et assure avoir le plus grand respect pour la nation algérienne et son histoire ». Cette déclaration a été saluée par le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra. Ce dernier a fait ensuite le déplacement à Paris pour participer à la conférence internationale sur la Libye, tenue le 12 novembre dernier.

---Début d’un dégel ?---

Mais le président Abdelmadjid Tebboune avait refusé de faire lui-même partie de cette rencontre, jugeant, selon Ramtane Lamamra, que « les conditions n’étaient pas encore réunies » pour répondre à l’invitation d’Emmanuel Macron.

Quelques jours plus tard, Jean-Yves Le Drian avait appelé à une relation « confiante » et à « un partenariat ambitieux » avec l’Algérie, au-delà des « blessures mémorielles qui peuvent, parfois, resurgir. La visite d’aujourd’hui annonce-t-elle le début du dégel des rapports entre les deux pays ? Wait and see. Selon le site Africa Intelligence, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron « ont entamé la décrispation progressive de leur relation d’ici au printemps prochain ». Selon la même source, les deux hommes « se sont parlés, longuement, au téléphone fin novembre dernier ». Mais l’information n’a pas été communiquée officiellement par l’Elysée et El Mouradia (siège de la présidence algérienne).