Algérie : Pénurie de certains produits alimentaires, les autorités pointent du doigt la spéculation

Algeria
AA/Alger/Aksil Ouali
La pression sur certains produits de consommation refait surface, ces derniers jours, en Algérie. Le lait en boite et l’huile de table se font rares dans les commerces, alors que les prix d’autres produits comme les œufs et les viandes se sont envolés. Cette situation, sujet de discussions des Algériens depuis quelques semaines, s’est invitée même au Parlement où le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a présenté sa déclaration de politique générale.
Devant les députés, le premier responsable du gouvernement a tenu « à présenter des excuses aux citoyens qui trouvent des difficultés à se procurer certains produits ». Ayant rappelé le contexte international qui a provoqué un dérèglement général de l'économie mondiale, Aïmene Benabderrahmane a commencé par souligner les « indicateurs macro-économiques du pays qui réalise un excédent de sa balance commerciale avoisinant les 14 milliards de dollars ».
Il a révélé, au cours de son discours, l’ampleur de l'inflation atteignant les 10% en août dernier. Et c'est déjà très pesant pour les ménages algériens, obligés de payer encore plus cher pour acquérir la même quantité de produits que d'habitude.
Les hausses des prix ont concerné, notamment, les œufs, dont les prix ont plus que doublé depuis le mois d'août dernier. De même pour les viandes rouges et blanches qui se vendent à un prix 30 à 40% plus élevé depuis plusieurs semaines. Les fruits d’importation, telle que la banane dont le prix a augmenté de plus 60% depuis le mois d’août dernier, deviennent carrément inaccessibles pour les petites et moyennes bourses.
A quoi est due cette rareté ? Pourquoi le pays retombe-t-il toujours dans le même scénario ? De nombreux commerçants interrogés sur la pénurie de l’huile et du lait en boite, n’avaient pas de réponse. Ils se sont contentés d’affirmer que « les livraisons de ces produits ont sensiblement baissé », sans connaître les raisons.
Des députés ont interpellé le Premier ministre lors des débats autour de la politique générale du gouvernement. Les intervenants ont relevé particulièrement « l’excès des mesures de restrictions sur les importations qui ont freiné la machine de la production ». Ces mesures, ont-ils insisté, « ont provoqué un début de pénurie de certains produits très demandés par les consommateurs, dont le lait en boîte, l'huile de table et la semoule ».
Interrogé il y a quelques jours par la radio algérienne, Hacene Menouar, président de l’association nationale pour la protection du consommateur (Aman), déplore cette situation. « Malheureusement, ce sont les mêmes problématiques qui préoccupent les esprits des Algériens. On est en 2022 et on se rapproche de 2023, mais dans plusieurs milieux en Algérie, ça ne parle que du lait, de l’huile et la pomme de terre, alors qu’on devrait aborder d’autres problématiques. Même pour nous, en tant qu’association on aurait aimé aborder d’autres sujets, tels que la consommation durable, la santé publique, l’environnement et les changements climatiques, les problèmes de transport », a-t-il affirmé.
Pour faire face à cette situation, le Président Abdelmadjid Tebboune a présidé, mardi 11 octobre, une réunion spéciale consacrée à la maîtrise du marché et la lutte contre la spéculation. Selon un communiqué de la présidence algérienne, « la rencontre a abordé la situation actuelle du marché et la perturbation dans la distribution de certains produits alimentaires, tout en diagnostiquant les failles ».
A l’occasion de cette réunion, a précisé le communiqué, le chef de l’Etat a donné « des instructions » à même de « faire face à ces comportements et les à affronter avec rigueur ». Le même jour, le parquet près le tribunal de Sidi M’hamed a annoncé l’arrestation de « 30 individus qui sont poursuivis dans des affaires de spéculation illicite sur des produits alimentaires de large consommation à travers huit wilayas (département) ».
« Le nombre d’individus poursuivis dans des affaires liées à la spéculation illicite sur des produits alimentaires de large consommation, portées devant le parquet de Sidi M’hamed, section lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, provenant des wilayas de Boumerdès, Djelfa, El-Tarf, Tébessa, Ouargla, Tamanrasset, Sétif et Souk Ahras, a atteint 30 personnes, dont 25 placées en détention provisoire, quatre autres sous contrôle judiciaire, et une personne remise en liberté », a indiqué le parquet.
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