Monde

Abou Yaâreb Marzouki : Brûler le Coran est un acte "populiste" qui reflète une peur de l'Islam (interview)

- Le professeur et penseur tunisien de renom Abou Yaâreb Marzouki, à Anadolu : L'Occident a peur de la puissance de l'islam et de la tendance des élites occidentales à se tourner vers cette religion

Adel Bin Ibrahim Bin Elhady Elthabti  | 25.01.2023 - Mıse À Jour : 26.01.2023
Abou Yaâreb Marzouki : Brûler le Coran est un acte "populiste" qui reflète une peur de l'Islam (interview)

Tunisia

AA / Tunisie / Adel Thebti

Le professeur tunisien Abou Yaâreb Marzouki a déclaré que l'incident relatif à l'autodafé du Saint Coran en Suède reflète une posture "populiste" et une preuve de l'influence de l'Islam en Occident, et de la crainte des Occidentaux de sa propagation.

Dans une interview accordée à Anadolu, le philosophe Abou Yaâreb Marzouki a déclaré que l'Occident craint "le pouvoir de l'islam et la tendance des élites occidentales à embrasser cette religion."

Concernant la Türkiye, Marzouki a fait l'éloge de ses positions équilibrées entre l'Orient et l'Occident, déclarant : "La Türkiye est un pays important pour l'Occident en raison des bonnes relations qu'elle entretient avec de nombreuses parties, même celles en conflit, en particulier du fait de ses bonnes relations avec les États-Unis et avec la Russie."

Samedi, le chef du parti danois d'extrême droite "ligne dure", Rasmus Paludan, a brûlé un exemplaire du Saint Coran près de l'ambassade de Türkiye à Stockholm, sous une stricte protection policière.

L'autodafé du Coran a été largement condamné dans le monde islamique et a fait l'objet de critiques de la part de plusieurs pays, dont la Türkiye, qui a été le théâtre de manifestations populaires condamnant l'incident.


** L'islam est influent

Selon Marzouki : "L'autodafé du Coran est la preuve que l'islam est devenu influent en Occident, et qu'ils (les Occidentaux) en ont désormais très peur et ont peur du pouvoir de l'islam et de la tendance des élites occidentales à se tourner vers cette religion."

"Cette position est populiste, c'est la position des masses en Occident, pas la position des vrais savants et penseurs, et c'est un signe de santé et de force, pas de faiblesse", a-t-il ajouté.

Et d'affirmer que la réponse à cette provocation "doit être empreinte de sagesse et ne pas être violente, en faisant la distinction entre les élites européennes qui comprennent la valeur de l'Islam et les masses populaires qui ne la comprennent pas, tout comme nos masses populaires ne comprennent pas la valeur d’autres religions."

Marzouki a déclaré que "porter atteinte au sacré est une preuve d'arriération, ils (en Occident) ont éliminé plusieurs sectes chrétiennes, ne laissant au départ que le catholicisme, puis le protestantisme, puis l'orthodoxie, et ont balayé les autres ".

"Ils croient en l'unité de la religion, et nous (les musulmans) croyons en l'unité de la religion dans l'au-delà, mais dans ce monde, il y a de nombreuses religions et l'État islamique est tenu de protéger toutes les religions", a-t-il expliqué.


** L'Occident a besoin de la Türkiye

En ce qui concerne les réactions à l'autodafé du Coran, Marzouki a salué la politique équilibrée d'Ankara, affirmant que "c'est une occasion pour la Türkiye de renforcer son rôle vis-à-vis de l'Orient et de l'Occident."

Il a déclaré qu'Ankara "est à la fois amie de la Russie et amie des États-Unis. La Russie ne peut pas se passer de la Türkiye, et les États-Unis ne veulent pas non plus se passer de la Türkiye."

Et de poursuivre : "Celle qui souhaiterait écarter la Türkiye, c'est la France, qui n'a pour ainsi dire plus de poids (sur la scène internationale)".

Pour illustrer l'importance du poids de la Türkiye dans le monde occidental, Marzouki a déclaré : "Si l'Allemagne devait choisir entre la France et la Türkiye, elle choisirait la Türkiye, et c'est ce qui s'est passé autrefois lors de la Première Guerre mondiale, à l'époque du califat."


** Professeur Abou Yaâreb Marzouki

Le professeur Abou Yaâreb Marzouki est un philosophe tunisien né en 1947 dans la ville de Menzel Bourguiba (Nord). Il est titulaire d'un doctorat de l'université française de la Sorbonne et spécialisé en philosophie grecque, allemande et islamique.

Marzouki a enseigné la philosophie dans les universités tunisiennes de 1980 à 2002 et de 2005 à 2007. Il a également été professeur de philosophie à l'Université islamique de Kuala Lumpur en Malaisie de 2002 à 2005.

Après la révolution du 14 janvier 2011, Marzouki a été élu à l'Assemblée nationale constituante (parlement transitoire).


*Traduit de l’Arabe par Mourad Belhaj

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.