AA / Jérusalem / Faruk Hanedar, Muhammed Kilic et Ikram Kouachi

L’activiste israélien des droits humains, Ofer Neiman, affirme que le Premier ministre Benyamin Netanyahu est confronté à des problèmes politiques internes en raison des affaires de corruption en cours et de l’opposition croissante. Pour regagner du soutien politique, il mise sur sa brutalité à Gaza.

Interrogé par Anadolu, Neiman déclare : « Le véritable objectif des attaques israéliennes en cours et du génocide est d’expulser les Palestiniens de Gaza. »

Dans la matinée du mardi, Israël a repris sa guerre contre Gaza, abandonnant un accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers avec le Hamas qui avait duré 58 jours depuis le 19 janvier 2025. Cet accord avait été négocié par le Qatar et l’Égypte avec le soutien des États-Unis.

Des responsables politiques et sécuritaires israéliens de haut rang ont de nouveau menacé que les attaques actuelles seraient encore plus sévères que les précédentes.

• Problèmes politiques

Neiman a souligné que Netanyahu est en difficulté sur le plan politique en raison des affaires de corruption en cours et de l’opposition croissante.

« Netanyahu tente d’éliminer les hauts responsables qui ne sont pas d’accord avec lui, tout en cherchant à échapper à sa responsabilité pour les crimes de guerre qu’il a commis et pour lesquels la Cour pénale internationale (CPI) le poursuit, » a-t-il déclaré.

La dernière mesure visant à évincer des responsables a été prise tôt vendredi, lorsque le gouvernement Netanyahu a décidé de mettre fin au mandat du chef du Shin Bet, Ronen Bar, d'ici le 10 avril, sauf si un remplaçant permanent est nommé avant cette date.

Le 21 novembre 2024, la CPI a émis un mandat d’arrêt contre Netanyahu et l'ancien ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis contre les Palestiniens à Gaza.

Neiman a noté que « l’accord de cessez-le-feu a été un échec politique pour Netanyahu, car il l’a contraint à arrêter le génocide et à libérer des prisonniers palestiniens. »

Il a expliqué que pour passer à la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers, il faudrait libérer davantage de détenus palestiniens et procéder à un retrait complet d’Israël de Gaza. Cependant, Netanyahu « préfère l’escalade à la désescalade. »

Neiman a également précisé que Netanyahu bénéficie du soutien du président américain Donald Trump, qui lui a donné « le feu vert pour poursuivre le génocide. »

Depuis 16 mois, le Hamas est engagé dans des négociations avec Israël, médiées par le Qatar, l’Égypte et les États-Unis. Cependant, ces négociations n'ont pas permis d'obtenir la libération de tous les captifs israéliens à Gaza ni de mettre fin à la guerre, car Israël a constamment violé les accords, et Netanyahu est revenu sur ses engagements.

La dernière violation israélienne a été la reprise de la guerre contre Gaza tôt mardi, brisant ainsi l’accord de cessez-le-feu. Cette décision a été suivie par une annonce de Tel Aviv annonçant le lancement des opérations terrestres à Gaza, ramenant ainsi la situation à son état antérieur.

• « Israël a tué ses propres captifs à Gaza »

L’activiste israélien a souligné que de nombreux captifs israéliens à Gaza ont été tués par les bombardements israéliens entre octobre 2023, date à laquelle Israël a lancé sa guerre contre Gaza, et janvier 2025.

« Une grande partie de la société israélienne ne se soucie en réalité pas de ses captifs à Gaza, » a ajouté Neiman.

Il a affirmé : « Je crois que le véritable objectif de ces attaques est d’éliminer Gaza et d’y effectuer un nettoyage ethnique. »

Neiman a souligné que « l’accord de cessez-le-feu conclu en janvier a été imposé au Premier ministre israélien, » ajoutant que Netanyahu « mise sur une brutalité renouvelée à Gaza pour obtenir un soutien politique. »

Tel-Aviv estime que 59 captifs israéliens restent détenus à Gaza, dont 24 sont encore vivants. Pendant ce temps, plus de 9 500 Palestiniens sont emprisonnés dans des prisons israéliennes dans des conditions sévères, incluant la torture, la privation de nourriture et la négligence médicale, entraînant la mort de nombreux détenus, selon des rapports palestiniens et israéliens sur les droits humains.

• « L’objectif principal est de déplacer les Palestiniens »

Neiman a affirmé que l’objectif principal est « d’expulser les Palestiniens de Gaza, » déclarant : « Ils essaient de les envoyer au Soudan, en Somalie ou au Somaliland. C’est le plan, mais en même temps, un génocide planifié est en cours. »

Il a souligné que « Netanyahu n’est pas le seul responsable, car de nombreux Israéliens soutiennent ce génocide. »

Neiman a averti : « Si le monde n’intervient pas pour arrêter ce génocide, la persécution continuera. Il est probable que cette situation s’aggrave et touche d’autres parties de la région, voire d’autres régions du monde. »

Depuis le 25 janvier, le président américain Donald Trump promeut un plan visant à déplacer de force les Palestiniens de Gaza vers des pays voisins comme l’Égypte et la Jordanie. Cependant, les deux pays ont rejeté cette proposition, tout comme d’autres nations arabes et européennes, ainsi que des organisations régionales et internationales.

Depuis la reprise de la guerre contre Gaza mardi matin, Israël a tué plus de 700 Palestiniens et en a blessé plus de 900, dont la majorité sont des femmes et des enfants, selon les chiffres officiels du gouvernement de Gaza.

Depuis octobre 2023, près de 50 000 Palestiniens ont été tués, principalement des femmes et des enfants, et plus de 112 000 ont été blessés dans une offensive militaire israélienne brutale contre Gaza.

* Traduit de l’Anglais par Adama Bamba