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«On en a assez du racisme dans la police»: Issam El Khalfaoui, père de Souheil, tué en 2021 par un policier à Marseille

Feiza Ben Mohamed  | 07.07.2023 - Mıse À Jour : 08.07.2023
«On en a assez du racisme dans la police»: Issam El Khalfaoui, père de Souheil, tué en 2021 par un policier à Marseille Capture écran de la vidéo filmée par Anadolu

France

AA/Marseille/Feïza Ben Mohamed

Jeudi soir, 18 heures, au cœur de la cité Air-Bel, dans le XIème arrondissement de Marseille, 150 personnes sont réunies pour rendre hommage à Mohamed, tué 5 jours plus tôt par un tir de flash-ball.

Dans la foule, Issam El Khalfaoui, est venu soutenir les proches de la victime. Il y a presque 2 ans, ce père de famille perdait son fils Souheil, tué le 4 août 2021 par le tir d’un policier stagiaire, en marge d’un refus d’obtempérer.

Dans une interview à Anadolu, il est revenu sur les points d’ombre de l’enquête, et sur la situation plus globale en France.

« Mon fils a été tué dans les mêmes circonstances que Nahel sauf que la vidéosurveillance a disparu » pointe celui qui se bat depuis 2 ans pour obtenir justice pour son fils, avant d’évoquer une possible « manigance entre l’IGPN (inspection générale de la police nationale) et la Caisse d’Epargne » à qui appartient la caméra qui était positionnée à l’endroit où Souheil a été tué.

S’orientant naturellement vers le volet racial qui se cache derrière cette épineuse question des violences policières, Issam El Khalfaoui « en a assez du racisme dans la police ».

Il souligne qu’il « y a des rapports accablants de l’ONU » qui documentent ces faits alors que « le gouvernement les balaie de la main comme si ça n’existait pas ».

« Il y a quand même un ministre qui dit que le racisme (dans la police) n’existe pas alors qu’au même moment, le syndicat Alliance Police publiait un torchon raciste » poursuit le père de famille aujourd’hui engagé contre les violences policières estimant que « l’Etat Français a engendré un monstre qui lui échappe ».

Alors que la situation dans les quartiers populaires s’est littéralement embrasées ces derniers jours malgré un retour au calme depuis lundi, Issam El Khalfaoui note qu’il « manque du rêve dans les quartiers ».

« Il y a quelque chose qui m’a marqué pendant ces émeutes, c’est de lire sur les murs: « qu’est ce qu’on a à perdre à part une vie de m** » » poursuit le père de Souheil.

Pour lui « l’Etat ne permet pas aux enfants des quartiers de rêver à un avenir » et ne fait que mettre « des couches de peinture sur la saleté en permanence avec de fausses annonces et des plans ».

Le court rassemblement organisé en mémoire de Mohamed, a permis aux habitants d’échanger sur ces sujets qui les concernent.

La question de la vidéosurveillance évoquée par Issam El Khalfaoui, fait naturellement échos à la situation de la famille du livreur, tué samedi soir.

Dans une déclaration à Anadolu, Hassan, son cousin, élevé « avec lui comme un frère », fait savoir que les caméras de surveillance ont permis de retracer son parcours tout au long de la soirée mais qu’il aurait disparu des radars pendant 2 heures.

Si l’autopsie demandée par le procureur a établi que le père de famille, ressortissant algérien, a été touché par une balle de type flash-ball, la vidéosurveillance n’a, à ce stade rien donné.

« Comment c’est possible dans une ville comme Marseille avec autant de caméras, qu’on ne puisse pas savoir d’où est partie la balle et retrouver le policier qui a pu tirer ? » se demande le membre de sa famille qui précise que pendant 48 heures, l’hôpital s’est contenté de conclure à « une crise cardiaque » sans préciser par quoi elle avait pu être provoquée.

Arrivé d’Oran en 2017, et âgé de 27 ans, Mohamed sera enterré dans sa ville d’origine la semaine prochaine.

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