2015, une mauvaise année pour Bachar al-Assad et Daech en Syrie
L'année aura été marquée par l'avancée du PYD dans le nord et l'irruption de la Russie dans le conflit syrien.

Ankara
AA - Ankara - Tuncay Çakmak
L’année 2015 aura été le théâtre de nombreuses évolutions dans le conflit interne en Syrie qui entre dans sa cinquième année.
Dans les affrontements entre l’organisation terroriste Daech et le PYD, branche syrienne de l’organisation terroriste PKK agissant en Turquie, le PYD a pris le contrôle de plusieurs points stratégiques grâce au soutien des frappes américaines.
Les forces du régime, quant à elles, ont reculé devant l’avancée de l’opposition à Bachar al-Assad.
Parallèlement, les présences russes et iraniennes, venant au secours du régime, se sont renforcées en Syrie.
Les plus grandes pertes des troupes du régime de Damas ont été vécues lors de la prise du contrôle d’Idlib par l’Armée de Conquête (union des forces de l’opposition) et de son avancée vers Lattaquié, fief du régime dans le nord-ouest de la Syrie.
Les prises de Palmyr, Mahin et ses alentours par Daech, contrôlant ainsi les aires de production de pétrole et de gaz autour de Homs, sont aussi des évènements majeurs de cette année en Syrie.
Dans le nord du pays, c’est le PYD qui aura élargi son champ de contrôle, gagnant du terrain sur Daech, grâce aux frappes américaines.
Dès la fin du mois de janvier, le PYD a repris le contrôle de Kobané (Ayn al Arab) et a pu s’étendre jusque Tell Abyad, que l’organisation aura pris des mains de Daech en juin. Quatre mois plus tard, le PYD a proclamé que Tell Abyad était son nouveau «canton».
En presque sept mois, le PYD a pris le contrôle de près de 2000km2, se rapprochant de Rakka, fief de Daech en Syrie.
En 2015, le territoire contrôlé par le PYD aura quasiment triplé alors que Daech a perdu 14% des terres qu’il dirigeait.
Le nombre de soldats iraniens impliqués auprès du régime de Bachar al-Assad a nettement augmenté aussi durant cette année, approche un total de 10 000 hommes selon certaines estimations.
Par ailleurs, la Russie, sous couvert de lutte contre Daech, s’est directement impliquée dans le conflit syrien, en réalisant ses premières frappes aériennes le 30 septembre dernier.
Cependant, de nombreux observateurs étrangers et de nombreux rapports internationaux ont démontré que les interventions russes visent essentiellement l’opposition syrienne, et que Daech est très peu visé.
De nombreux civils ont péri sous les bombes russes, notamment dans le Mont Turkmène, région où se concentrent les frappes russes.
Contrairement à l’objectif annoncé, l’intervention russe a permis à Daech d’avancer sur de nombreux fronts.
Malgré les soutiens iraniens et russes, les forces du régime n’ont pas su avancer ni contre Daech ni contre les groupes de l’opposition modérée.
Alors que sur le terrain la situation évolue ainsi, les négociations autour de la table se sont renforcées en 2015.
Après des pourparlers antérieurs à Genève, de nouvelles discussions ont eu lieu à Vienne, où un plan d’action a été défini pour une période de transition et un cessez-le-feu en Syrie.
Enfin, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté une résolution validant les conclusions de ces pourparlers pour débuter officiellement la période de transition.
De leur côté, les opposants, souvent décriés par la communauté internationale car trop dispersés, ont trouvé un accord à Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite, pour former une commission qui va mener les négociations avec le régime de Damas.