Agression d’une octogénaire à Cannes : Le père de l'agresseur dénonce une « punition collective » du maire
- Privé de son emplacement et menacé d’être expulsé de son logement, le commerçant se confie à l'Agence Anadolu.

France
AA/Nice/Feïza Ben Mohamed
Bouchaïb, dont le fils de 14 ans comparaissait la semaine dernière devant la justice pour avoir violemment agressé une octogénaire à Cannes, est abattu. Depuis plusieurs mois, il vit au rythme des rebondissements politiques comme médiatiques, de l’affaire dans laquelle il est embourbé.
En août dernier, son jeune fils, commettait l’irréparable, en agressant une dame très âgée pour lui voler son sac.
S’il a été placé en CEF (centre éducatif fermé), et été éloigné du département et de sa famille depuis les faits, la municipalité cannoise a récemment pris plusieurs initiatives visant à sanctionner ses parents.
Dans un entretien exclusif à l’Agence Anadolu, Bouchaïb, son père, est revenu sur l’affaire pour en expliquer les récents développements.
- Privé de son travail sur le marché de Cannes
« Je travaille tous les samedis sur le marché depuis 2001 et ça fait donc 22 ans que j’ai cette activité », raconte le père de famille d’origine marocaine.
Il a reçu, le 4 octobre dernier à son domicile, un courrier émanant de la mairie de Cannes, l’informant que son « autorisation d'occupation du domaine public en qualité de commerçant non sédentaire » lui était retirée.
Dans cette lettre, que l’Agence Anadolu a pu consulter, la municipalité explique que la présence de Bouchaïb sur le marché de Cannes-la-Bocca pourrait provoquer un « désordre ».
« On me prive de ma seule source de revenus », grince le commerçant qui assure n’avoir jamais eu de problème avec qui que ce soit sur ce marché et pointe « une punition collective ».
Rappelant que son fils « est inexcusable et sera sans doute très lourdement condamné », il ne comprend pas que le maire de Cannes essaie maintenant de le sanctionner personnellement alors qu’il n’a rien à voir avec les faits commis par son fils.
« Je suis un père, qui a des difficultés éducatives avec son enfant. Est-ce que je mérite pour autant qu’on ajoute de la difficulté à l’épreuve déjà difficile que je traverse ? Est-ce qu’il est légitime de lancer une forme de punition collective à l’égard de toute ma famille ? J’ai des filles qui font des études, qui se retrouvent avec un père qui perd son travail et pourrait perdre son logement parce que maintenant, on nous menace aussi de nous expulser de notre appartement », questionne le commerçant.
La décision de la mairie a été contestée devant la justice par l’avocat de la famille Maître Sefen Guezguez qui espère ainsi la faire invalider.
- Une plainte déposée contre le maire
L’affaire aurait pu s’arrêter là et ne rester qu’un simple contentieux sur l’octroi d’une place au marché mais un communiqué de presse du maire de Cannes est venu mettre le feu aux poudres en divulguant l’identité complète de Bouchaïb, et des informations personnelles le concernant.
Depuis, le père de famille vit un calvaire, et son identification par des internautes, provoque depuis dimanche, menaces et intimidations.
Il a donc décidé de déposer plainte et accuse la mairie de « mise en danger » pour avoir divulgué des éléments permettant de l’identifier.
Dans son communiqué de presse, l’élu cannois va jusqu’à révéler des démêlés administratifs de l’intéressé et dévoiler qu’il a été à la tête d’une agence de voyage, en faisant un sous-entendu surprenant.
Sans que rien ne le justifie, il est précisé que Bouchaïb était à la tête d’une « agence de voyage spécialisée sur un type spécifique de déplacement », à savoir une agence qui s’occupait d’organiser des pèlerinages à La Mecque.
« David Lisnard nous met en danger en divulguant notre nom de famille, depuis la diffusion de son communiqué où il a mentionné au moins 7 ou 8 fois mon identité complète, on a reçu des dizaines et des dizaines de menaces et de messages d’intimidation. Est-ce que c’est ce qu’il cherchait ? », s’interroge Bouchaïb.
S’il est reconnu coupable de mise en danger, le maire de Cannes encourt une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.
Bouchaïb espère quant à lui « pouvoir revivre normalement » et « ne demande qu’à pouvoir travailler et conserver son logement ».
« Ce n’est pas en ajoutant de la difficulté à une situation déjà difficile que l’on peut prétendre rendre justice », lance enfin le père de famille.
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