Liban: Incendie d'un camp de réfugiés syriens
-Selon les témoignages recueillis par l'agence Anadolu auprès de certains réfugiés syriens, de jeunes libanais auraient mis le feu à leur camp à la suite d'une altercation les opposant à des travailleurs syriens.

Lebanon
AA/Beyrouth
Le camp de réfugiés syriens de Bhannine, dans la région de Minieh, au nord du Liban, a été incendié, dans la nuit de samedi à dimanche. Les cents vingt familles qui y habitaient ont dû évacuer la zone en urgence, alors que le feu continuait de ravager au moins 90 tentes.
Selon les témoignages recueillis par l'agence Anadolu auprès de certains réfugiés, le drame a eu lieu à la suite d'une altercation opposant des membres d'une famille libanaise locale à des travailleurs syriens.
L’agence nationale d’information (ANI) a rapporté qu'un différend a été déclenché entre un membre d'un puissant clan du Nord du Liban, El-Mir, et des travailleurs syriens de Minieh, donnant lieu à des accrochages violents et entraînant des blessés dans les deux camps.
La même source a indiqué que des membres du clan précité auraient mis le feu à certaines tentes des réfugiés. Des unités de la police et de l'armée ont été déployées sur les lieux pour rétablir le calme tandis que la Défense civile tentait de maîtriser le sinistre.
Le correspondant de l'Agence Anadolu sur place, citant certains réfugiés syriens, a fait savoir que le feu a ravagé 90 tentes. Environ 120 familles qui y habitaient ont dû évacuer la zone.
"Samedi, vers 19h, un différend a été déclenché entre la famille libanaise locale d'El-Mir et une autre syrienne du camp des réfugiés de Minieh. Des jeunes de la famille libanaise ont incendié le camp obligeant 100 à 150 familles à évacuer la zone", a déclaré Ahmed Al Ezzi, réfugié du camp.
"Je ne sais pas ce qui s'est passé réellement. Je vivais avec mes filles dans ce camp lorsque des coups de feu ont retenti subitement. L'incendie a commencé à ravager nos tentes. Nous avons quitté notre abri sans prendre nos affaires et nous avons passé la nuit chez des personnes qui ont accueilli cinq familles syriennes", a ajouté Soumaya Kheder (réfugiée syrienne).
Pour sa part, Amsha Hassan Hamada a affirmé à Anadolu qu'elle avait passé la nuit avec ses huit enfants dans la rue.
"Au moins 100 familles syriennes composées de 5 et 4 membres se sont trouvées sans foyer. Chaque père de famille a perdu 15 millions de livres libanaises (10 mille dollars) entre coût d'affaires, habits, denrées alimentaires et économies", a ajouté Ahmed Abed, un autre réfugié du camp.
A noter que l'ONU affirme que la crise en Syrie a entraîné jusqu'à présent un afflux d’au moins 1 million de réfugiés syriens au Liban, tandis que les autorités libanaises estiment leur nombre à 1,5 million.
Il y a quelques semaines, l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme avait mis en garde les autorités libanaises contre les représailles visant des réfugiés syriens à la suite du meurtre d'un citoyen libanais par un réfugié syrien.
La victime est un jeune libanais prénommé Joseph Tok. Il a été tué par balles dans la région des Cèdres par un ouvrier de nationalité syrienne.
Ces événements avaient suscité la réaction de plusieurs politiciens et activistes libanais dont le président du parti des forces libanaises, Samir Geagea, qui avait appelé au calme priant les habitants de ne pas se laisser entraîner dans des actes illégaux.
Geagea avait mis l'accent sur la dangerosité de ce crime qui dévoile que les réfugiés syriens vivant dans le district de Bécharré sont en possession d'armes.
*Traduit de l'arabe par Wejden Jlassi