« Marche des drapeaux » à Jérusalem : Des colons agressent des Palestiniens à la porte de Damas
- Yair Golan a qualifié les scènes de la marche de « choquantes », déclarant : « Voilà à quoi ressemblent la haine, le racisme et l'intimidation »

Ramallah
AA / Jérusalem / Zein Khalil
Des colons israéliens ont agressé des Palestiniens à la porte de Damas, dans la vieille ville de Jérusalem occupée, lundi soir, lors d'une manifestation dans le cadre de la « Marche des drapeaux », sur fond de chants racistes à l'encontre des Arabes et d'affrontements entre les deux camps.
« La ‘Marche des drapeaux’ a atteint la vieille ville de Jérusalem et des centaines de jeunes hommes (colons) ont agressé des Arabes (Palestiniens) et des journalistes en scandant ‘Que votre village soit brûlé’. Seuls deux d'entre eux ont été arrêtés », a rapporté la radio de l'armée israélienne.
L'expression « Que votre village soit brûlé » est une injure raciste utilisée pour exprimer la haine et l'incitation contre les Palestiniens, dans des contextes nationalistes ou racistes extrémistes par les colons.
Pour sa part, le Yedioth Ahronoth a rapporté : « La marche est partie du centre-ville en direction du mur occidental (le mur des lamentations), en passant par les portes et les ruelles de la vieille ville. Des affrontements ont eu lieu à la porte de Damas entre Juifs et Arabes, où des participants juifs ont jeté des bouteilles d'eau ».
« Des chants nationalistes extrémistes tels que 'Mort aux Arabes' et 'Que votre village brûle' ont également été entendus », ajoute le journal.
Et de poursuivre : « Le commissaire de police israélien Danny Levy est arrivé sur les lieux et a déclaré 'Je n'ai pas entendu de chants racistes'. Au même moment, le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben-Gvir est arrivé sur les lieux ».
Des colons ont accroché des panneaux en carton sur des distributeurs automatiques de billets dans la vieille ville de Jérusalem, avec des phrases telles que « Appartenant à des juifs », « Propriété juive » et « S'il vous plaît, ne pas endommager », d'après la même source.
Commentant ces scènes, Yair Golan, chef du parti israélien Les Démocrates, a déclaré sur son compte X : « Images choquantes de la marche des drapeaux. Ce n'est pas cela l'amour de Jérusalem. Voilà à quoi ressemblent la haine, le racisme et l'intimidation ».
Golan a récemment été accusé de trahison par des cercles de droite après avoir déclaré qu' « un État sain ne fait pas la guerre à des civils, ne fait pas de l'assassinat d'enfants une activité ludique et ne poursuit pas une politique de déplacement de population ».
Le chef du parti Les Démocrates s'en est ensuite pris au gouvernement de Benyamin Netanyahu : « Ce n'est pas notre religion juive et ce n'est pas le sionisme auquel nous croyons. C'est le fait d'un gouvernement qui n'est ni sioniste ni juif, qui incite à la haine et la propage ».
Des milliers de colons participent à la « marche des drapeaux », qui prend son départ à Jérusalem-Ouest et s'arrête à la porte de Damas, l'une des portes de la vieille ville de Jérusalem, où a lieu la « danse des drapeaux, » généralement accompagnée de chants racistes, avant de se poursuivre jusqu'au Mur occidental.
Pour sa part, le chef de l'opposition israélienne, Yair Lapid, a déclaré sur Twitter : « Le festival de la haine et du racisme, au cours duquel des jeunes juifs attaquent des quartiers arabes, est devenu une tradition lors de la Journée de Jérusalem dans la vieille ville. »
« C'est une honte et une insulte au judaïsme. Il n'y a rien de juif dans cette violence. Les ministres du gouvernement qui restent silencieux face à ces événements sont complices de cette honte », a-t-il poursuivi.
Les Israéliens célèbrent le « Jour de Jérusalem » (le 28 du huitième mois selon le calendrier hébraïque), qui commémore l'occupation de Jérusalem-Est en 1967 et l'annexion de la partie occidentale de la ville.
Quelques heures plus tôt, le ministre israélien de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, accompagné de responsables et de quelque 2 092 colons israéliens, avait pris d'assaut l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa, selon le Waqf islamique de Jérusalem.
Parmi les intrus se trouvaient le ministre du Néguev et de la Galilée, Yitzhak Wasserlauf, et le membre de la Knesset Yitzhak Kroizer, qui y a hissé le drapeau israélien.
Les Palestiniens affirment qu'Israël œuvre intensément à judaïser Jérusalem-Est, y compris la mosquée Al-Aqsa, et à lui retirer son identité arabe et islamique.
Les Palestiniens exigent que Jérusalem-Est soit la capitale de leur futur État, sur la base de résolutions internationales qui ne reconnaissent pas l'occupation de la ville par Israël en 1967 ni son annexion en 1981.
Depuis 2003, la police israélienne autorise les colons à pénétrer dans la mosquée par le pont des Maghrébins, situé dans le mur occidental de la mosquée, les incursions augmentant considérablement pendant les fêtes juives et à d'autres occasions.
Le département du Waqf islamique de Jérusalem, affilié au ministre jordanien des Awqaf et des affaires islamiques, exige la fin des incursions, mais les autorités israéliennes restent sourdes à cette demande.
Israël mène depuis le 7 octobre 2023 une guerre génocidaire à Gaza, caractérisée par le meurtre, la famine, la destruction et le déplacement forcé, faisant fi de tous les appels internationaux et des injonctions de la Cour internationale de justice à y mettre un terme.
Ce génocide, soutenu par les États-Unis, a fait quelque 177 000 victimes palestiniennes (morts et blessés), dont une majorité de femmes et d'enfants, et plus de 11 000 disparus. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées et beaucoup ont été tuées par la famine, notamment des enfants.
Parallèlement au génocide de Gaza, l'armée israélienne et les colons ont intensifié leurs attaques en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, causant la mort d'au moins 969 Palestiniens, blessant environ 7 000 personnes, avec plus de 17 000 arrestations, selon les données palestiniennes.
Israël occupe depuis des décennies des territoires en Palestine, en Syrie et au Liban, et refuse de s'en retirer et d'établir un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale, dans les limites des frontières d'avant 1967.
*Traduit de l’Arabe par Mourad Belhaj
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