« Il n’y a pas de génocide dans le nord du Nigeria » : le chef de l’UA réagit aux propos de Trump
- Mahmoud Ali Youssouf rappelle que les premières victimes de Boko Haram sont des musulmans et met en garde contre une simplification du conflit
Nayrobi
AA / Nairobi / Andrew Wasike
Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) a rejeté les affirmations du président américain Donald Trump selon lesquelles des chrétiens seraient victimes d’un génocide dans le nord du Nigeria, affirmant devant un forum de l’ONU à New York que de telles affirmations déforment une crise sécuritaire beaucoup plus complexe.
S’exprimant aux côtés du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, jeudi, Mahmoud Ali Youssouf a souligné que l’UA avait déjà clarifié sa position et a appelé à la prudence dans le choix des mots pour décrire les conflits qui secouent le continent.
« Il n’y a pas de génocide dans le nord du Nigeria », a déclaré Youssouf. « Nous avons publié un communiqué précisant que ce qui se passe dans le nord du Nigeria n’a rien à voir avec les atrocités observées au Soudan ou dans certaines régions de l’est de la RDC. »
Il a ajouté que la violence des groupes extrémistes dans le nord du Nigeria, largement alimentée par Boko Haram et la province ouest-africaine de Daech (ISWAP), touche aussi bien les musulmans que les chrétiens.
« La complexité de la situation dans le nord du Nigeria devrait nous inciter à réfléchir à deux fois avant de faire ou de déclarer de telles affirmations », a insisté Youssouf. « Les premières victimes de Boko Haram sont des musulmans, pas des chrétiens, je le dis avec des références documentées. »
Selon lui, l’UA est préoccupée par le fait que des récits simplifiés pourraient déformer les causes réelles de la violence, qui incluent le terrorisme, les déplacements de population et les conflits locaux liés aux terres et aux ressources.
Ces déclarations interviennent alors que le débat international s’intensifie à la suite des propos de Trump ce mois-ci, qui dénonçait des meurtres motivés par la religion dans le nord du Nigeria et évoquait la possibilité que les États-Unis envisagent des « options militaires » pour protéger les minorités chrétiennes.
Les propos de Trump avaient suscité une large controverse après qu’il ait affirmé que « très grand nombre » de chrétiens étaient massacrés au Nigeria.
Abuja a toujours rejeté ces accusations, affirmant que la violence dans les États du nord résulte du terrorisme et de réseaux criminels, et non d’une campagne visant un groupe religieux spécifique.
* Traduit de l'anglais par Adama Bamba
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