Accord UE-Mercosur : la France entend protéger ses agriculteurs
- « Nous voulons soutenir nos agriculteurs et c'est pourquoi la France ne signera pas un accord qui les condamnerait à terme », déclare la ministre française de l'Agriculture
Istanbul
AA / Istanbul / Ben Amed Azize Zougmore
La ministre française de l’agriculture a déclaré dimanche, dans le Journal de Dimanche (JDD), que la France ne "signera pas un accord" qui "condamnerait" ses agriculteurs.
Interrogée sur le projet d’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, dont Emmanuel Macron s’était montré « plutôt positif » lors de son déplacement à Belém, au Brésil, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a été exigeante, assurant que la France ne "signera pas un accord" qui "condamnerait" ses agriculteurs.
« Nous voulons soutenir nos agriculteurs et c'est pourquoi la France ne signera pas un accord qui les condamnerait à terme », a-t-elle déclaré, reconnaissant “une inquiétude profonde et légitime” de la part des agriculteurs.
Rassurant que président s’était dit « plutôt positif » car “notre travail commence à payer, mais aussi vigilant car l’accord n’est pas acceptable sans nos conditions”, la ministre rappelle les “lignes rouges” de la France qui s’articulent principalement autour de trois points majeurs. Il s'agit notamment d’« une clause de sauvegarde agricole spécifique » dont l’idée serait de « pouvoir enclencher un frein d'urgence si, par exemple, la filière est menacée par une chute massive de prix liée à un afflux des denrées importées », de « mesures miroir » qui auront pour objectif d’empêcher l'importation en Europe de produits agricoles moins-disants que les normes européennes sanitaires et environnementales.
Enfin, la ministre mentionne “un renforcement des contrôles sanitaires” comme dernière ligne rouge défendue par la France.
L’accord UE-Mercosur, conclu en 2019 après vingt ans de négociations entre Bruxelles et les pays d’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), vise à créer la plus grande zone de libre-échange du monde. Son adoption est toutefois freinée par les réticences de plusieurs États membres, notamment la France, qui redoutent une concurrence accrue pour les producteurs européens et dénoncent l’insuffisance des garanties environnementales.
Malgré les assurances de Bruxelles, l’opposition demeure vive dans l’Hexagone, où près de 80 % des agriculteurs estiment que cet accord menace leur survie économique.
Le gouvernement français réclame depuis plusieurs années l’intégration de « clauses miroirs » imposant aux produits importés le respect des mêmes normes que celles appliquées dans l’UE, en particulier en matière de sécurité alimentaire, d’environnement et de bien-être animal.
