1er Mai : Une journée de mémoire et de mobilisation née à Chicago
- Il y a 139 ans, une mobilisation des syndicats de travailleurs américains pour la journée de huit heures posait les fondements du 1er mai, devenu depuis un symbole international de lutte ouvrière.

United States
AA / Chicago / Ayse Betül Akçeşme
Le 1er mai, célébré comme la Fête du Travail, est bien plus qu’un simple jour férié. Partout dans le monde, il représente un moment de reconnaissance des droits acquis par les travailleurs, mais aussi une journée de mobilisation pour ceux qui restent à conquérir.
À l’origine de cette date emblématique, une page marquante de l’histoire sociale s’est écrite aux États-Unis à la fin du XIXe siècle.
Tout commence en 1884, lorsque les syndicats de travailleurs américains, lors de leur congrès, fixent un délais de deux ans pour contraindre les employeurs à accepter la journée de huit heures. Le 1er mai 1886 marque un tournant décisif dans l'histoire des droits des travailleurs lorsque 200 000 travailleurs parviennent à obtenir cette durée de travail.
Cependant, cette victoire a un goût amer car 340 000 ouvriers n’ont pas acquis le même droit.
Le 3 mai, à Chicago, une manifestation près de l’usine McCormick Harvester dégénère : trois grévistes sont tués. Le lendemain, lors d’un rassemblement de protestation sur la place Haymarket, une bombe explose en pleine foule. Une quinzaine de policiers perdent la vie. L’attentat est attribué à “des anarchistes” ; cinq d’entre eux sont condamnés à mort et exécutés malgré l’absence de preuves solides. Ils seront réhabilités plusieurs années plus tard.
Ce drame laisse une empreinte profonde, tant dans la mémoire collective que dans l’histoire des droits sociaux. Il fait de la lutte pour la journée de huit heures un symbole mondial de résistance ouvrière.
— La naissance d’une journée internationale
Trois ans après la tragédie de Chicago, en 1889, la IIe Internationale socialiste se réunit à Paris et adopte la revendication de la journée de huit heures comme objectif à atteindre. Ce mouvement est amplifié par le congrès de la Fédération américaine du travail, qui avait déjà choisi le 1er mai comme date symbolique pour débuter sa campagne en 1884.
Trois ans après les événements de Chicago, en 1889, la IIe Internationale socialiste réunie à Paris adopte officiellement le 1er mai comme journée de mobilisation internationale. Elle reprend la revendication des huit heures de travail comme revendication centrale. Le choix de cette date fait écho à la décision de la Fédération américaine du travail qui, dès 1884, avait désigné le 1er mai pour lancer sa campagne.
Dès 1890, des cortèges s’organisent dans plusieurs pays. Les manifestants portent un triangle rouge à la boutonnière, symbole de l’équilibre souhaité entre travail, repos et loisirs. Ce geste devient l’un des emblèmes de la solidarité ouvrière internationale.
Au fil du temps, la journée du 1er mai s’est élargie à d’autres revendications : salaires, conditions de travail, justice sociale, défense des droits syndicaux. Partout dans le monde, elle reste aujourd’hui une journée de rassemblements, parfois de mobilisation, souvent de mémoire, rappelant que les acquis sociaux ont été le fruit de luttes souvent longues et douloureuses.
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