AA / Kaboul / Sayed Khodaiberdi Sadat

L'ancien président afghan Hamid Karzai a exhorté, dimanche, le président américain Joe Biden à reconsidérer sa décision d'allouer 3,5 milliards de dollars des 7 milliards de dollars de fonds afghans gelés, pour les procédures judiciaires en cours et les demandes d'indemnisation liées au 11 septembre.

"Comment les États-Unis peuvent-ils exiger des compensations d'un pays qui a été victime du terrorisme ?", a lancé Hamid Karzai lors d'une conférence de presse dans la capitale Kaboul, rappelant que Barack Obama était président des États-Unis et Biden son vice-président lorsqu'Oussama ben Laden, le fondateur d'Al-Qaïda accusé d'avoir orchestré les attentats du 11 septembre 2001 a été tué en 2011 par les forces américaines lors d'une opération menée dans le nord du Pakistan.

Ben Laden a été amené en Afghanistan non pas par des Afghans, mais par des étrangers, a déclaré Karzai, ajoutant que les Afghans sont également victimes du terrorisme.

Hamid Karzai a souligné que le peuple afghan n'avait pas à payer le prix des activités terroristes de Ben Laden, appelant le président américain à revenir sur sa décision et à restituer 7 milliards de dollars à la banque centrale d'Afghanistan.

"Comment peuvent-ils blâmer une nation pauvre et confisquer son argent ?" a-t-il interrogé, faisant notamment référence aux graves difficultés financières du pays depuis la prise du pouvoir par le gouvernement intérimaire des Taliban en août dernier.

** La décision de Biden

Le président Biden a décidé, vendredi, de répartir les fonds afghans gelés entre les victimes du 11 septembre et l'aide humanitaire destinée à l'Afghanistan.

Ces fonds sont bloqués à la Federal Reserve Bank depuis que les Taliban ont pris le contrôle du pays en août dernier.

Les Taliban revendiquent la propriété de ces fonds, composés d'actifs tels que des devises, des obligations et de l'or, mais les États-Unis ne les reconnaissent pas comme le gouvernement légitime de l'Afghanistan.

Les responsables Taliban ont demandé à plusieurs reprises le déblocage des fonds bloqués à New York, mais en vertu des sanctions internationales, toute transaction financière avec le groupe est illégale.

Samedi, la banque centrale afghane a protesté contre la décision américaine, déclarant : "Les véritables propriétaires de ces réserves sont le peuple afghan. Ces réserves n'étaient pas et ne sont pas la propriété de gouvernements, de partis ou de groupes et ne sont jamais utilisées en fonction de leurs exigences ou de leurs décisions."

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj