Alger accuse le Maroc d'être "le pourvoyeur de haschich dans le pays"

Algeria
AA/Alger/Karim Kabir
Le Secrétaire général de Rassemblement national démocratique (RND),(deuxième force politique du pays), et premier ministre, Ahmed Ouyahia, a pointé du doigt, de nouveau, samedi, sans le nommer, le Maroc d’être la source de la provenance de la drogue qui inonde l’Algérie.
«Le monde n’a pas besoin que le secrétaire général du RND lui dise où se trouve le haschisch en Afrique du Nord. Il ne nous vient pas d’Afghanistan, qui est trop loin de nous ! », a affirmé Ahmed Ouyahia lors d’une conférence de presse organisée à Alger au terme des travaux du Conseil national de son parti.
Déplorant les dégâts que la drogue provoque chez les jeunes, Ahmed Ouyahia a plaidé pour l’instauration de la peine de morts contre les trafiquants.
«Si ça ne tenait qu’à moi, j’instaurerai la peine de mort pour les trafiquants de drogue, pas ceux qui la vendent au gramme mais ceux qui la font rentrer par quintaux», a-t-il précisé.
Jeudi, dans son discours d’ouverture des travaux du Conseil National, Ahmed Ouyahia avait déjà affirmé que le RND « condamne d'abord tous ceux qui, de l'extérieur, tentent de noyer notre pays sous un énorme flux de hachisch et de cocaïne».
«Il s'agit là d'une véritable agression contre notre peuple à travers une tentative d'empoisonner notre jeunesse et de ralentir notre développement », avait-il déclaré, selon des propos repris par la presse nationale.
«C'est là aussi une insulte grave envers l’avenir commun des peuples maghrébins », avait-il dit.
Ce n’est pas la première fois qu’un responsable algérien accuse le voisin de l’ouest d’être un pourvoyeur du haschich.
«Les banques marocaines, c'est le blanchiment de l'argent du haschisch, ça tout le monde le sait. C'est des chefs d'États africains qui me le disent », avait affirmé en octobre dernier le chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, lors d’une réunion des opérateurs et hommes d’affaires algériens à Alger.
«Si c'est ça les banques, je ne sais pas, personne ne nous impressionne. La Royal Air Maroc [la compagnie publique marocaine, NDLR] transporte autre chose que des passagers, et cela tout le monde le sait. On n'est pas le Maroc, on est l'Algérie. On a un potentiel, on a de l'avenir. Nous sommes un pays stable », avait-il dit. Des propos qui ont vite provoqué la colère de Rabat qui avait rappelé son ambassadeur à Alger pour consultation ainsi que le chargé d’affaires algérien à Rabat.
«Ces propos affabulatoires sont d'un niveau d'irresponsabilité sans précédent dans l'histoire des relations bilatérales et témoignent d'une ignorance aussi profonde qu'inexcusable des normes élémentaires du fonctionnement du système bancaire et de l'aviation civile », avait réagi le ministère marocain dans Affaires étrangères dans un communiqué repris par les médias et les agences de presse.
Les tensions entre les deux pays sont fréquentes et les frontières entre les deux pays sont fermées depuis 1994 après des accusations portées par le Maroc contre l’Algérie.
Rabat avait accusé les services algériens d’être impliqués dans un attentat survenu au Royaume. L’autre sujet de tension est lié au Sahara occidental, cette ancienne colonie espagnole pour qui le Maroc propose l’autonomie sous sa souveraineté alors que le front Polisario, soutenu par Alger, réclame un référendum d’autodétermination.