Politique, Monde

Affaire du financement libyen : Libéré, Alexandre Djouhri interdit de quitter l'Île-de-France et privé de passeports

- Cette décision intervient une semaine après un premier refus de sa demande de mise en liberté, l'homme d'affaires avait été incarcéré immédiatement après sa condamnation fin septembre

Mariem Njeh  | 10.12.2025 - Mıse À Jour : 10.12.2025
Affaire du financement libyen : Libéré, Alexandre Djouhri interdit de quitter l'Île-de-France et privé de passeports

Istanbul

AA / Istanbul / Mariem Njeh

La cour d'appel de Paris a ordonné, mercredi, la remise en liberté sous contrôle judiciaire de l'intermédiaire franco-algérien Alexandre Djouhri, revenant sur une précédente décision qui le maintenait en détention.

L'homme d'affaires devra toutefois se soumettre à des obligations rigoureuses.

- Restrictions et surveillance

Outre l'interdiction formelle de quitter la région Île-de-France, Alexandre Djouhri se voit interdire toute activité d'intermédiation économique.

Il est également astreint à une assignation à résidence stricte : il a l'interdiction de s'absenter de son domicile en région parisienne entre 8 heures et 20 heures. Il devra par ailleurs remettre ses deux passeports, français et algérien, à la justice et pointer une fois par semaine à la gendarmerie. Tout contact avec ses coprévenus est proscrit, affirme BFMTV.

- Risque de fuite

Cette remise en liberté s'est jouée dans un climat de défiance. Le parquet général s'était opposé à sa sortie de prison, pointant le risque de fuite à l'étranger.

L'accusation avait spécifiquement mis en avant sa double nationalité et le risque d'un départ vers l'Algérie.

Cette décision marque un revirement judiciaire pour l'homme d'affaires. La semaine dernière encore, la justice avait rejeté sa demande, suivant les réquisitions du parquet général qui s'inquiétait d'un « risque de fuite à l'étranger ». Son avocat, Charles Consigny, avait alors dénoncé une décision « insupportable » et discriminatoire, estimant que son client était pénalisé en raison de sa « binationalité franco-algérienne ».

- Condamnation et appel

Alexandre Djouhri avait été condamné le 25 septembre dernier à six ans d'emprisonnement, assortis d'un mandat de dépôt (incarcération immédiate), et à trois millions d'euros d'amende. Le tribunal l'avait reconnu coupable de son rôle central dans des montages financiers complexes impliquant d'anciens dignitaires du régime libyen de Mouammar Kadhafi.

L'intermédiaire, réputé proche de l'entourage de l'ancien président Nicolas Sarkozy, a fait appel de cette condamnation. Il comparaîtra donc en liberté lors de son second procès.

- Une affaire complexe et étendue

Ce dossier trouve son origine dans les accusations du clan Kadhafi après la rupture entre Paris et Tripoli en 2011.

En 2012, Mediapart publiait un document attribué aux services libyens faisant état d’un accord de financement à hauteur de 50 millions d’euros.

Dès 2011, Saïf al-Islam Kadhafi affirmait publiquement que « Sarkozy devait rendre l’argent ». En 2018, dans un reportage de France 2, l’ancien interprète de Mouammar Kadhafi, Moftah Missouri, affirmait lui aussi que le dirigeant libyen avait aidé Nicolas Sarkozy en lui fournissant de l’argent pour sa campagne.

Ces propos étaient corroborés par Béchir Saleh, ancien directeur de cabinet de Kadhafi, également condamné à 5 ans de prison, filmé en caméra cachée, qui reconnaissait l’existence d’un « budget spécial » destiné à soutenir des personnalités étrangères.

L'affaire a été récemment marquée par le décès, à la veille du délibéré de première instance, de Ziad Takieddine. Autre figure clé du dossier, Takieddine avait d'abord accusé l'ancien président français avant de se rétracter spectaculairement en 2020. Une enquête ultérieure a établi que cette rétractation avait été monnayée.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.