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Alerte du commissaire européen à la Défense : la Russie pourrait nous confronter militairement d'ici quatre ans

- Andrius Kubilius estime que le débat sur une armée européenne doit être engagé, même s’il s’agit d’un objectif à long terme

Melike Pala  | 13.12.2025 - Mıse À Jour : 13.12.2025
Alerte du commissaire européen à la Défense : la Russie pourrait nous confronter militairement d'ici quatre ans

Brussels Hoofdstedelijk Gewest

AA / Bruxelles / Melike Pala

Le commissaire européen à la Défense et à l’Espace, Andrius Kubilius, a averti samedi que la Russie pourrait être prête à « tester » l’Europe dans un conflit d’ici trois à quatre ans, soulignant la nécessité pour l’Union européenne (UE) de renforcer ses capacités de défense.

S’exprimant dans les colonnes du quotidien La Stampa, à l’issue d’une rencontre avec le ministre italien de la Défense Guido Crosetto, Kubilius a qualifié les échanges de « discussions stratégiques de haut niveau », insistant sur l’importance d’une coopération continue pour consolider la sécurité européenne.

« Le problème n’est pas le présent, mais l’avenir. L’économie russe est devenue une économie de guerre. C’est pourquoi nous devons nous renforcer », a-t-il déclaré, mettant en avant deux défis majeurs pour l’Union européenne.

« Il y a d’abord la menace d’une éventuelle agression russe : nos services de renseignement le disent publiquement et clairement, dans les trois ou quatre prochaines années, la Russie pourrait être prête à “nous tester” dans un véritable conflit. Le second défi vient des Américains, qui nous demandent d’assumer une plus grande responsabilité en matière de défense européenne, car ils doivent consacrer de plus en plus de ressources à la région indo-pacifique », a-t-il ajouté.

Andrius Kubilius a reconnu que l’atteinte de capacités de défense européennes complètes nécessiterait du temps, tout en soulignant que de nouveaux instruments financiers et une planification stratégique renforcée permettent d’accélérer les avancées.

Il a notamment évoqué des secteurs clés tels que les données spatiales, le renseignement et les communications satellitaires, dans lesquels l’Europe demeure fortement dépendante du soutien des États-Unis.

Concernant l’avenir de l’OTAN, le commissaire a assuré ne pas anticiper un retrait américain de l’Alliance, tout en appelant l’Europe à se préparer à assumer davantage de responsabilités, tant au sein de l’OTAN que dans les questions de sécurité au sens large.

Abordant la guerre en Ukraine, Kubilius a suggéré d’intégrer l’expérience du champ de bataille et les capacités industrielles des forces armées ukrainiennes dans les structures de défense européennes.

« Nous devons également discuter d’une éventuelle Union européenne de la défense, une nouvelle architecture de sécurité qui pourrait inclure le Royaume-Uni, la Norvège et l’Ukraine, afin de consolider les capacités défensives de l’Europe. Quant à l’idée d’une armée européenne, il est sans doute trop tôt pour avancer des propositions concrètes. C’est un chemin difficile et complexe, mais nous devons commencer à en débattre ouvertement, en nous projetant sur les cinq à dix prochaines années », a-t-il déclaré.

S’agissant du financement des besoins de l’Ukraine, le commissaire a mis en avant des propositions visant à utiliser les avoirs russes saisis en Europe pour soutenir à la fois les besoins militaires et budgétaires de Kiev, précisant que la décision finale relève des chefs d’État et de gouvernement de l’UE.

« La meilleure garantie de la sécurité de l’Ukraine reste une armée forte. Parallèlement, nous devons aider l’Ukraine à devenir un pays prospère après la paix, notamment à travers son intégration à l’Union européenne », a-t-il conclu.


* Traduit de l'anglais par Adama Bamba

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