Afghanistan: Une personne sur trois souffre de faim et d'insécurité alimentaire selon le PAM
-Le Programme alimentaire mondial a mis en garde contre le risque d’une crise humanitaire majeure et annonce une série d'opérations visant à répondre aux besoins des Afghans mis en difficulté par la sécheresse et la guerre.

France
AA/Paris/Ümit Dönmez
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti la communauté internationale du risque d’une crise humanitaire majeure en Afghanistan où une personne sur trois est confrontée à la faim et l'insécurité alimentaire.
Au cours d'une conférence de presse tenue mercredi, Mary-Ellen McGroarty, directrice du PAM en Afghanistan a signalé que « 14 millions de personnes, dont 2 millions d'enfants, sont confrontées à la malnutrition », alors que ce pays d'Asie centrale est en proie à une guerre dans le contexte de sa récente reconquête par les Taliban.
« Le conflit s'est ajouté à la sécheresse et à l'impact socioéconomique de la Covid-19 pour exacerber une situation déjà désastreuse, qui s’apparente de plus en plus à une catastrophe », a déclaré McGroarty, soulignant la détermination du PAM à apporter son soutien à tout le peuple afghan.
Avertissant d'un risque imminent « de dégradation de la sécurité alimentaire » en Afghanistan, le PAM a déclaré par voie de communiqué publié mardi, avoir « besoin de 200 millions de dollars » cette année pour pouvoir assurer ses opérations d’aide alimentaire à la population afghane.
« Malgré les problèmes de sécurité et de logistique, le PAM maintient l'accès à la majeure partie du pays, y compris aux zones où se déroulent des combats actifs », note l'agence onusienne rapportant qu'au cours « des six premiers mois de cette année, le PAM a fourni une assistance alimentaire et nutritionnelle à 5,5 millions de personnes, dont des personnes nouvellement déplacées en raison des combats ».
« Le 15 août à Kaboul, le PAM a commencé à venir en aide à plus de 1 000 familles – environ 7 000 personnes – déplacées en raison du conflit, alors que ses équipes sur le terrain répertoriaient davantage de personnes dans le besoin se trouvant dans la capitale afghane », a fait savoir le PAM.
« Le peuple afghan a plus que jamais besoin de notre soutien », a ajouté l’agence onusienne.
Les organisations non gouvernementales (ONG) présentes en Afghanistan font état de camps de fortune éparpillés sur le territoire, avec notamment des familles vivant dans le plus grand dénuement, alors que l'aide apportée par les organisations humanitaires ne suffit pas à répondre aux besoins de plus d'un demi-million de déplacés internes selon un communiqué de l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), publié de 13 août.
« Nous sommes particulièrement inquiets de l’impact du conflit sur les femmes et les jeunes filles », a indiqué l'UNHCR précisant que « parmi près de 250 000 Afghans forcés de fuir depuis la fin du mois de mai, 80% sont des femmes et des enfants ».
L'Agence des Nations unies pour les Réfugiés rapportait que « près de 400 000 civils ont été contraints de quitter leurs foyers depuis le début de l’année, rejoignant ainsi les quelques 2,9 millions d’Afghans qui étaient déjà déplacés internes à travers le pays à la fin 2020 ».
« L’écrasante majorité des Afghans contraints de fuir restent à l’intérieur du pays » a fait observer l'UNHCR, précisant que ceux-ci cherchaient à rester « aussi près de leurs foyers que possible selon les combats ».
« Depuis début 2021, près de 120 000 Afghans ont fui des zones rurales et des villes de province vers la région de Kaboul », notait encore l'agence onusienne « exhortant la communauté internationale à intensifier de toute urgence son soutien pour répondre à cette toute dernière crise de déplacement forcé en Afghanistan ».
L’Afghanistan a été confronté à deux épisodes de sécheresse au cours des trois dernières années, réduisant les récoltes de blé de 40 % et poussant de nombreux habitants des zones rurales à quitter leur terre, notamment au regard de l'avancée des Taliban ayant repris le contrôle du pays, suite au retrait militaire américain, après deux décennies de lutte contre les insurgés.